Pour mettre en place ce classement, nous avons tous tenté de répondre à une question : si nous avions à constituer une équipe pour la saison 2019, quel leader prendrions-nous ? Cette hiérarchie n’est donc pas un classement de la saison 2018. Bien sûr, notre top 50 portera à débat, comme le précédent. Au sein même de la rédaction, où la plupart d’entre nous ont passé plusieurs heures à définir leur hiérarchie, il y a eu des désaccords. Mais au terme de plusieurs tours de votes, voici notre verdict.
30e Dylan GROENEWEGEN
127 pts+ 16 places / 25 ans / Néerlandais / Lotto-JumboC’est aussi à ça que l’on reconnaît un grand sprinteur : il s’impose dans une équipe qui n’est pas construite uniquement autour de lui. Chez Lotto-Jumbo, Dylan Groenewegen doit composer avec des leaders qui prennent de la place. Primoz Roglic et Steven Kruijswijk, sur le dernier Tour de France, en sont de parfaits exemples. Mais le garçon a su se faire sa place. Un an après avoir levé les bras sur les Champs-Elysées, il a remporté deux étapes en juillet. Devenu l’un des coureurs les plus prolifiques du peloton, il ne lui reste qu’à franchir le cap qu’il espère sur les classiques.
29e Rohan DENNIS
127 ptsEntrée dans le top 50 / 28 ans / Australien / Bahrain-MeridaRohan Dennis fait une entrée fracassante dans le top 50, et cela paraît bien normal pour le nouveau champion du monde contre-la-montre. L’Australien a tout simplement été intraitable sur les chronos cette saison, en remportant sept, dont deux sur la Vuelta et un sur le Giro. Alors qu’il avait montré des talents de puncheur ces dernières saisons et aurait pu envisager une carrière sur les classiques vallonnées, Dennis a choisi de persévérer dans l’effort solitaire et bien lui en a pris. En fin d’année dernière, le garçon de 28 ans s’est engagé avec Bahrain-Merida, pour y faire briller son maillot irisé.
28e Gianni MOSCON
143 pts+ 2 places / 24 ans / Italien / SkyLe cas Moscon divise jusqu’à la rédaction de la Chronique du Vélo. En fond de classement pour certains, proche du top 10 pour d’autres, l’Italien suscite le débat. Indéniablement talentueux, capable de briller sur les pavés (5e de Paris-Roubaix en 2017) comme en montagne (3e du Tour de Lombardie en 2017), Moscon fait cependant parfois passer ses performances derrière ses frasques. Est-il réellement une valeur sûre pour une équipe, si à tout moment, il peut dégoupiller et frapper un coureur en pleine course, comme ce fut le cas sur le Tour 2018 ? L’Italien est capable du meilleur comme du pire. Alors 2019, bon ou mauvais millésime ?
27e Enric MAS
145 ptsEntrée dans le top 50 / 24 ans / Espagnol / Deceuninck - Quick StepOn le présentait comme un grand espoir depuis longtemps, mais son changement de dimension a été brutal. Il y a encore un an, il était une promesse. Désormais, il est un garçon qui a terminé deuxième de la Vuelta. Le produit de la formation Quick-Step, arrivé dans l’équipe réserve à 20 ans, devient de facto la meilleure carte de l’équipe belge sur les grands tours. S’il devra sans doute partager le statut de leader avec Bob Jungels, ces prochains mois, le Luxembourgeois n’a pas ses références. L’Espagnol pourrait donc bien être le coureur qu’attendait Patrick Lefevere pour briller ailleurs que sur les classiques et dans les sprints.
26e Dan MARTIN
151 pts- 8 places / 32 ans / Irlandais / UAE EmiratesDan Martin perd huit places par rapport à notre classement de l’an passé. La faute en grande partie à un transfert aux résultats longtemps mauvais et finalement mitigés, l’hiver dernier. Arrivé chez UAE Emirates avec le désir de connaître le podium du Tour, l’Irlandais a dû se contenter d’une étape à Mûr-de-Bretagne et d’une huitième place au général. Pour un garçon qui terminait un an plus tôt à la sixième place et qui compte deux monuments à son palmarès, c’est décevant. Encore un qui a mal supporté son départ de Quick-Step, pourrait-on dire.
25e Mikel LANDA
151 pts- 9 places / 29 ans / Espagnol / MovistarIl s’est mis lui-même dans une sacrée galère en allant chasser sur le territoire du duo Valverde-Quintana. Mais Landa, s’il a légèrement perdu de sa superbe, lui qui avait éclaboussé le Tour 2017 par sa facilité en montagne, a endossé le rôle de meilleur grimpeur de Movistar. Septième à Paris, il n’a pas encore donné la pleine mesure de son talent dans l’équipe espagnole. Mais il reste ce grimpeur imprévisible, difficilement gérable au sein d’un collectif – bien que Sky y soit à peu près parvenu – mais craint par tous les favoris. Un ovni parmi les candidats à la victoire sur trois semaines.
24e Bob JUNGELS
151 pts+ 11 places / 26 ans / Luxembourgeois / Deceuninck - Quick StepBob Jungels est le dernier représentant de la longue tradition du cyclisme luxembourgeois. On le connaissait homme de grands tours, avec ses deux top 10 sur le Tour d’Italie en 2016 et 2017. Désormais, il est aussi coureur de classiques, avec son super succès acquis avec la manière sur Liège-Bastogne-Liège l’an dernier. Le Luxembourgeois est désormais l’une des têtes d’affiche de la meilleure équipe du peloton, Quick-Step. La pression sur ses épaules augmente, et en 2019, il sera le leader de la formation belge sur le Giro. Face à une grande concurrence, Jungels aura tout à prouver.
23e Egan BERNAL
153 ptsEntrée dans le top 50 / 21 ans / Colombien / SkyOn savait que la Sky tenait une pépite. Mais on ne pouvait pas vraiment imaginer qu’il serait aussi fort aussi vite. A chaque fois que Bernal a pris le départ d’une course, en fait, il a impressionné les observateurs. L’apogée est arrivée sur le Tour de France, bien sûr, où il est devenu une pièce maîtresse du collectif Sky. Dans la hiérarchie, il est passé troisième, c’est à dire dernier homme à accompagner Froome et Thomas en montagne, grillant la politesse aux expérimentés Kwiatkowski et Poels. Ce n’est pas un hasard si l’équipe britannique lui a offert un contrat très longue durée – jusqu’en 2023.
22e Michael VALGREN
157 ptsEntrée dans le top 50 / 26 ans / Danois / Dimension DataAvec le Danois, c’est comme si chaque classique était l’occasion de faire mieux que la fois précédente. Valgren n’est pas vraiment un crack, il n’a jamais été présenté comme le futur patron des courses d’un jour, et pourtant, il s’est mis en 2018 à se créer un joli palmarès. Vainqueur du Het Nieuwsblad et surtout de l’Amstel Gold Race, quelques mois avant une attaque qui aurait pu causer quelques frayeurs aux favoris lors des Mondiaux, il est devenu un passe-partout précieux. Il fera le bonheur de Dimension Data en 2019, mais il y a de quoi être surpris qu’une très grosse écurie ne l’ait pas fait signer cet hiver.
21e Richie PORTE
158 pts- 6 places / 33 ans / Australien / Trek-SegafredoLes années se suivent et se ressemblent pour Richie Porte. Comme en 2017, l’Australien a abandonné ses rêves de maillot jaune à Paris sur la neuvième étape de la Grande Boucle. Le temps commence à presser pour celui qui a toujours eu de grandes ambitions sur le Tour de France. Bien qu’il ne soit jamais monté sur un podium d’un grand tour, l’Australien est pourtant toujours parmi les premiers favoris cités pour la victoire. Comme l’a dit son nouveau coéquipier chez Trek, Koen de Kort, « c’est maintenant ou jamais » pour Richie Porte.
LA MÉTHODE
Huit de nos rédacteurs ont établi une liste de 50 noms, qu'ils considéraient comme les meilleurs coureurs du peloton, sans avoir à les classer précisément. Nous avons conservé tous les coureurs cités au moins trois fois (56 au total) pour un deuxième tour. Il revenait alors à chacun de classer les 50 meilleurs coureurs parmi ces sélectionnés. Cinquante points allaient au premier, un au cinquantième, puis nous avons exclu, pour chaque coureur, le meilleur et le moins bon score pour livrer notre classement final.
En voyant la suite de votre classement, je fais partie de ces gens qui auraient placé Mohoric beaucoup plus haut au moins au milieu de la dizaine que nous venons de parcourir. J’ai l’intime conviction qu’il va mettre tout le monde d’accord cette saison. Ceci étant, j’ai bien conscience que les classements sont subjectifs et donc ne voyez pas ce commentaire comme critique mais comme un avis personnel.
C’est tout à fait normal, n’importe qui devant faire un classement en ferait un différent du nôtre. Au sein de la rédaction, certains ont d’ailleurs placé Mohoric à la place dont vous parlez. Mais justement, ce classement se veut une source de débats concernant le classement d’untel ou untel.
Pour le moment le plus gros choc pour moi c’est le classement de Porte. Pas souvenir d’un résultat en 2018 permettant de justifier pareille appréciation…
Mais à l’inverse y’a-t-il des raisons pour qu’il soit mieux classé que l’an dernier ? Il a disons, au mieux, stagné. Alors que d’autres progressent.
Richie Porte a gagné le Tour de Suisse en 2018 et terminé 3ème du Tour de Romandie, ce qui n’est pas rien. Sur la base de ces résultats et de ceux des saisons précédentes, il était logiquement cité parmi les favoris du Tour. Ce qu’il reste encore cette année.
On est d’accord là-dessus. Mais je ne crois pas qu’on attende de Richie Porte qu’il gagne une course d’une semaine – où la concurrence, hormis Quintana, était assez faible – et termine sur le podium d’une autre.
Si on regarde bien, il est d’ailleurs devant des coureurs qui ont fait une super saison : Valgren, Bernal, Jungels. Il est aussi devant un coureur comme Landa, présenté lui aussi comme un favori du Tour l’an passé et qui compte beaucoup plus de références que Porte sur trois semaines (un podium sur le Giro, une quatrième place sur le Tour, deux résultats que n’a jamais connu Porte).
Enfin, il faut aussi se poser la question de qui est devant lui. Vous le saurez très vite et vous pourrez me dire qui vous auriez placé derrière Porte parmi le top 20.
Je voulais évidemment dire qu’il est trop bien classé. Sa saison me paraît très en deçà des coureurs que vous avez classé derrière lui.
Honnêtement ses courses en Suisse n’ont marqué personne…
Ah mea culpa, j’avais mal interprété votre commentaire !
C’est marrant, j’ai compris à l’opposé le commentaire de Quef. À savoir que le choc était le trop bon classement de Porte. Comme quoi, c’est toujours très personnel ce type de classement, surtout entre la 50 et la 10e places. D’ailleurs, nous avons tous notre définition de “super saison” : Jungels a gagné un monument mais a traversé le reste de la saison dans un relatif anonymat (ok 11e du Tour), donnant même le sentiment d’avoir régressé sur les courses d’une semaine. Nous aurons tous un avis différent sur ce qui est le plus important à apprécier. Et encore, d’autres critères subjectifs viennent s’additionner : impression laissé par le coureur, élégance, typologies de courses qu’on préfère, souvenir tenace d’une course où il nous a particulièrement impressionné, du supporterisme, de la mauvaise foi parfois,…
Oups le temps que je poste, Quef a répondu.
Je suis d’accord sur toute la ligne !
Je ne comprends pas trop comment Mas peut-être derrière Landa. Une deuxième place et une étape sur la Vuelta, ça ne vaut pas mieux qu’une 7ème place sur le Tour ?
Sur la saison 2018, Mas a sans doute fait mieux que Landa. Mais ce Top 50 n’est pas le classement de 2018 – c’est toute la subtilité, que nous avons tenter d’expliquer en introduction. L’idée, c’est de savoir qui nous prendrions comme leader dans notre équipe. Et les références de Landa depuis plusieurs années pèsent. Il est à l’heure actuelle plus fiable que Mas, qui a été impressionnant sur la Vuelta mais qui doit confirmer.
Ah… J’étais passé un peu vite sur la “petite subtilité”, qui en réalité est fondamentale pour comprendre la logique du classement.
Et du coup je finis par comprendre le classement de Ritchie Porte… Il faut m’expliquer longtemps, désolé….
Pas de problème ! Expliquer le concept n’est pas toujours évident, et c’est quelque chose d’assez nouveau, donc c’est normal de devoir revenir dessus.
Ce n’est pas non plus ce que j’avais compris au départ, le classement paraît plus logique comme ça.
Petite coquille: Mas n’est pas chez Movistar ;)
Merci, c’est corrigé.