En deux mois, le garçon a changé de statut. Le discret danois de la saison dernière est devenu un acteur important du printemps, vainqueur au Het Nieuwsblad puis sur l’Amstel Gold Race. Oublié de la liste des outsiders jusque-là, il sera désormais surveillé, surtout à Liège ce dimanche, où il achèvera sa campagne de classiques.

La sélection, la pluie et les contrôles

Après l’Amstel, une pluie d’éloges s’est abattue sur un Michael Valgren pas vraiment préparé. « Quelqu’un m’a dit que j’étais peut-être le nouveau Philippe Gilbert, que je pouvais gagner partout, racontait-il à L’Equipe après la course. J’aimerais bien, mais je crois que je suis quelqu’un qui gagne peu, je sélectionne… » Et il le fait plutôt bien cette année, évitant de se disperser. Il a entamé son printemps au Nieuwsblad, mais a fait l’impasse par exemple sur A Travers la Flandre ou Paris-Roubaix, histoire d’arriver sur les ardennaises encore frais. « Après les Flandres (où il a terminé 4e, ndlr), je suis rentré chez moi, je me suis entraîné très fort, j’ai fait des sorties de sept heures tout seul sous la pluie pour être prêt ici (sur l’Amstel). Ça a marché. » Le Danois, quand il s’exprime, n’y va pas par quatre chemins. Il est clair, évite rarement les questions et répond de but en blanc.

Après sa victoire sur le sol néerlandais, certains lui ont parlé de la Flèche Wallonne, qui se tenait trois jours plus tard. « C’est la course que je déteste le plus », a-t-il lâché avec un sourire. Il ne l’avait jamais terminé jusqu’à cette année, où pour la première fois, non sans souffrir dans le Mur de Huy, il a rallié la ligne. Il n’a pas hésité non plus, dimanche dernier, à hausser le ton avec un chaperon de l’UCI qui le pressait pour aller au contrôle antidopage. Des contrôles, a-t-il expliqué, il en passe quasiment tous les jours, alors que la joie d’une telle victoire ne se présente pas chaque semaine. Mais ses récentes victoires font qu’en vue de la Doyenne, malgré tout, il sera au moins aussi surveillé que certains grands noms, qui l’ont sans doute sous-estimé déjà deux fois cette saison, et qui ne pourront pas se permettre une telle erreur de jugement sur un monument. Double vainqueur de Liège-Bastogne-Liège chez les espoirs, Valgren sera en terrain connu, au terme d’un printemps déjà réussi. La situation rêvée.

Reproduire le scénario à Liège

C’est en espérant faire le printemps qu’il est en train de faire qu’il avait d’ailleurs signé chez Astana, fin 2016. L’aventure avec Bjarne Riis, son modèle, était terminée faute de sponsors, et les Kazakhs promettaient de lui faire confiance. « Les trois dernières années (chez Tinkoff), j’ai surtout travaillé pour d’autres coureurs, désormais je veux voir si je suis un gagnant, si je suis assez bon », expliquait-il alors à Cyclingnews. Il a répondu présent, et s’est trouvé. Il y a quelques années, il ne savait pas encore quel type de coureur il était, n’excluait même pas la possibilité de se lancer à l’assaut des grands tours. Désormais, c’est clair pour tout le monde, il est un homme de classiques. Qui a appris de ses erreurs pour devenir un candidat sérieux lorsqu’il est au départ d’une course. En 2016 par exemple, il a avait terminé deuxième de l’Amstel. Il s’en est servi pour gagner cette année.

« J’étais heureux du résultat, mais je pensais aussi beaucoup à ce que j’aurais pu faire différemment, reconnaissait-il il y a un an pour Cyclingnews. Il y a une chose que je changerais si je le pouvais : je n’attendrais pas le sprint. » A l’époque, il avait terminé deuxième derrière Gasparotto, plus rapide que lui. Cette fois, il a donc anticipé et en arrivant avec Kreuziger, les rôles étaient inversés. Il avait endossé le costume du bourreau, l’homme le plus rapide qui n’allait laisser aucune chance à son adversaire. « Gagner de cette manière (en attaquant dans le final pour ne pas arriver au sprint, ndlr), cela devient ma signature », lâchait-il alors dans un sourire, pas peu fier de lui et rêvant déjà de Liège-Bastogne-Liège. Depuis plusieurs années, les favoris attendent la côte d’Ans pour se disputer la victoire au sprint. S’il le peut, Valgren devrait tenter quelque chose juste avant. Même si cette fois, tout le monde saura qu’il est très risqué de le laisser partir.

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