En ce début de saison, nous avons voulu nous lancer dans un projet qui nous trottait dans la tête depuis quelques temps : établir une hiérarchie du peloton actuel. Dans de nombreux sports collectifs, le football et les sports américains notamment, la chose est coutumière. ESPN a par exemple pris l’habitude d’établir chaque année, pour la NBA et la NFL, un top 50 voire un top 100. Dans le cyclisme, nous n’avons pas le souvenir d’être tombé sur un tel classement. Nous avons décidé de le faire nous-même. Le critère : qui aurions-nous pris dans notre “équipe type” au 1er janvier 2018 ? Bien sûr, notre top 50 portera à débat. Au sein même de la rédaction, où la plupart d’entre nous ont passé plusieurs heures à définir leur hiérarchie, il y a eu des désaccords. Mais au terme de plusieurs tours de votes, voici notre verdict.

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5. Michal KWIATKOWSKI 182 points / 27 ans / Polonais / Team Sky

Une machine à tout faire : voilà ce qu’est en train de devenir le Polonais. Son titre de champion du monde en 2014, à Ponferrada, était tombé comme un cheveu sur la soupe. Il était la confirmation que “Kwiatko” avait du talent plein les guibolles, mais on était encore très loin de ce qu’on a vu ces derniers mois. Celui qu’on prédestinait aux classiques a décroché son premier monument, et se met désormais à briller en lieutenant de grand luxe sur les grands tours. On pensait qu’il lui faudrait choisir, il montre qu’il n’en a pas besoin.

Au printemps, comme lorsqu’il courait chez les juniors, il a retrouvé son rival historique, Peter Sagan. Et comme à l’époque, déjà, il est le seul à lui faire perdre ses moyens. Le Slovaque est censé être plus rapide au sprint ? Il s’est incliné sur le GP E3, en 2016, et surtout sur Milan-Sanremo, l’an passé. Vraisemblablement pas exploité à 100 % chez Quick-Step, Kwiatkowski donne enfin la pleine mesure de son talent chez Sky. Pour étendre chaque année son champ d’action.

4. Greg VAN AVERMAET 184 points / 32 ans / Belge / BMC Racing Team

Il ne faut plus parler de perdant magnifique ou même d’un habitué aux deuxièmes places. Greg Van Avermaet est désormais le patron des flandriennes, rien que ça. Oui, le Tour des Flandres continue de se refuser à lui, mais c’est peut-être le sens de l’histoire, et s’il arrive un jour à remporter ce Ronde, l’émotion n’en sera que plus belle. Pour le moment, le Flamand n’a pas besoin de ça pour asseoir sa domination sur les pavés. Avec la fin de l’ère Boonen-Cancellara, on se demandait qui empêcherait Sagan de tout rafler. On a trouvé.

Alors “GVA” a mis le temps, comme un peu pour tout. Mais c’est bon, le voilà avec un monument dans l’escarcelle : Paris-Roubaix. Numéro un mondial l’an passé, pour la première fois, il a pu garder le sourire d’un bout à l’autre de la saison. Il a sûrement fait tomber des barrières mentales. Tout avait semblé commencer avec son titre olympique, il y a un an et demi, mais sa razzia du printemps lui a donné plus de poids, de confiance. Il est l’un des patrons du peloton.

3. Vincenzo NIBALI 185 points / 33 ans / Italien / Bahrain-Merida

Chaque fois qu’on le dit condamné au deuxième rideau, le Squale revient nous mordre les mollets. Non, Vincenzo Nibali n’a pas encore mis ses meilleures années derrière lui, et il s’attache à le montrer chaque année. On avait des doutes quant à son transfert chez Bahrain-Merida, il les a tous balayé d’un revers de main. Troisième du Giro, c’était frustrant, surtout pour la centième. Mais l’Italien a vite retrouvé son rang, vainqueur du Tour de Lombardie et peut-être bientôt de la Vuelta.

Son panache est toujours là. Son aura aussi. Il est de ceux qui ont gagné les trois grands tours, et depuis qu’Alberto Contador a tiré sa révérence, il est le dernier, dans le peloton actuel, à pouvoir s’en vanter. Alors en vérité, il ne s’en vante pas : le garçon n’est pas comme ça. Il pourrait, pourtant. Cela commence à faire un bout de temps qu’il porte presque seul le cyclisme italien sur ses épaules. Vaste mission.

2. Christopher FROOME 197 points / 32 ans / Britannique / Team Sky

L’attente du verdict nous fait nous poser la question. Que faire de Chris Froome dans ce top 50 ? Comme rien n’est encore acté, nous avons décidé de le noter en faisant abstraction de ce contrôle anormal au salbutamol. Et c’est alors logiquement qu’il arrive en deuxième position. Aussi peu élégant sur le vélo qu’apprécié du public il y a encore quelques années, le Britannique, dont l’image s’était peu à peu améliorée jusqu’à sa récente mise en cause, s’est quoi qu’on en dise taillé une part de lion dans l’histoire de son sport.

Quatre Tours de France et un doublé Tour-Vuelta qui ne tiendra peut-être pas longtemps : l’affaire est imparable. Parfois outrageusement dominateur, d’autres fois bien plus calculateur, Froomey mène sa barque comme il l’entend. Avec à ses côtés les meilleurs équipiers du monde et sans doute les techniques d’entraînement les plus poussées. Les résultats ont donné raison à la Sky et à son leader.

1. Peter SAGAN 199 points / 28 ans / Slovaque / Bora-Hansgrohe

Pour lui, on pourrait presque se passer d’écrire ces quelques lignes. Plus personne n’a vraiment besoin de se voir expliquer pourquoi Peter Sagan est le roi du peloton, l’ambassadeur du cyclisme, le coureur capable de gagner partout ou presque, tout au long de l’année. Alors bien sûr, l’exercice 2017 du Slovaque n’a pas été parfait, beaucoup moins que le précédent. Il a commis quelques erreurs et n’a pas été verni au printemps : idem en juillet, où il a quitté le Tour prématurément.

Mais qu’est-ce que ça change, au fond ? Si on allait voir les dix-huit managers du World Tour avec assez de millions pour signer le coureur de leur choix, combien ne prendraient pas Sagan ? Patrick Lefevere, sans doute, qui ne porte pas le garçon dans son cœur. Et après ? On vous met au défi de trouver. Sagan est le rassembleur, celui qui fait l’unanimité. Sa personnalité y joue pour beaucoup, mais elle ne serait rien sans les résultats sur la route. Or le triple champion du monde ne flanche que très rarement de ce côté-là.

LA MÉTHODE

Six de nos rédacteurs ont établi leur classement des 60 meilleurs coureurs du peloton, sans pré-sélection. Après exclusion du meilleur et du moins bon vote pour chaque coureur, nous avons conservé les 50 premiers (sur 82 coureurs cités) pour un deuxième tour. Il revenait alors à chacun d’établir une nouvelle hiérarchie en tenant compte de ces sélectionnés. 50 points allaient au premier, 1 au dernier, puis nous avons de nouveau exclu, pour chacun, le meilleur et le moins bon score pour livrer notre classement final.
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