L’an passé, vous vouliez doubler flandriennes et ardennaises, et votre saison ne fut pas bonne malgré une victoire sur le GPE3. Avez-vous changé de programme pour 2017 ?
Cette année, je vais d’abord me concentrer sur les classiques ardennaises. Je vais jouer la victoire sur l’Amstel, la Flèche et Liège-Bastogne-Liège. Ensuite, j’espère être en bonne forme pour être sélectionné pour le Tour de France avant de tenter de gagner à nouveau le championnat du monde.
Donc vous faîtes l’impasse sur les flandriennes…
Oui, pourtant j’adore ces courses… Mais cet hiver je devais faire des choix, décider d’un calendrier plus abordable. Je n’étais pas satisfait de mes performances l’an passé donc je reviens à mon ancien programme. J’espère que je ne regretterai pas ce choix.
Ces deux dernières années vous avez gagné de façon retentissante une classique (l’Amstel 2015, le GP E3 2016) mais sans obtenir d’autres résultats probants par la suite. Pouvez-vous expliquer ces « one-shot » ?
Je souhaiterais gagner plus, c’est sûr ! Mais c’est le sport… Je me prépare vraiment du mieux que je peux à chaque fois, je puise toute mon énergie jusqu’à atteindre mes limites… J’espère simplement que cette année sera meilleure. J’ai quand même eu quelques résultats il y a deux ans (deuxième de Paris-Nice en plus de l’Amstel, ndlr) mais c’est vrai que la saison passée n’est pas du tout allée dans le sens que j’espérais. Mais au fond de moi, je sais que je n’ai pas perdu mon talent. Je sais ce que je peux accomplir.
Pas question de rester « simplement » sur ce succès sur les Strade Bianche cette année ?
Je ne sais pas. Peut-être ou peut-être pas, on verra. En tout cas je donnerai tout ce que j’ai. (Depuis, Michal Kwiatkowski a donc remporté Milan-Sanremo, ndlr).
Revenons à 2013. Vous étiez alors l’un des principaux espoirs sur les courses de trois semaines après un Tour de France bouclé à la 11e place. Depuis, on ne vous a plus vu à pareille fête. Avez-vous abandonné vos espoirs de briller sur les grands tours ?
« Il y a tellement de grandes courses que j’aimerais remporter… Je pense bien-sûr au Tour de France, où je suis convaincu de pouvoir porter un jour le maillot jaune sur quelques étapes. »
Pas du tout ! Je performe vraiment bien sur les courses d’une semaine, ce qui me donne de l’espoir pour les grands tours. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai rejoint Sky l’an passé. C’est la meilleure équipe sur trois semaines, il n’y a aucun doute là-dessus. Je pensais que je pourrais apprendre pas mal de choses sur comment ils ont réussi à atteindre ce niveau de performance. En plus, avoir quelqu’un comme Chris Froome dans son équipe, c’est juste quelque chose d’incroyable. J’apprends beaucoup de lui, sur sa préparation et sur son comportement en tant que leader. Je pourrai réutiliser ça plus tard. J’ai aussi compris que, pour réussir sur les grands tours, vous avez besoin de croire en votre équipe et avoir une solide confiance en vous.
En parlant de Chris Froome, l’an passé vous n’avez pas eu la chance de le côtoyer sur le Tour. Serez-vous à ses côtés en juillet ?
J’aimerais vraiment. J’espère être pris dans l’équipe cette année, même s’il y a beaucoup de bons coureurs chez Sky. L’an passé, sur le Dauphiné, j’avais dû arrêter car j’étais malade et je ne pouvais plus rouler. Ça m’a coûté le Tour. Cette année, j’aimerais ne pas avoir de souci et être sélectionné pour gagner la course avec Chris.
Vous avez été champion du monde en 2014, c’est l’un des plus grands accomplissements pour un coureur cycliste. Quelles autres courses vous font fantasmer ?
La médaille d’or passe au dessus de tout. Que ce soit aux Jeux Olympiques ou aux Championnats du Monde. Ensuite, il y a tellement de grandes courses que j’aimerais remporter… Je pense bien-sûr au Tour de France, où je suis convaincu de pouvoir porter un jour le maillot jaune sur quelques étapes. Le maillot rose aussi, pourquoi pas. J’ai déjà eu pendant une journée le maillot rouge de leader sur la Vuelta (en 2016, ndlr), c’était très agréable. Après, je pourrais rêver de beaucoup d’autres courses mais pour l’instant, le plus important reste de m’amuser sur le vélo, sans forcément me fixer des buts précis. Je veux surtout récupérer complètement de ma blessure au dos qui m’avait contraint à l’abandon sur la dernière Vuelta.
Depuis votre année avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules, vous sentez-vous plus fort ?
Je ne dirais pas vraiment ça. J’ai toujours cru en moi, et puis j’avais déjà réussi certaines choses avant ça. Qu’importe le maillot, je suis un gagnant et je ne m’entraîne que pour gagner.
Avec vos coéquipiers et compatriotes Golas et Wisniowski vous êtes surnommés « The Polish Gang » par le reste de l’équipe Sky. Une plaisanterie qui a un fond de vrai ?
Oui ils nous appellent comme ça ! C’est vrai qu’on est souvent ensemble sur les courses. Michal Golas est toujours avec moi depuis l’an dernier déjà. Lukasz Wisniowski vient d’arriver mais on s’est vite bien entendu. Il est de la même région que moi. Vous pouvez aussi ajouter Marek Sawicki, qui est un très bon ami en plus d’être mon soigneur et mon masseur. Honnêtement, c’est vraiment appréciable d’avoir des compatriotes polonais dans l’équipe, d’avoir un groupe de gars avec qui on partage la même langue, la même culture. Surtout dans une formation aussi internationale que Sky.
Je ne comprends pas cette fascination qu’il a pour les courses de 3 semaines. Il est déjà parti de chez Quick-Step parce que Lefevere ne voulait pas le laisser se concentrer sur les grands tours…
Vu son retour à son poids originel, je pensais qu’il y avait renoncé, mais ça n’a pas l’air d’être totalement le cas. J’espère que sa victoire d’hier le fera encore réfléchir.
Il doit clairement tout miser sur les courses d’un jour, plutôt que de rêver de courses où il pourra au mieux faire top 10. Et, à la manière d’un Bettini, jouer le chasseur d’étapes sur les grands tours.