Michal Kwiatkowski a remporté en solitaire les Strade Bianche. Une bonne nouvelle pour le Polonais après une saison 2016 très décevante, en dépit de sa victoire lors du GP E3. Depuis son succès en Belgique, il n’avait plus levé les bras, s’estimant souvent fatigué et tombant malade avant le Tour de France ou lors de la Vuelta. Après une belle deuxième place au Tour d’Algarve, cette victoire à Sienne confirme son retour au premier plan.

Trois ans après

« Quand je suis arrivé dans le dernier virage, c’était absolument magnifique », disait Michal Kwiatkowski en 2014, après sa première victoire sur l’épreuve. Il est désormais un double vainqueur des Strade Bianche. Devant lui, au palmarès, il n’y a plus que Fabian Cancellara, triple lauréat. Il y a trois ans, le Polonais avait déposé Peter Sagan dans le mur final. Une victoire annonciatrice de sa meilleure saison avec deux podiums sur les ardennaises, une seconde place au Tour du Pays Basque et bien sûr ce fameux titre mondial obtenu de main de maître à Ponferrada. A l’époque, “Kwiatko” était considéré comme l’homme le plus prometteur du peloton avec Sagan, celui capable de contrecarrer la polyvalence du Slovaque.

Mais depuis ce mois de mars 2014, les deux garçons ont connu des fortunes diverses. Sagan s’est forgé un palmarès impressionnant pendant que Kwiaktowski a eu énormément de peine à confirmer. L’Amstel Gold Race 2015 et à un degré moindre le Grand Prix E3, l’an passé, en plus des Mondiaux, ont été ses seules victoires de prestige. Trois ans après, le Polonais a donc remis le couvert en Italie. Il s’est fait la malle à une quinzaine de kilomètres de l’arrivée, s’extirpant d’un groupe de costauds composé notamment de Stybar, Wellens et Van Avermaet. Assurément le plus fort, “Kwiatko” a tenu tête à ces trois hommes dans le final, qui en dépit de leurs relais ont vu l’écart grandir mètre après mètre. Une victoire qui raisonne comme un retour en grâce du coureur de la Sky.

Retour aux bases

Lors de l’hiver 2015, Kwiatkowski avait quitté Quick-Step pour rejoindre la formation Sky. Nul ne sait si son intersaison d’alors a été dictée par l’armada britannique ou si le garçon a de son propre chef choisi son programme, mais c’est un Kwiatkowski très amaigri qui a débuté la saison 2016. Là où cette perte de poids a réussi à de nombreux coureurs recrutés par Brailsford, le corps du Polonais n’a visiblement pas apprécié cette nouvelle approche. En toute logique, il a donc décidé de partir sur de nouvelles bases cet hiver, pour mieux aborder sa deuxième saison sous les couleurs britanniques.

« J’ai eu une approche plus calme, en évitant de toucher à mes limites en décembre et janvier, expliquait-il récemment à Cyclingnews. Cette année, je veux vraiment prendre soin de ma santé, c’est la chose la plus importante. » A tel point que Kwiatkowski indiquait avoir des doutes sur sa capacité à être en forme tôt dans la saison. Ses récents résultats témoignent du contraire et laissent entrevoir de l’espoir pour les grands objectifs de sa saison, les ardennaises et les Mondiaux de Bergen, en norvège. Un programme en somme plus proche de celui de 2014, avec l’impasse sur les flandriennes.

La crainte du one-shot

Ces deux dernières saisons, Kwiatkowski nous a habitué aux coups d’éclat sans lendemain. Capable de briller au GP E3 l’an dernier et d’exploser complètement au Tour des Flandres, la semaine suivante ; ou victorieux lors de l’Amstel en 2015 et décevant lors de la Flèche wallonne et de la “Doyenne”, qu’il abordait parmi les favoris. Le plus gros problème de Kwiatkowski reste donc sa régularité. Et compte tenu de la richesse d’effectif chez Sky, il n’aura pas le droit de se planter au printemps. Si le staff britannique venait à douter de sa capacité à briller, Poels et Henao pourraient rapidement hériter du leadership et faire du Polonais en équipier de luxe. De son côté, Kwiatkowski ne doit avoir qu’un rêve, que cette victoire sur les Strade Bianche annonce une saison aussi prolifique qu’en 2014. Pour que cette année soit Sienne.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.