Des routes sinueuses, étroites et non goudronnées, mêlant poussière, terre et cailloux. C’est tout ce qui fait le charme des Strade Bianche, une épreuve vieille de moins de dix ans mais qui a déjà séduit l’ensemble du peloton. Le rendez-vous en est même devenu incontournable. Parce qu’on a toujours besoin d’une dose de soleil toscan avant d’entamer sérieusement les classiques belges.

« C’est une de mes courses préférées. Grâce à son parcours et ses paysages, elle est unique dans le calendrier international », s’enthousiasme Fabian Cancellara à propos de l’épreuve italienne. Il faut dire que l’originalité attire. Y compris les spectateurs. Les nuages de poussière qui montent au ciel, le peloton étiré sur des routes où il faut jouer des coudes et se serrer pour ne pas terminer dans le talus, ça rappellerait aux plus nostalgiques le cyclisme d’il y a plusieurs décennies. Une époque où faire passer la caravane et les voitures des partenaires n’était pas une priorité. Et où les coureurs offraient un spectacle de haut vol, que l’apparition des oreillettes et des points UCI n’avaient pas encore entamé. Parce que c’est bien le scénario proposé chaque année par les coureurs qui donne un véritable intérêt aux « routes blanches ». Avec trop de prudence, de calcul et d’attentisme, le charme de la Toscane ne suffirait pas.

Une ambiance, un esprit

Or de Cancellara à Stybar en passant par Gilbert et Kwiatkowski, les lauréats ont fait la renommée de l’épreuve par leur capacité à prendre des risques. Remporter ce que Pier Begonzi, rédacteur en chef de la Gazzetta dello Sport, considère comme « le petit Paris-Roubaix » de l’Italie n’est pas de tout repos. Mais le jeu en vaut la chandelle. Après avoir dû se coltiner des pentes à 16 %, l’arrivée sur la Piazza del Campo, au cœur de Sienne, est toujours magistrale. Dans les 100 derniers mètres, les coureurs passent des rues sombres de la vieille ville à une place très lumineuse et remplie de tifosi. La-même où chaque été est organisé le Palio de Sienne, des courses de chevaux au milieu de milliers de spectateurs. « Quand je suis arrivé dans le dernier virage, c’était absolument magnifique », se rappelle Michal Kwiatkowski, vainqueur en 2014.

Dans le paysage des classiques qui comptent, les Strade Bianche se sont donc faites une place importante. Celle de la course qui permet de s’évader, de mettre de côté, l’espace d’une journée, le cyclisme trop stéréotypé que tout le monde regrette. Pourtant, il y a seulement dix ans, l’épreuve était encore amateur. Elle s’appelait l’Eroica. Les participants devaient y porter des maillots en laine et utiliser des vélos anciens. On est loin, dans les faits, de l’historique Paris-Roubaix, qui fêtera cette année ses 120 ans. Mais dans l’esprit, l’épreuve fait l’unanimité. Et ce samedi, l’enthousiasme sera incontestablement au rendez-vous, le long des quelques 52 kilomètres de « routes blanches » qui jonchent le parcours. Parce que les Strade Bianche sont devenues incontournables. Un moment à part dans la saison, comme seule l’Italie sait en offrir.

 

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