En ce début de saison, nous avons voulu nous lancer dans un projet qui nous trottait dans la tête depuis quelques temps : établir une hiérarchie du peloton actuel. Dans de nombreux sports collectifs, le football et les sports américains notamment, la chose est coutumière. ESPN a par exemple pris l’habitude d’établir chaque année, pour la NBA et la NFL, un top 50 voire un top 100. Dans le cyclisme, nous n’avons pas le souvenir d’être tombé sur un tel classement. Nous avons décidé de le faire nous-même. Le critère : qui aurions-nous pris dans notre “équipe type” au 1er janvier 2018 ? Bien sûr, notre top 50 portera à débat. Au sein même de la rédaction, où la plupart d’entre nous ont passé plusieurs heures à définir leur hiérarchie, il y a eu des désaccords. Mais au terme de plusieurs tours de votes, voici notre verdict.

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20. Rigoberto URAN 128 points / 30 ans / Colombien / EF Education First-Drapac

On l’avait un peu oublié celui-là. Au début des années 2010, Uran était considéré, au même titre que Nairo Quintana, comme un des plus grands espoirs de cette folle génération colombienne. Après deux saisons en deçà des attentes, il s’est relancé l’an passé avec une belle deuxième place sur le Tour de France. On peut lui reprocher son attentisme en course, mais Uran a montré qu’il était fait pour les grands tours. Il sait grimper évidemment, mais il sait aussi rouler et il n’est pas le plus à plaindre sur les sprints en petit comité. Ce n’est pas le meilleur dans son genre, mais il a su tirer le maximum de ses capacités.

19. Mark CAVENDISH 130 points / 32 ans / Britannique / Dimension Data

Sur l’ensemble de notre classement, il est celui qui a réalisé la saison 2017 la plus médiocre. Entre mononucléose et fracture de l’omoplate, on peut toutefois lui trouver des circonstances atténuantes. Cette année, on s’attend encore une fois à ce que le Cav’ se rebiffe (cette expression marche toujours). Le Britannique a toujours su composer avec les hauts et les bas qui ont jalonné sa riche carrière. À 32 ans, il est loin d’avoir dit son dernier mot et il dispose encore d’une équipe à son service. Le cap des 150 victoires chez les professionnels est à portée de maine.

18. Dan MARTIN 130 points / 31 ans / Irlandais / UEA Emirates

L’année 2017 est paradoxale chez Dan Martin. Sur le plan sportif, c’est la saison la plus accomplie de sa carrière et possiblement la plus frustrante. Seulement battu par Valverde sur la Flèche et la Doyenne, l’Irlandais a serré les dents comme jamais pour prendre une honorable sixième place sur le Tour. Cependant, au-delà des places d’honneur, il n’a glané qu’une maigre victoire sur une étape du Tour de l’Algarve. Sous pavillon émirati, Martin espère changer la donne, notamment sur la Grande Boucle. Sa fougue et son vécu en course seront deux atouts de poids pour viser mieux qu’un accessit.

17. Michael MATTHEWS 135 points / 27 ans / Australie / Team Sunweb

« Bling » a enfin pris la lumière. Le maillot vert du dernier Tour de France est plus qu’un sprinteur. Il grimpe (un peu) et il peut même gagner des chronos. Il n’a pas encore la stature d’un Sagan, mais l’Australien s’est fait un nom. Pour s’émanciper davantage, Michael Matthews a décidé de changer de braquet. Moins de chasse aux étapes, plus de batailles sur les classiques. Milan-Sanremo, le Ronde, l’Amstel Gold Race et même Liège-Bastogne-Liège, autant d’épreuves théoriquement à la portée du Wallaby. Le plafond de verre s’effondrera le jour où il en gagnera une devant le Slovaque.

16. Mikel LANDA 138 points / 28 ans / Espagnol / Movistar

Etait-il plus fort que son leader, Chris Froome, en juillet dernier ? On n’aura sans doute jamais de réponse claire, mais le simple fait d’avoir installé le doute dans l’esprit des observateurs prouve à quel point Mikel Landa a changé. Il n’est plus un grimpeur capable de coups d’éclats ou de se muer en lieutenant, il est un potentiel vainqueur de grands tours. Jamais cela n’a été aussi clair, même si on en avait déjà eu un aperçu en 2015, lorsqu’il avait été un coéquipier envahissant pour Fabio Aru sur le Giro. Mais pas sûr qu’il doit davantage libre de ses mouvements chez Movistar.

15. Richie PORTE 140 points / 32 ans / Australien / BMC Racing Team

Chaque année, il semble être un prétendant de plus en plus sérieux pour les épreuves de trois semaines. L’an passé, après le Dauphiné, on le présentait même comme le probable bourreau de Chris Froome sur le Tour. Mais l’Australien a été rattrapé par ses vieux démons – selon les épisodes, la malchance ou le manque de fiabilité – et a quitté l’épreuve plus tôt que prévu, l’épaule en vrac. On a du mal à l’imaginer plus fort encore qu’il ne l’était en 2017, mais on se trompe peut-être, auquel cas il passerait forcément d’outsider numéro un à grand favori. Sur le Tour et partout ailleurs.

14. Fabio ARU 141 points / 27 ans / Italien / UAE Emirates

Porter les espoirs d’un peuple loin d’être rassuré lorsqu’il regarde vers l’avenir n’a rien d’aisé. Avec son ancien coéquipier Vincenzo Nibali, Fabio Aru a pour mission de maintenir le cyclisme italien à flot. Vaste mission, dont il s’accommode plutôt très bien. Entreprenant, il a déjà conquis une Vuelta et rêve désormais de Giro. L’an dernier, il a dû faire une croix sur la course rose mais, malgré un programme chamboulé, a réussi à faire quelques frayeurs à Chris Froome sur le Tour. Il reste le seul de ses adversaires, depuis 2013, à lui avoir fait lâcher le maillot jaune le temps de quelques jours.

13. Julian ALAPHILIPPE 146 points / 25 ans / Français / Quick-Step Floors

C’est à croire qu’il n’en a jamais fini de nous surprendre. Quand on le pense réduit aux ardennaises, il vient mettre le bazar sur le Tour. Quand on le pense à l’aise sur une semaine, en témoigne son fantastique Paris-Nice l’an passé, il vient batailler pour la victoire finale sur Milan-Sanremo. En compagnie de Peter Sagan et Michal Kwiatkowski, excusez du peu. Et tant pis si sa dernière saison a été plombée par une blessure. Quatre mois de compétition ont suffit à faire comprendre que le phénomène poursuivait quoi qu’il arrive son ascension. Il va falloir lui faire de la place, où bien il la prendra par lui-même.

12. Fernando GAVIRIA 152 points / 23 ans / Colombien / Quick-Step Floors

Révélé au grand jour lorsqu’il avait battu Mark Cavendish sur les premiers sprints de la saison 2015, en Argentine, Gaviria a intégré deux ans plus tard le gratin du sprint mondial. On n’ira pas jusqu’à lui prédire la même carrière que le Britannique, mais à l’heure actuelle, il est déjà le principal concurrent d’un Marcel Kittel incontestable patron de la discipline. Et avec le transfert de l’Allemand, le duel entre les deux hommes va pouvoir avoir lieu. Le prochain Tour de France doit en être l’apothéose. Mais on n’oublie pas que Gaviria, en plus de ça, garde un œil sur les classiques.

11. Romain BARDET 156 points / 27 ans / Français / AG2R La Mondiale

On a longtemps avancé la pression que médias et public mettaient sur les épaules des coureurs français pour justifier des résultats en dents de scie. Mais Romain Bardet ne veut aucune excuse. Depuis deux ans, il a dû gérer plus de pression que tous ses compatriotes, mais il a su ne pas se faire étouffer. Sur le podium des deux derniers Tours de France, il s’est positionné comme un candidat plus que crédible pour faire trébucher Chris Froome. Preuve de son nouveau statut, alors que le Britannique fait face à un contrôle anormal, il est de ceux qui prennent la parole, avec calme mais conviction.

LA MÉTHODE

Six de nos rédacteurs ont établi leur classement des 60 meilleurs coureurs du peloton, sans pré-sélection. Après exclusion du meilleur et du moins bon vote pour chaque coureur, nous avons conservé les 50 premiers (sur 82 coureurs cités) pour un deuxième tour. Il revenait alors à chacun d’établir une nouvelle hiérarchie en tenant compte de ces sélectionnés. 50 points allaient au premier, 1 au dernier, puis nous avons de nouveau exclu, pour chacun, le meilleur et le moins bon score pour livrer notre classement final.
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