Très critiquée l’an passé pour avoir déçu tout en accumulant les recrues sans colonne directrice, la formation UAE Emirates a redressé la barre en 2019, portée par la fougue de sa jeunesse. À eux deux, Tadej Pogačar et Jasper Philipsen ont ringardisé une multitude de grands noms, à commencer par les propres stars de l’effectif italo-émirati.
Le top : Tadej Pogačar
Depuis qu’elle existe sous cette appellation, l’équipe UAE n’avait remporté qu’une seule étape sur le Tour d’Espagne, par l’intermédiaire de Matej Mohorič à Cuenca, en 2017. L’édition 2019 a surpassé toutes les attentes avec la troisième place de Pogačar au classement général et pas moins de trois victoires d’étapes, toutes acquises à la pédale devant des mastodontes du cyclisme actuel. Le lauréat du Tour de l’Avenir 2018 avait déjà étalé sa précocité au printemps en s’adjugeant le Tour de Californie. Mais malgré son amitié avec le maillot rouge Primoz Roglic, c’est peut-être le seul à lui avoir réellement donné du fil à retordre en Andorre, dans les plus forts pourcentages des Machucos, et vers la Plataforma de Gredos, théâtre d’une folle avant-dernière étape. Son programme en 2020 sera surveillé de très près, après une entrée en matière aussi fracassante qui aura totalement éclipsé les déboires de Dan Martin et Rui Costa. L’Irlandais a justement décidé de changer d’air. La passation de pouvoir semble actée.
Le flop : Fernando Gaviria
Accordons-nous un instant, les résultats de Fernando Gaviria en 2019 ne sont pas aussi indigents qu’ont pu l’être ceux de Mark Cavendish ou Marcel Kittel, gloires passées du sprint mondial et qui ont en commun avec le Colombien d’avoir brillé chez Quick-Step. Mais Gaviria n’a absolument pas pesé sur la saison de ses petits camarades, et ses deux succès sur le Tour de Guangxi viennent péniblement rehausser au nombre de six son total de victoires. Incapable de lever les bras sur le Giro et la Vuelta sans qu’un de ses concurrents soit déclassé, le bolide de La Ceja semble inexplicablement avoir perdu de la caisse. Pire, il s’est enfermé dans une spirale négative ponctuée par une blessure récurrente au niveau du genou gauche. Qu’il semble déjà loin, le temps où il régnait en maître sur les sprints du Tour 2018. Mis sous pression par les performances étincelantes du prometteur Jasper Philipsen, les prochains mois s’annoncent capitaux pour Gaviria, en quête de rachat.
La stat : 37 %
Soit le pourcentage de tops 10 du jeune sprinteur Jasper Philipsen, qui a ouvert son compteur professionnel dès le Tour Down Under.
Pas un mot sur la belle campagne de classiques d’Alexander Kristoff, dommage
C’est le jeu de nos bilans, oui. On ne peut pas être exhaustifs à chaque fois. Mais évidemment, sa campagne a joué dans la bonne notation finale.
Je comprends, c’est un parti-pris qui se respecte. Ceci-dit, je trouve que dire que Pogacar et Philipsen ont ringardisé les stars de l’effectif et que Kristoff a vu « les jeunes mener la formation tout au long de l’année », c’est un peu exagéré. Déjà, cette année, Philipsen c’est une seule victoire (une étape du TDU) et quelques belles places (notamment ses Top 10 sur le Tour), c’est bien, très prometteur même, mais ça reste un peu léger pour dire qu’il a ringardisé un type à 7 victoires dont Gand-Wevelgem (et un flopée de belles places sur les classiques). Sans compter que, jusqu’au Tour d’Espagne, le meilleur coureur de l’équipe cette année, (pour moi en tout cas) c’était bien Kristoff et pas Pogacar. Au passage, j’ai été plus sévère que vous, parce que beaucoup de leaders (Aru, Martin, Gaviria, Costa) ont déçu, même si c’est (en partie) compensé par la très belle saison de Pogacar (qu’on n’attendait pas à pareil fête aussi dès sa première saison pro)
Vous avez raison, c’est bel et bien un parti-pris, puisque pour chaque bilan, parfois plusieurs tops et flops se « valent » et il faut choisir celui qui paraît le plus intéressant à souligner. Je vais compléter un petit peu ce que j’ai pu écrire plus haut et vous dire pourquoi j’ai « autant » axé sur le duo Pogacar-Philipsen.
Certes, Kristoff remporte Gand-Wevelgem et finit 3ème du Ronde, mais sa saison reste très éloignée de ses records quantitatifs obtenus chez Katusha durant la période 2015-2016. D’ailleurs les stats ne mentent pas. 7 victoires contre 20 en 2015 et 13 en 2016. C’est mieux que l’an dernier, mais ce n’est pas non plus exceptionnel par rapport à son standing. Il se fait détrôner sur « son » GP de Francfort par Ackermann, c’est assez significatif. Son retour en force sur les classiques est une bonne surprise, mais ne peut pas éclipser sa justesse sur le Tour, même en dernière semaine (alors que l’an dernier il claque la gagne sur les Champs-Elysées). C’est d’ailleurs sur le Tour que Philipsen a fait, à mon goût, plus forte impression pour sa première participation.
De manière plus « froide », je n’attendais pas grand chose de Kristoff en début de saison. Ses courses de rentrée montrent qu’il était en bonne forme pour épauler Gaviria sauf que ce dernier n’a pas brillé, comme écrit plus haut. J’ai donc eu tendance à juger ses bons résultats comme un +, du bonus en quelque sorte, mais forcément moins important que les prouesses de Pogacar, qui seront à mon avis bien plus retenues par le public que la campagne de Kristoff. Je ne suis pas d’accord avec vous concernant l’avant-septembre, puisque le Slovène est en état de grâce dès le Tour d’Algarve en février, au Pays Basque, en Californie.