Lance Armstrong devait raconter sa vérité. C’est ce qu’il promettait. Ce que promettait ESPN, aussi. Dans le documentaire en deux parties de la réputée série « 30 for 30 », l’Américain, pourtant, ne dit pas grand-chose de nouveau. Comme lors de ses aveux à la télévision en 2013, on en sort avec un goût d’inachevé.
Quasiment rien de nouveau
Le sujet mérite peut-être une remise en question. Nous sommes sans doute le problème si l’on regarde un documentaire en y attendant certains propos. Mais ce n’est pas le cas ici. On n’attendait pas une déclaration en particulier de Lance Armstrong, plutôt des éclaircissements qui se font très rares au cours des plus de trois heures de visionnage. Comme souvent, le Texan capte l’attention. On l’écoute quasi religieusement. Mais malgré les entretiens avec l’ancien roi déchu, le documentaire sonne davantage comme un grand récapitulatif du « mensonge Armstrong » que comme quelque chose d’inédit. La scène d’ouverture, où Armstrong raconte la fois où s’est fait insulter par une bande d’amis qui buvait un coup dans un bar, accroche tout de suite. Mais elle n’est pas nouvelle. L’Américain avait déjà raconté l’épisode lors d’un long reportage de Rouleur Magazine.
Qu’est-ce qu’on apprend, donc ? Que Lance Armstrong s’est dopé dès sa première année professionnelle, en 1993. Qu’il a commencé avec de nombreux produits, mais qu’il n’a franchi le cap de l’EPO que plusieurs années plus tard, en 1996. Et c’est tout. Le reste est une accumulation d’anecdotes déjà connues, racontées par les acteurs eux-mêmes. Floyd Landis, George Hincapie, Tyler Hamilton, Christian Vandevelde, David Zabriskie, ils parlent tous face caméra, expliquent comment ils en sont venus à avouer. Mais ils n’ont rien de nouveau à dire : cela fait plusieurs années qu’ils ne font plus de secrets, depuis qu’ils ont confessé auprès de l’USADA pour ce qui est l’enquête qui a fait chuter Lance Armstrong. Le seul à pouvoir apporter de nouvelles informations reste le Texan lui-même, mais il s’en garde bien. Au moment d’évoquer l’épisode de l’hôpital en 1996, où il avoue devant les époux Andreu prendre des produits interdits, Armstrong se défile.
« Je ne m’en souviens pas », dit-il. Pirouette un peu facile, même s’il avait prévenu dès le début que ce documentaire ne serait pas « la vérité » mais « sa vérité », celle dont il se souvient. ESPN, parfois, n’a pas voulu creuser. Betsy Andreu n’a jamais obtenu ce qu’elle souhaitait, des aveux clairs de Lance Armstrong, disant qu’elle ne ment pas lorsqu’elle raconte cette scène vieille d’il y a maintenant 24 ans. Pas sûr qu’elle obtienne un jour ce qu’elle cherche. Le documentaire, au final, semble alors davantage être un long portrait consacré à Armstrong et son histoire. Il est comme considéré que la vérité a déjà éclaté et qu’il n’y a plus besoin d’aller la chercher. On reprend l’histoire, on tire le fil, on re-raconte ce que l’on sait sans chercher à aller faire la lumière sur des zones encore très ombrageuses.
Machinerie éternelle ?
« J’ai hâte de voir le documentaire », nous disait la semaine dernière Damien Ressiot, ancien journaliste à L’Equipe, dans notre série d’articles concernant les révélations qui ont jalonné la carrière de Lance Armstrong. « Comprendre comment il gère la vérité m’intéresse », ajoutait le journaliste, interviewé par la réalisatrice Marina Zenovich mais qui n’apparaît pas au montage. Il a obtenu une partie de la réponse. Lance Armstrong la vit apparemment bien. Un autre scénario ne l’aurait pas amené là où il est, or il semble être heureux d’y être. Il s’excuse, auprès d’Emma O’Reilly et Filippo Simeoni notamment. Auprès de Jan Ullrich, aussi, dont l’évocation lui fait couler une larme. Mais pas auprès de Floyd Landis, toujours un traître à ses yeux. On n’ira pas lui dire à qui il doit pardonner et à qui il ne doit pas, mais incontestablement, le processus est encore en cours. Peut-être ne terminera-t-il jamais.
Le système Armstrong, plus vraiment confidentiel (1/4)
Le septième Tour, la retraite et « le mensonge » (2/4)
Landis et Hamilton, lieutenants trop bavards (3/4)
Tygart envoie Armstrong chez Oprah (4/4)
Surtout, les doutes subsistent. Parce qu’on parle de Lance Armstrong. Quelle est la part de sincérité dans ses propos ? « Comment obtenir la vérité de la part d’un menteur ? », interroge dans The Independent le journaliste Paul Kimmage, un temps pris à partie par Armstrong il y a une dizaine d’années. Toute la subtilité se trouve ici, accentuée par le « je ne me souviens pas » d’Armstrong lorsqu’il évoque Betsy Andreu et la scène de l’hôpital. Mais l’Américain a conscience, de toute façon, qu’il ne pourra jamais convaincre tout le monde. Ce n’était déjà pas le cas avant ses aveux, ce ne peut pas l’être après. Les déçus le sont trop profondément. Il le sait et c’est pour ça, on veut le penser, qu’il s’excuse sincèrement. Certains continueront malgré tout de croire à une machinerie. Et on peut difficilement leur en vouloir.
Pour une fois une VRAI critique envers Chronique du vélo: Pourquoi autant d’articles pour parler de ce s….d ???? Personnellement, je n’ai lu aucun de ces articles.
Franchement STOP !!! Ca ne donne pas envie de venir sur votre site
On est d’accord sur le personnage, mais pourquoi faudrait-il arrêter d’en parler ? Ce serait se voiler la face sur une période certes triste du cyclisme, mais dont les acteurs de ce sport doivent se souvenir pour aller dans la bonne direction. Ce n’est pas en se plongeant la tête dans le sable qu’on pourra avancer d’autant que le dopage reste malheureusement une réalité aujourd’hui et que depuis LA, il y a eu pas mal de “bizarreries” sur certaines éditions de grands tours… Alors ok dans l’ensemble ça va mieux, mais des épisodes comme l’affaire Aderlass ou le salbutamol sont là pour nous ramener à la réalité, n’en déplaise aux naïfs.
Nous essayons de fournir un contenu de qualité, sur des sujets divers. Et des sujets divers, ça signifie parler du dopage. Que ce soit parce que l’actualité le suggère ou parce qu’on trouve qu’un sujet historique mérite d’être traité. Entre 2015 et cette série d’articles sur Armstrong, nous avons écrit deux articles sur lui. Un pour revenir sur sa victoire lors du Mondial 93, un autre dans notre série d’articles sur les commentateurs, pour évoquer la difficulté de faire son métier durant les années Armstrong. Je ne pense pas que ce soit excessif. Cette semaine, Lance Armstrong était dans l’actualité. Alors oui, nous aurions pu fermer les yeux et faire comme si cette actualité n’existait pas. A la place, nous avons voulu vous proposer une série d’articles sur ceux qui l’ont fait tomber. Si vous ne souhaitez pas les lire, libre à vous, mais je pense qu’ils ne sont pas inintéressants. Et un article sur le documentaire d’ESPN, pour clore le tout, a du sens à mon avis. Alors ne vous en faites pas, nous n’allons pas reparler tout de suite de Lance Armstrong. Mais il n’est pas impossible qu’on parle d’autres coureurs convaincus de dopage à l’avenir. Cela fait… Lire la suite »
Henri a mille fois raison, cette complaisance à parler de ce sinistre personnage commence à donner la nausée.
Pourquoi pas un article ou deux, mais 4, ça fait beaucoup. Ou alors en étalant sur une durée plus longue, entrecoupé par d’autres articles sur d’autres sujets.
@Pierre : ça veut dire qu’on peut faire une série sur les équipes italiennes ou sur les voix dans le cyclisme, mais pas sur Armstrong ? Ou qu’il faut un agencement spécial ? Je comprends que le sujet soit sensible pour certains, mais on n’a pas fait l’éloge d’Armstrong pendant quatre jours consécutifs.
En substance dans mon esprit, ça n’a rien à voir avec Armstrong, mais avec l’idée de faire une série dont les épisodes s’enchaînent. Si le sujet te passionne, c’est banco, mais si ça n’est pas ce qui t’intéresse, tu en as pour une semaine et demi….
LA a marqué une époque. Son importance est bien concentré dans une phrase de Reed Albergotti et Vanessa O’Connell: « Lance Armstrong est le produit inévitable de notre culture e dell’ensamble du monde sportive, tellement affamé d’argent d être devenue incontrôlable »
Il y aura toujours un intérêt d actualité à parler de lui, même si c’etait Seulement pour éviter la répétition des erreurs commis pendant son royaume.
Et pour être franc, grand tricheur et salaud, bien sur…méchant aussi, dopé bien sûr, comme tous les autres hommes qui gagnait des courses à son époque, mais bien mieux dopé qu’eux.
Amrstrong moins dopé que les autres ? Les Basso, Ullrich, Zulle n’étaient certainement pas des anges, mais c’étaient des grimpeurs, eux n’ont pas attendu 27 ans pour passer un dos d’âne.
Je le suis sur instagram, il a l’air de mener sa meilleure vie à Aspen. Je pense qu’il fait des excuses parce qu’il est “obligé” et qu’en aucun cas il pense ce qu’il dit ,à part son amitié avec Ullrich qui semble elle être réelle.
Si il avait le choix il referait tout pareil donc à partir de la.
ce type est un magicien, qui nous noie sous un déluge de repentir bidon, afin que l’on ne regarde pas la vérité…..Le dopage mécanique. Armstrong est le plus grand escroc de l’histoire du sport, et l’on continue de lui accorder des articles et des tribunes. Ah oui j’oubliais la triche mécanique n’existait pas a son époque ! Posez la question a Lemond ..
Je n´ai pas ressenti le besoin de visionner le reportage d´ESPN; le titre de l´article de mr Watt résume bien pourquoi .
Amstrong casse du Landis; son ancien ami et coéquipé l´a pourtant aidé à gagner qqs Tours de France me semble t´il . Ce mème Landis qui s´etait retrouvé à quémander une place dans l´equipe Radio Shack et que le “boss” avait envoyé sur les roses; une belle preuve d´amitié .
Je pense que la déchéance du Texan avec la trajectoire qu´il suivait etait devenue inévitable; qu´il cherche à limitér la casse en ne lachant pas d´informations sur ses complicités restées dans l´ombre l´est tout autant .
Ce n´est pas sympatique (pour ne pas dire pénible) ces gérémiades sur le sujet du contenus; Chronique parle du mythe lance Amstrong qui a récement fait l´actualité à travers ESPN; impossible de passer ce mythe sous silence ou d´en parler avec quelques paragraphes une fois tous les 2 ans tant il a imprimé son époque de marques et de scandales indélibiles .
Il me semble que l´actualité cyclisme en ce moment il y en très peu pour ne pas dire zéro; je n´y vois aucune responsabilité de la redaction si la saison est en suspend et si la saga Amstrong continue son chemin sans dévoiler plus de zones d´ombre .
Bien au contraire, ne devrait on pas saluer la Chronique de partager de la matiére à lire, à discuter et de continuer à développer le peu d´actualité contreversée de cette période off cycling ?
Je ne suis pas d’accord et pour deux raisons.
La première est que l’on pourrait profiter de la suspension forcée de l’actualité des courses pour relever la tête du guidon en se posant des questions de fond sur l’actualité et le devenir du sport cycliste en France et dans le monde, et dieu sait s’il y a des sujets de discussion si l’on veut bien s’y pencher!
Un exemple, le cyclisme français pourrat’il garder longtemps sa pléthore atypique d’équipes de haut niveau, 3 world tour et 4 pro tour?
La deuxième est que si l’on ne doit pas oublier le passé , là aussi il y a matière à évocation et à sortir un peu des sentiers battus et rebattus.
Que voulons nous apprendre de plus sur le sujet ? Et sans vouloir éviter la question du dopage, n’y a t’il pas d’autres approches beaucoup moins évoquées à privilégier ? Par exemple les évolutions comparées des cyclismes francais d’un côté et italo-espagnols de l’autre avant et après la catastrophe 98?
Ou bien d’autres prospectives autres que des aveux iu non aveux hypr connus et sans cesse ressasses?
Que voulions-nous vous apprendre ? Les coulisses des révélations. On n’a pas eu Oprah Winfrey en interview, mais on a pensé que les entretiens avec Pierre Ballester ou Damien Ressiot étaient intéressants et apportaient un peu de lumière sur la façon dont ils ont travaillé pour tenter de faire tomber Armstrong. Leur parole est rare.
Je veux bien croire que tout le monde avait déjà connaissance de L. A. Confidentiel et de l’enquête dans L’Equipe, mais je n’ai pas trouvé beaucoup d’articles en ligne pour raconter le travail d’investigation et les répercussions qu’il a eu.
Alors oui, on pourrait traiter 1000 autres sujets. Mais on peut aussi avoir envie de traiter celui-ci, et même être content du résultat.
Bien, et si on évoquait pour revenir à 2020 la révolution que serait le départ possible de Bardet de son nid ( enfin !) Pour faire le voyage inverse de Barguil vers sunweb?
Lavenu se retrouverait fort dépourvu! Il lui faudrait un nouveau leader : Alaphilippe Froome?
Cosnefroy venant de signer jusqu’en 2023, y’en a un qui va partir, Bardet ou Latour.