En réalisant son portrait, on avait écrit il y a quelques jours qu’Alberto Bettiol pouvait certainement mieux faire. Mais de là à l’imaginer décrocher sa première victoire professionnelle sur le Tour des Flandres dix jours plus tard, il y avait un pas de géant. Pour y parvenir, l’Italien ne s’est pas posé toutes nos questions. Il a accéléré quand il fallait, et tant pis pour les autres.
Plongée en apnée
Depuis le changement de parcours du Ronde en 2012, la décision s’opère surtout dans la dernière ascension du Vieux Quaremont. Fabian Cancellara, Peter Sagan et Niki Terpstra y ont construit leur succès ces dernières années, et désormais, il faudra rajouter l’image d’Alberto Bettiol se dressant sur les pédales dans l’un des temples du cyclisme belge. Pendant longtemps, on a cru que la course se décanterait plus tôt, tant les équipiers étaient réduits à peau de chagrin à la suite d’une ascension tonitruante du Mur de Grammont. Les contres, incessants, n’ont laissé aucun répit aux favoris qui n’ont jamais laissé filer l’un de leurs semblables avant la grande explication. Stybar lâché dans le Kruisberg, Terpstra au tapis, il y avait un vrai boulevard pour le reste de la meute. Et c’est Alberto Bettiol qui a pris ses responsabilités. Par son démarrage foudroyant à mi-pente, il a mis dans le rouge Greg van Avermaet et Mathieu van der Poel, avant d’en rajouter une couche, tout en danseuse, dans les derniers hectomètres.
Surpuissant dans la boucle finale, celui qui comptait deux abandons pour trois participations au Tour des Flandres n’a jamais donné l’impression de pouvoir flancher. Ni dans l’indigeste Paterberg, avalé bouche fermée, ni le long des berges de l’Escaut. La distance des lignes droites finales était somme toute assez similaire à celle du chrono de Tirreno-Adriatico, où il avait commencé à surprendre en terminant deuxième. Même au bout de 270 kilomètres, le garçon a su garder la tête sur les épaules alors qu’il avait montré des signes de faiblesses sur les 200 bornes de l’E3, vrai baptême du feu pour lui. Au sommet du dernier mont, les spectateurs ont bien compris qu’il serait difficile de reprendre la maillot rose de l’équipe Education First d’ici Oudenaarde. Ses poursuivants étaient tout simplement moins forts.
Dépassés comme rarement
Talent polyvalent, le protégé de Jonathan Vaughters constituait de fait le dernier étage de la fusée américaine, qui a éclipsé la Deceuninck-Quick Step à l’entame des choses sérieuses. Critiqué pour ses contre-performances et diminué par une chute sur Gand-Wevelgem, Sep Vanmarcke a anticipé à cinquante kilomètres de l’arrivée. Une fois repris, c’est l’expérimenté Sebastian Langeveld qui a fait sa loi dans le groupe de tête, avant de laisser le champ libre au joker dominical, Alberto Bettiol. Présent sans broncher aux avants-postes, il ne posait de soucis à personne, et la stratégie décalée de sa formation en a probablement berné beaucoup. Mais il serait un peu injuste de jeter la pierre aux favoris, qui ne se sont pas arrêtés en pleine ascension du Vieux Quaremont. Auteur d’un gros abattage en l’absence de ses équipiers, Greg van Avermaet s’est fait violence pour attraper la roue du Toscan, mais a dû se résoudre une dizaine de secondes plus tard, malgré la bonne volonté d’un Van der Poel globalement malchanceux.
Pendant que les rescapés se débattaient dans le wagon de l’enfer, un magicien épatait son monde pour décrocher le premier succès transalpin depuis la victoire d’Alessandro Ballan en 2007. Bien sûr, une telle performance comporte une petite part d’irréel que personne ne pourra vraiment chasser, et la seconde place de Kasper Asgreen paraissait tout autant improbable au départ d’Anvers, encore plus au vu des circonstances de course. Mais peut-on vaincre le Ronde sur un malentendu ? La question reste ouverte, puisque l’intéressé pensait posséder le petit truc en plus au moment de revenir sur son édition 2017, disputée au service de son coéquipier Sacha Modolo.
« Le Tour des Flandres est une course très difficile à remporter, mais si vous vous sentez bien, ce n’est pas une course si compliquée. C’est même la plus simple, puisque les coureurs en délicatesse sur les pavés restent à l’arrière, et si vous connaissez le bon endroit pour partir à l’avant, vous y resterez pour un bon moment puisque les routes sont étroites. » Casse du siècle, ou juste plus malin que ses copains ? Chacun se fera son avis. Et sans confirmation, Bettiol pourrait rapidement redécouvrir l’anonymat des saisons précédentes. On est en droit d’attendre une suite.
RI SIBLE…..
Pourquoi risible ? pouvez vous argumenter ?
Sagan en dessous des années précédentes, GVA lui aussi en dessous depuis deux ans, Stybar surcoté (il n’avait pris aucun relais sur le E3), Terpstra au tapis, Gilbert malade, Matthieu VDP très au-dessus mais finalement humain, Van Aert esseulé et émoussé sur le final, Naesen qui revient de maladie, etc…
Il y avait de la place pour Bettiol qui avait déjà prouvé avoir une grosse caisse même s’il n’avait pas gagné (la faute à un manque de pointe de vitesse surtout), associé à une belle course d’équipe. Il mérite, bravo à lui.
Pour Asgreen deuxième, c’est la même que Mads Petersen l’an dernier, les mecs la jouaient battu et ne sont allés le chercher.
Il y avait la place pour Bettiol aujourd’hui et je pense que dans le peloton on savait qui était le leader chez EF pour ce Ronde. Les auteres favoris, pour des circonstances très différentes, se sont retrouvès avec des moyens limités au moment décisif…
Oui, la 2e place d’Asgreen est une sorte de cadeau, mais le garçon a aussi montré une belle résistance, meilleur que Vanmarcke.par exemple. Donc à suivre…
Clairement certains leaders et certaines équipes ont franchement ratés leur préparation pour ce Ronde.
Pour Stybar je pense qu’il est capable de se rattraper sur Paris-Roubaix, car bizarrement quelque chose sur le Ronde ne lui convient pas…
C’est juste un sentiment hein, mais j’ai peur qu’on reparle de lui et pas en bien…
Je partage votre sentiment et j’ai du mal à m’enthousiasmé tant cette victoire (et surtout ce démarrage) m’apparaît comment dire… stupéfiante.
un petit cru pour ce ronde 2019… Le beau temps et l’absence de vent n’ont pas permis une vrai selection d’autant que les personne n’était vraiment au dessus du lot
Vous auriez du plus mentionné Van der Poel. Il a été monstrueux dimanche. Il chute, se fait mal a l’epaule, remonte tout les groupes en perdant bcp d’energies pendant facile 20km. Puis il est present dans le final en étant le plus fort des favoris hors Bettiol.
Pour moi sans ses mésaventures il suivait facilement Bettiol, apres pour la victoire ce n’est pas certain mais il sortait du groupe de tete.
Dommage, ca aurait fait un beau vainqueur pour une première participation. Un grand favori pour l’année prochaine. Dommage qu’il ne fasse pas Paris Roubaix.
Une drolé d’édition ou personne n’était vraiment le plus fort. Bettiol a pu profiter du fait que son équipe était toujours à l’avant pour ne pas devoir trop en faire ainsi que du fait qu’il n’était pas le plus survéillé.
Du coup, quand il est parti personne n’a réagi tout de suite et comme il s’est avéré être fort personne n’a pu revenir sur lui.
Sagan et Van Avermaet pour diverses raisons sont un peu moins bien cette saison. Van Aert et Van der Poel semblaient sans doute les plus fort parmi les “favoris”.
Ce qui a aussi joué, c’est l’absence des leaders des Quick-Step( apparement pour cause de maladie). Aucune autre équipe n’était capable d’assurer la poursuite, tous les coureurs rapides étant isolés.
Il est difficile de sortir un favori pour Paris-Roubaix étant donné que les 2 plus fort( Bettiol et Van der Poel) n’y seront pas.
Pour ma part, hormis les 15 dernières bornes, j’ai vu la plus belle course depuis de nombreuses années. J’ai regardé toute la course du départ à l’arrivée et ne me suis pas ennuyé une seule seconde.
Van der Poel de loin le plus costaud mais il a voulu trop en faire (crevaison et chute) et ce ce qui lui coûte la victoire.
Bettiol très malin, il a attaqué au bon moment et a profité de la fatigue (ces 100 derniers kilomètres !!!) des autres et de leur enterrement de première classe à la fin.
Mention spéciale à Valverde, costaud.
Je suis étonné des réserves que je lis sur la victoire de Bettiol. Ce coureur a quand même démontré de belles choses dans son jeune passé pou peu que l’on s’intéresse à son parcours . Après déjà 5 années chez les pros il arrive à maturité à 25 ans en sortant d’une saison 2018 douloureuse. Il a aussi bénéficié de la supériorité de son équipe sur le final avec Van Marcke qui a préparé le terrain et Langeveld,qui l’a protégé, à l’image des Quickstep de l’an dernier qui cette fois ont été dépassés, et pas tant que ça d’ailleurs avec leur 2ème place mais quand Gilbert est malade, toute l’équipe tousse. Surtout la chute de Van der Poel de l’avis de beaucoup, a privé ce prodige de l’exploit qu’a accompli à sa place Bettiol. La chute de Tepstra a aussi désarçonné une formation Directenergie très motivée qui aurait à mon avis pesé sur le final avec son hollandais. Enfin un Van Avermaet trop seul et peu percutant ainsi qu’un Sagan méconnaissable ont favorisé les desseins de l’italien. Donc, faits de course plus une classe certaine ont donné la victoire à un Bettiol qui ne devrait pas en rester là. Quant… Lire la suite »
Naesen malade aussi.
VDP a déclaré qu’il n’a pas vu l’attaque de Bettiol. Si ça se trouve, il pouvait encore faire le jump !
Van Aert ??
Quant aux DQS, même avec la course perdue, ils font la course d’équipe et arrivent à faire 2 !