On avait abandonné le Franc-Comtois sur la dernière étape du Giro, victime d’une énorme défaillance le privant d’un deuxième podium en carrière sur un Grand Tour. Les batteries se devaient d’être rechargées, au même titre que la soif de résultats, après plusieurs désillusions consécutives. Bien rentré en Pologne, Pinot peut de nouveau nourrir de belles ambitions.

Une montée en puissance classique

Sur le Tour de Pologne, ceux qui gagnent sont rarement ceux qui brillent un mois plus tard dans les massifs du Tour d’Espagne. Arriver en forme trop tôt peut même s’avérer rédhibitoire, justement. Étincelant sur le Tour des Alpes deux semaines avant le départ du Tour d’Italie, Pinot a sans doute retenu la leçon, mais ne pouvait guère prétendre à un meilleur résultat après avoir passé soixante-neuf jours sans compétition. Derrière l’intouchable Kwiatkowski, en exhibition sur ses terres, Pinot a seulement été battu par Simon Yates, un temps son bourreau pendant le mois de mai. Mais le Britannique, précisément, n’est pas forcément l’exemple à suivre pour continuer une juste progression lui permettant d’atteindre le top de sa forme en fin de Vuelta, voire plus tard.

Pour 2018, le poulain de Marc Madiot avait initialement décidé de concentrer sa saison autour d’un enchaînement Giro-Tour qui sonne encore comme un rêve creux. Le grimpeur jurassien ayant lâché prise sur la vingtième étape au lendemain de la folle cavalcade de Chris Froome en direction du Jafferau, la feuille de route n’était plus tenable. Victime d’une pneumopathie aussi sèche que soudaine, l’ancien maillot blanc du Tour 2014 a zappé la Grande Boucle, pour se concentrer sur une fin de saison alléchante. Tour d’Espagne, Mondiaux d’Innsbruck et Tour de Lombardie, soit plus qu’une simple session de rattrapage.

De quoi s’envoler sereinement pour Malaga

Alors que d’autres spécialistes des courses par étapes ont connu des fortunes diverses en Pologne, Pinot s’est respectivement classé sixième, neuvième puis deuxième sur les trois étapes les plus vallonnées de la semaine. Sur des murs parfois aussi pentus que les miradors espagnols, George Bennett, Fabio Aru et Richard Carapaz ne lui ont pas été supérieurs. « Pour sa reprise, mais ça n’étonne personne, il est vraiment bien. En même temps, Thibaut s’entraîne tellement dur, quand il remet en route il est présent. Pour lui l’entraînement est plus compliqué que la course », précise son directeur sportif Franck Pineau. La satisfaction est aussi venue de son capitaine de route autrichien, Georg Preidler, vainqueur pour la première fois de sa carrière dans le final de Zakopane.

L’Autrichien, déjà au four et au moulin pour insérer Pinot dans les meilleures dispositions depuis son départ de Sunweb, a gonflé la confiance collective d’une équipe déjà en rodage pour le Tour d’Espagne, qui s’élancera de Malaga le 25 août prochain. Pas d’objectif encore défini pour Pinot, officiellement en reprise de sensations, même si l’ex-champion de France du contre-la-montre avait déclaré en début d’année vouloir connaître le podium des trois Grands Tours dans sa carrière. La concurrence sera bien plus rude qu’en Pologne, mais la fraîcheur des coureurs coupant de fin mai à début août s’avère généralement payante face aux forçats du dernier Tour de France. Avant peut-être de belles surprises, que ce soit sur le circuit des Mondiaux qu’il a repéré aux Tour des Alpes, ou en Lombardie, une épreuve qui lui réussit.

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