Au cœur des années 2000, puis au début de la décennie suivante, les Français ont dû se satisfaire de rôles secondaires chaque été, sur les routes du Tour de France. Pinot, Bardet et Alaphilippe n’étaient pas encore là. Les fantômes d’Armstrong à peine dissipés, quand l’Américain lui-même n’était pas de retour. Ce qui n’a pas empêché certains de tirer leur épingle du jeu. Jamais dans la bagarre pour la victoire finale, mais pour des accessits ou des maillots distinctifs. La Chronique du Vélo a décidé d’aller à la rencontre de ces acteurs et de raconter leurs Tours. Place aujourd’hui au dernier épisode avec les confessions de Jean-Christophe Péraud, qui en 2014, était le premier français à monter sur le podium du Tour depuis dix-sept ans.

Tous les entretiens :
Cyril Dessel : « Aujourd’hui tu vas tout faire : maillot jaune, maillot à pois, victoire d’étape » (1/5)
Sandy Casar : « Madiot m’a dit ‘Mon salaud, tu m’as bien baisé !’ » (2/5)
Christophe Le Mével : « En réalité, je crois que j’ai fait bien mieux que 10e » (3/5)
Anthony Charteau : « Je n’étais pas loin derrière Contador et Schleck » (4/5)
Jean-Christophe Péraud : « Je regardais le classement général tous les soirs » (5/5)

En 2014, votre début de saison est tonitruant : 2e du Tour Med avec une victoire d’étape au Mont Faron, vainqueur du Critérium International, 4e de Tirreno-Adriatico, 3e du Tour du Pays-Basque. Comment est-ce que vous vous sentez physiquement ?

Bizarrement, en tant qu’athlète on a toujours l’impression d’être au même niveau, que c’est le niveau des autres qui évolue. En compétition, on pousse toujours aussi loin notre curseur de résistance à la douleur. A titre personnel, mis à part peut-être une ou deux années noires, j’avais toujours l’impression d’être au même niveau. Mais force est de constater de par les résultats que ce n’était pas le cas.

Votre mois de juin est, au niveau des résultats, moins convainquant que votre début de saison : 37e du Dauphiné et 4e du championnat de France de contre-la-montre. L’objectif était d’atteindre votre pic de forme sur la troisième semaine du Tour ?

Ma préparation du Tour 2013, du Tour 2014 voire du Tour 2015 ont été les mêmes. Sauf que le corps ne réagît pas tout le temps de la même manière. En 2014, l’acquis de l’hiver et du début de saison a été le déclencheur. Cette année-là, j’ai vraiment surfé sur un haut niveau de forme que j’ai acquis pendant l’hiver et le début de saison. C’est comme ça que je le ressens. J’étais assez serein par rapport à mes performances et, clairement, le mois de juin a semé le doute dans ma tête. Après ma troisième place au Tour du Pays-Basque, je me disais « Bon, la saison a d’ores et déjà été bonne. Maintenant ce n’est que du bonus ! » Je n’avais pas de stress. Par contre, quand je me suis vu avec ce niveau de forme sur le Dauphiné et sur le championnat de France, je me suis dit « Je ne sais pas ce qu’il se passe mais mon corps ne veut pas se remettre en route et ça risque d’être compliqué. » Je suis donc arrivé sur le Tour 2014 dans le doute. Après, un Tour dure trois semaines et arriver sur un pic de forme en début de Tour, c’est peut-être une erreur. Il faut arriver en forme ascendante et monter crescendo son niveau sur la première et la deuxième semaine pour moins s’effondrer en troisième semaine. Finalement c’est un peu ce qu’il s’est passé.

« (Après l’étape des pavés), clairement, j’étais dégoûté. J’étais au fond du trou parce que c’était en décalage avec mon niveau physique. J’ai joué de malchance et je me suis retrouvé à 3’30. Pour moi, ça faisait un sacré trou. »

– Jean-Christophe Péraud

Vous croyiez-vous capable de faire deuxième du Tour avant de prendre le départ ?

Non, je suis clairement parti sur le Tour pour faire un top 5. Le niveau du début de saison était comme celui de 2013, peut-être même un poil meilleur. Ça m’a décontracté et enlevé de la pression.

En 2013, Romain Bardet se révèle sur les routes du Tour de France (15e). Est-ce que le leadership est davantage partagé à l’aube du Tour 2014 ?

J’avais auparavant partagé le leadership avec Nicolas Roche. Je n’ai jamais été leader unique sur le Tour de France. Donc pour moi, ça ne changeait donc rien à la donne. Je n’avais pas besoin d’être déclaré leader unique pour exister pendant la course.

Quelle est la première image que vous avez en tête lorsque l’on évoque le Tour 2014 ?

Il y a plein de petits passages. Le soulagement à l’arrivée du contre-la-montre la veille de l’arrivée, quand j’apprends que je fais deuxième du Tour, c’est peut-être l’élément le plus marquant. Ensuite, je pense à l’arrivée à Risoul (lors de la 14e étape, ndlr), quand j’arrive difficilement à accompagner Nibali. C’est à ce moment que je me dis qu’il y a peut-être quelque chose qui en train de se jouer. Enfin, je pense à la montée au Pla d’Adet, un moment vraiment agréable où j’avais l’impression de ne pas subir la course et de pouvoir la faire.

En 2014, les trois premières étapes du Tour se déroulent au Royaume-Uni. Quel souvenir en avez-vous ?

Un super souvenir. Les routes étant étroites en Angleterre et l’engouement pour le vélo étant ce qu’il est, c’était vraiment impressionnant. Il y avait du monde partout sur toutes les routes. C’était une vraie fête du vélo.

La première semaine du Tour est marquée par l’étape des pavés. Vous perdez près de 3’30 sur Nibali. L’étape est aussi marquée par l’abandon de Chris Froome et une météo exécrable. C’est une journée difficile pour vous ?

Oui, c’est contradictoire parce que j’avais un très bon niveau et j’avais les aptitudes pour passer les pavés. Pour la petite histoire, je suis sorti du deuxième secteur pavé juste derrière Nibali. Je me suis retrouvé avec Trofimov et on a chassé pendant 10/15 minutes pour rentrer dans le groupe de tête. On est arrivés dans les voitures mais tous les efforts que l’on avait fait pour rentrer sur la tête ont été annihilés puisqu’une voiture nous a un peu bouchonnés dans un rond-point. Ça nous a fait perdre les 15/20 secondes que l’on avait difficilement repris au groupe de tête pendant la chasse. Après, j’ai crevé. Du deuxième groupe, je me suis retrouvé dans le troisième. J’ai même fini la course avec le patin qui touchait. C’est dommage parce que j’étais en forme et j’adorais courir dans la boue, ça me rappelait les sensations du VTT. J’ai adoré cette étape mais j’ai joué de malchance pour finalement laisser 3 minutes et demie.

Péraud a vécu un début de Tour délicat, notamment sur les pavés – Photo DR

Après cette étape, vous êtes 24e du général à 3’29 du leader, Nibali. Quel est votre état d’esprit le soir à l’hôtel ?

Clairement, j’étais dégoûté. J’étais au fond du trou parce que c’était en décalage avec mon niveau physique. J’ai joué de malchance et je me suis retrouvé à 3’30. Pour moi, ça faisait un sacré trou.

Comment faîtes-vous pour vous remobiliser ?

La course continue. J’ai continué en ayant en tête de faire au mieux. L’avantage d’une course à étapes, c’est que si on n’est pas au général on peut viser des étapes. Il y a toujours un moyen de trouver sa place, sauf quand on est hors de forme. J’ai poursuivi la compétition, pas comme si de rien n’était, mais en essayant de faire pour le mieux.

La 8e étape est marquée par la première arrivée au sommet, à Gérardmer dans les Vosges. C’est votre coéquipier Blel Kadri qui l’emporte et vous arrivez avec les meilleurs. Seuls Contador, Nibali et Porte vous reprennent quelques secondes dans les derniers mètres. C’est une journée fondatrice ?

Oui, effectivement. Une victoire d’étape soulage tout un collectif, la pression est moindre. Pour une équipe française, le Tour est déjà réussi. A titre personnel, cette étape m’a permis de remonter au général malgré les minutes perdues à Roubaix (21e du général le matin, Péraud est 14e suite à cette étape, ndlr). J’ai aussi vu que j’étais en mesure de jouer avec les meilleurs et effectivement, ça m’a redonné du baume au cœur.

Deux jours plus tard, avant la première journée de repos, Contador abandonne tandis que Nibali l’emporte à la Planche des Belles Filles et s’affirme comme l’homme fort de ce Tour. De votre côté, vous faîtes votre entrée dans le top 10 au général. C’est cette étape qui vous rassure définitivement sur votre condition ?

« C’est triste à dire mais les abandons de Froome et Contador, ça fait deux athlètes hors de la course. Sans ça, je pense que j’aurais été dans les clous pour mon top 5 mais je n’aurais pas fini second. Froome était au-dessus de moi et Contador certainement aussi. »

– Jean-Christophe Péraud

Oui, la Planche des Belles-Filles a été importante. Je me suis dit que j’allais faire un bon Tour de France. Je commençais vraiment à être confiant pour la suite.

Comment réagissez-vous aux abandons de Froome et Contador ? Vous vous dîtes qu’il y a quelque chose à faire ?

Oui, un petit peu quand même. C’est triste à dire mais ça fait deux athlètes hors de la course.

Auriez-vous fait 2ème du Tour sans ces abandons ?

Non. Je pense que j’aurais été dans les clous pour mon top 5 mais je n’aurais pas fini second. Froome était au-dessus de moi et Contador certainement aussi.

En fin de première semaine, il y a aussi cette chute avant l’arrivée à Nancy.

Tejay Van Garderen tombe juste avant d’arriver à Nancy et je me suis retrouvé retardé à devoir chasser pour remonter dans le groupe de tête. C’est Blel Kadri qui m’avait ramené dans le groupe de tête et il avait assez facilement réussi à recoller les wagons. C’était à 10-15 bornes de l’arrivée donc il ne fallait pas traîner pour rentrer.

Quel est votre sentiment après cette première partie de Tour ? Est-ce que vous revoyez vos objectifs à la hausse ?

Oui, là je commence à revoir mes objectifs à la hausse. Je commence à penser au podium. Je regardais qui étais en lice pour le général et je commençais à me dire qu’il y avait moyen d’aller faire dans les trois premiers.

Quels étaient les coureurs que vous voyiez comme plus forts que vous ?

Nibali ! (Il rigole) Pour moi, il était intouchable. Mais les autres, je les sentais à ma portée.

Arrêtons-nous à présent sur l’étape de Chamrousse. C’est la 13e étape.

J’avais un peu galéré. Je m’en souviens parce que je croyais au podium à la Planche des Belles-Filles et en arrivant à Chamrousse, je me dis « Ouh, finalement ça ne va pas être aussi facile que ça. » Ce n’était pas la joie. J’ai une crevaison dans la descente avant d’arriver à Chamrousse. On montait un col un peu pentu (le col de Palaquit, ndlr) et je me suis retrouvé à chasser avec Ben Gastauer qui m’a aidé. Il faisait super chaud, c’était caniculaire. J’avais des crampes en montant à Chamrousse. C’est pour ça que j’ai un peu subi ce jour-là. A ce moment, je me dis « Ah mince, je n’arrive plus à accompagner les meilleurs. Thibaut et Valverde font leur numéro et je ne suis pas capable de les suivre. »

A plusieurs reprises, Péraud est le seul à accompagner Nibali – Photo DR

L’autre élément marquant de cette étape est la défaillance de Richie Porte, alors deuxième du général. Vous vous dîtes que c’est encore une place qui se libère ?

Je pense que c’est ce que j’ai dû me dire. (Il rigole) Le malheur des uns fait le bonheur des autres.

Vous parliez tout à l’heure du travail de Blel Kadri sur l’étape de Nancy, à Chamrousse c’est Ben Gastauer qui vous ramène dans le groupe de tête. Quel est le rôle de vos coéquipiers dans votre performance ?

Le vélo est un sport d’équipe. Sans une équipe forte, on ne peut pas réussir. On peut réussir à aller faire des top 10 tout seul en suivant mais une équipe va permettre d’aller plus haut, de s’économiser et d’aller chercher la performance.

Romain Bardet reste assez longtemps devant vous au général. Est-ce qu’il y a une émulation positive entre vous du fait que vous jouiez tous les deux les premiers rôles ?

Romain n’était pas un concurrent. On défendait le même maillot, on avait les mêmes intérêts donc je voyais d’un bon œil sa réussite sportive.

Pendant la course, il y a des moments où vous vous êtes entraidés ?

C’est arrivé une fois, lors de la montée du Pla d’Adet. Il a durci la course en attaquant et ça m’a permis de contrer derrière. Avoir deux athlètes d’un niveau quasiment similaire peut offrir de gros atouts. En 2015, je gagne le Critérium International alors que je suis hors de forme. Je devais bosser pour Alexis Vuillermoz, il était bien mieux que moi, et ça a fini par piéger Thibaut (Pinot, deuxième cette année-là, ndlr). Avoir plusieurs cartes à jouer permet de faire la différence.

C’est lors de la 14e étape arrivant à Risoul que vous arrivez à suivre Nibali pour la première fois. Est-ce que c’est un déclic ?

Ah oui, clairement. A ce moment-là, je me dis que c’est bien embarqué pour un podium du Tour ! (Il rigole)

Comment vous réussissez à tenir le coup pour garder sa roue ?

J’étais à deux doigts de lâcher prise mais je suis raccroché à mes adversaires. Je me suis dit « Tu es en train de prendre du temps sur tes adversaires. Si tu lâches sa roue, tu vas te retrouver tout seul, tu vas t’arrêter sur le bas-côté et les autres vont te reprendre. Potentiellement, tu perdras même du temps donc ce n’est pas possible. Tu restes là ! » C’est ça qui m’a fait tenir.

« (Au Tourmalet), c’était sauve qui peut cette journée. J’avais noté que Thibaut était bien un jour et le lendemain il était moins bien. Moi, c’était le contraire. Quand on se sent bien, on pousse la machine à fond. Ce que j’avais fait au Pla d’Adet, je l’ai payé sur Hautacam. »

– Jean-Christophe Péraud

Lors de la 17e étape, vous arrivez une nouvelle fois à suivre la roue de Nibali au Pla d’Adet. En revoyant les images, on a vraiment l’impression que vous êtes à la rupture. Comment fait-on pour aller aussi loin dans la souffrance et l’effort ?

C’est la tête qui décide. (Il rigole)

Vous faisiez un travail psychologique particulier ?

Non, du tout. C’est un travail de tous les jours. C’est à l’entraînement qu’on s’habitue à être à la rupture, moins longtemps certes, mais je n’ai pas fait que des entraînements faciles dans ma carrière. Finalement, une des vertus de l’entraînement est d’apprivoiser la douleur. Pour revenir au Pla d’Adet, contrairement à ce qu’on voit sur les images, j’étais plutôt très bien. C’est une étape où je n’ai pas subi le niveau de Vincenzo. C’est une des rares étapes où je me suis senti en mesure de l’accompagner sans trop de difficultés.

Vous le saviez, au fur et à mesure de la montée, que si Nibali attaquait vous alliez être en capacité de le suivre ?

Oui, en plus il avait assuré sa place au classement général donc je n’étais pas un concurrent pour lui. J’avais tout intérêt à collaborer pour creuser l’écart, ça s’est fait en bonne intelligence.

La dernière étape de montagne du Tour de France passe par le Tourmalet et arrive à Hautacam. Le matin de l’étape, Valverde est 2e à 5’26 de Nibali, Pinot est à 6 minutes et vous êtes 4e à 6’08. Dans la descente du Tourmalet, Valverde lance les grandes manœuvres mais il est rapidement repris. Comment aviez-vous vécu l’attaque de Valverde ?

C’était sauve qui peut cette journée. J’avais noté que Thibaut était bien un jour et le lendemain il était moins bien. Moi, c’était le contraire. Quand on se sent bien, on pousse la machine à fond. Ce que j’avais fait au Pla d’Adet, je l’ai payé sur Hautacam. En plus, le Tourmalet est assez haut (le sommet est à 2115 mètres, ndlr) et j’avais vraiment du mal dès que ça passait au-dessus de 1800 mètres. J’étais vraiment en galère ce jour-là et je n’ai même pas eu l’idée d’essayer de suivre Nibali. C’était sauve qui peut, j’essayais juste de marquer mes adversaires directs. Ça n’était vraiment que de la douleur et ce n’est que la tête qui m’a permis de garder les roues.

17 ans après Virenque, un Français monte sur le podium (il est accompagné de Pinot) – Photo DR

Est-ce que vous aviez fait un travail particulier pour observer vos adversaires directs et ainsi déceler leurs moments de faiblesse ?

Pas particulièrement. Je pense que l’on courrait assez souvent ensemble pour connaître les faiblesses de chacun. Je savais que sur le chrono j’avais toutes les chances de pouvoir reprendre du temps. Les forces de mes adversaires, je les connaissais.

Quel rapport aviez-vous avec le classement général établi après chaque étape ? Est-ce que vous le regardiez chaque soir pour voir comment grapiller des places ?

Oui ! (Il rigole) Clairement, je regardais le classement général tous les soirs. J’analysais les écarts. Quant à comment récupérer du temps, c’est sur les arrivées au sommet et sur les contre-la-montre. On ne sait pas comment la course va être gagnée mais on sait comment on peut reprendre du temps.

Au sommet de Hautacam, vous montez sur le podium puisque vous avez deux secondes d’avance sur Valverde qui rétrograde à la 4e place. Vous saviez que le podium était acquis à ce moment-là ?

Dans ma tête oui, c’était bon. Là, je courrais pour faire deuxième. Pour moi, j’étais même déjà deuxième à ce moment-là.

A la veille de l’arrivée, il y a ce contre-la-montre de 54 kilomètres entre Bergerac et Périgueux. Malgré une crevaison de la roue arrière, vous grappillez une nouvelle place au général et vous passez devant Pinot. Comment avez-vous géré cette crevaison ?

Je calcule. On a les écarts et on voit dans quel temps on est par rapport aux adversaires. J’étais plus rapide que Valverde et Thibaut. J’ai donc calculé que, potentiellement, ça pouvait encore le faire pour la deuxième place.

Donc pas d’affolement à ce moment-là ?

(Il rigole) Un peu d’énervement quand même parce que c’est plus agréable de faire les choses dans la facilité mais je reste concentré sur ce que je voulais réaliser. Je ne me démobilise pas.

« Au niveau de l’entraînement, c’était le même niveau d’implication pour le Tour et les Jeux, mais sur le point alimentaire, j’étais certainement plus rigoureux pour les Jeux. J’ai plus ressenti la satisfaction du devoir accompli sur les Jeux. Après, l’engouement médiatique est bien plus important sur le Tour de France. »

– Jean-Christophe Péraud

Vous avez quel souvenir de votre podium sur les Champs-Elysées ?

Un bon ! (Il rigole) C’est un bon souvenir, la consécration de trois semaines de course.

C’est plus fort que votre médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Pékin ?

C’est la fameuse question. Et la réponse est toujours la même. Le podium du Tour n’était pas un objectif à la base donc c’est presque une heureuse surprise. Alors que les Jeux Olympiques, ça n’était pas une surprise, il y avait eu tout un travail et une préparation pour en arriver là. Au niveau de l’entraînement, c’était le même niveau d’implication pour le Tour et les Jeux, mais sur le point alimentaire, j’étais certainement plus rigoureux pour les Jeux. J’ai plus ressenti la satisfaction du devoir accompli sur les Jeux. Après, l’engouement médiatique est bien plus important sur le Tour de France.

D’ailleurs, comment gère-t-on cet engouement médiatique ?

Je le gère bien parce que ce n’est pas ce que je recherche.

Vous étiez le premier Français à grimper sur la deuxième marche du podium du Tour de France depuis Richard Virenque en 1997. Qu’est-ce que ça fait ?

En fait, je ne pensais pas particulièrement à ça. Pour moi, la compétition a été tous les jours un accomplissement personnel et une quête personnelle. Même si ça fait toujours plaisir, la reconnaissance n’était pas le moteur.

Qu’est-ce ces trois semaines de course ont changé pour la suite de votre carrière ?

C’était la fin de ma carrière ! (Il rigole) A la sortie du Tour, je ne m’imaginais pas le gagner un jour, mais je m’imaginais bien faire un podium sur le Giro. C’était mon souhait personnel et je me disais que si je retrouvais ce niveau de performance, j’étais capable de le refaire, d’aller chercher des podiums de grands tours. C’était ma conviction à la sortie du Tour de France. Mais la réalité des choses m’a rattrapé. Je fais un mauvais hiver, notamment de par les sollicitations, et je réalise une année 2015 blanche. A ce moment-là, je me dis que je vais arrêter ma carrière, que je suis trop vieux et que ça ne sert à rien de continuer car je ne ferai jamais mieux que deuxième du Tour. En 2016, par contre, j’avais à cœur de bien terminer ma carrière avec de beaux résultats. J’avais le Giro en tête pour essayer de faire un podium. L’hiver avait été bon et studieux, j’avais changé mes habitudes puisque l’objectif était le Giro au mois de mai. J’arrive en Italie avec un très bon niveau sportif mais j’ai chuté et c’était un peu la fin de ma carrière.

Vous n’avez jamais imaginé remporter un grand tour ?

Non, clairement pas.

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