Loin d’Egan Bernal, Julian Alaphilippe, Caleb Ewan ou même Simon Yates, les hommes les plus en vue de ce Tour de France, certains ont connu trois semaines bien compliquées, marquées par de grandes désillusions. Petite revue d’effectif de ceux que l’on attendait bien plus haut et qui auront droit, pour certains, à une grande remise en question.
Romain Bardet
L’Auvergnat avait cliniquement répété qu’il venait sur le Tour pour la gagne, et qu’il avait trop connu l’adrénaline des podiums et des places d’honneur pour passer à côté. Son maillot à pois couronne son abnégation à la tâche et un moral vaillant, mais ne peut passer sous silence l’énorme raté de la première partie de Tour, où le garçon a sombré dans les grandes largeurs. Le voir dans le rouge sur une accélération de Jesus Herrada dans le dernier kilomètre du Mont Ventoux avait propagé un premier frisson d’inquiétude, après une préparation des plus ternes, mais lâché dans le Soulor, Bardet ne pouvait plus faire illusion. Un échec intriguant, tant l’athlète et son encadrement demeurent reconnus pour leur professionnalisme lors des stages d’entraînement, avec des tests physiologiques millimétrés. Le principal intéressé a reconnu son été zéro, et va devoir faire des choix cruciaux pour la suite de sa carrière. Quel contraste par rapport à l’euphorie suscitée par ses compatriotes.
Adam Yates
Auteur de six premiers mois excellents en 2019, Adam Yates faisait légitimement partie de nos favoris pour le podium. Deux de nos rédacteurs l’avaient respectivement positionné à la seconde et à la troisième place du classement final. Mais comme l’an passé, le Britannique a flanché, et c’est d’autant plus inquiétant que sa baisse de régime est survenue au même moment, à savoir dans la première grande arrivée au sommet du Tour. Le jumeau de Simon avait connu une défaillance dans la Rosière en 2018, et c’est dans le Tourmalet que toutes ses chances de classement général se sont envolées. Heureusement que ses coéquipiers se sont surpassés pour rattraper le bilan collectif avec pas moins de quatre victoires d’étapes. Mais peut-on vraiment s’en satisfaire lorsque l’on se présentait au départ de Bruxelles avec un ex-maillot blanc et quatrième du Tour ? Conforté dans son statut par le manager général, Matthew White, au début de l’année 2019, Yates n’avait pas modifié sa préparation d’un iota. À bientôt 27 ans, des questions vont forcément devoir se poser.
Astana
Tube du printemps, l’équipe kazakhe a baissé le pied au mois de juillet. Une fois de plus, son leader, Jakob Fuglsang, n’a pas été épargné par la malchance sur les routes françaises, mais il est compliqué d’accabler le seul Danois, encore vainqueur du Dauphiné il y a un mois. La condition de ses coéquipiers en a laissé sceptique plus d’un, tant la redoutable machine à victoires d’étapes sur le dernier Tour d’Italie est devenue muette. Même échappés, Pello Bilbao, Gorka Izagirre et Omar Fraile n’ont pas trouvé la clé et payent le fait d’avoir été au four et au moulin depuis le mois de février. Lutsenko était peut-être le plus en jambes, mais est toujours tombé sur plus fort que lui, en particulier dans le Col du Galibier. Bilan des courses, une dix-neuvième place au général en guise de meilleur classement, et surtout un mois de disette pour la formation d’Alexandre Vinokourov. Plutôt rare pour le souligner.
Michal Kwiatkowski
Sur courant alternatif, le Polonais n’a jamais été à la hauteur sur ce Tour de France, et ses performances individuelles expliquent en partie la fébrilité du team Ineos sur les étapes pyrénéennes, où ses adversaires l’ont mise en difficulté comme jamais. Souvent lâché avant même le pied des cols et nonchalant, l’ancien champion du monde n’est plus dans le coup depuis sa chute au Tour du Pays Basque, malgré un retour express pour échouer aux portes du top 10 sur les trois classiques ardennaises. Aurait-il brûlé les étapes ? Déjà transparent au Dauphiné alors qu’il aurait pu prétendre au leadership sur la base de son seul talent, « Kwiatko » peut avoir la conscience tranquille puisque la bande à Nicolas Portal a sauvé l’essentiel, en remportant un septième Tour en huit ans, mais une coupure apparaît franchement bienvenue pour un homme qui semble au bout du rouleau.
UAE Emirates
Venue pour secouer le Tour de France, la formation des Émirats n’aura montré son meilleur visage que par l’intermédiaire du jeune Jasper Philipsen, brillant sprinteur en devenir. Deuxième à Nancy, Alexander Kristoff n’est pas passé loin d’une victoire d’étape qui aurait été un sacré trompe-l’œil, tant le Norvégien fut le plus souvent à côté de la plaque. Mais il n’est pas le seul. Dan Martin, d’habitude très régulier, n’a pas existé, et a précipité ses équipiers dans un marasme dont il est bien difficile de s’extirper. Entre manque de classe et manque de jambes, Rui Costa n’a pas fait honneur à ses liserés arc-en-ciel, et Sergio Henao est à des années-lumière de son niveau passé lorsqu’il faisait le train pour Chris Froome. Si l’on rajoute à cela cette improbable bourde logistique sur une aire d’autoroute lors de la seconde journée de repos, narrée par nos confrères de Libération, l’excuse de la boisson énergétique devenue contre-performante aura bien du mal à produire ses effets.
Moi mon flop perso c’est Mohorič. C’est un choix très subjectif mais je le voyais claquer une étape à la De Gendt, au moins animer certaines étapes dans une équipe qui ne jouait pas le CG. Au final, il n’a pas été beaucoup en vu. Déception.
Esperons que romain pourra se relancer d’ici à la fin de saison pour repartir sur de bonnes bases l’an prochain. Fera-t-il la Vuelta? Peut-il viser la Lombardie?
En tout cas, il a bien redressé la barre. Jalabert le voyait abandonné car pas assez en jambes pour faire les pois, il a réussi quand même.
Je rajouterai le collectif – coureurs et et DS compris – Movistar
En effet comment une équipe avec autant d’individualités dans la montagne a t-elle pu courir avec tant de constance et régularité à contre courant !
Pour rappel : Superman /Soler, ex Sky / Landa , el imbatido/ Valverde et enfin Joachim Agostihno/ Quintana , dont la victoire d’étape ne peut masquer les déceptions individuelles et les incohérences collectives …
C’est la tactique qui est à revoir. Valverde n’a pas démérité.
La Movistar a bien couru ; pour preuve, sans la chute le jour de la bordure & le débours du CLM/équipe, Landa serait second à moins d’une minute de Bernal, tout en ayant couru le Giro auparavant.
Après il est vrai qu’elle a roulé sur Quintana, mais ça c’est le juste retour de la monnaie de sa pièce pour l’antipathique Colombien… Depuis deux ans il se plaint, ou se fait plaindre par l’intermédiaire de son père, il s’en va, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’on roule pour lui non plus.
» … sans la chute le jour de la bordure & le débours du CLM/équipe, Landa serait second à moins d’une minute de Bernal … »
et sans sa blessure au genou, Pinot aurait gagné le tour de France …
Avec des si …
La tactique d’une équipe doit tenir compte de tous les paramètres de course, entre autres les éventuels débours (bordures, chutes) en fonction desquels elle doit s’adapter.
Le fait que Landa était déjà à 3 minutes au général est un paramètre que la Movistar se devait d’intégrer dans sa « tactique »,
Mais au lieu de cela, ils roulent sur leur propre coureur car celui-ci menace de passer devant Landa au classement général, tout ça parce que le Colombien est antipathique …
nul Bardet , non seulement il ne court presque que le tour de France on dirait même qu’il court le tour de France pour le préparer , comme vous le dites dans le reportage il a sombré , mais en plus vainqueur du maillot à pois , alors là , il n’a passé aucun col digne de ce nom en tête ,l’étape ou il aller très certainement le perdre , tronqué enfin bef nul de chez nul
@James
Finalement, j’aimais bien votre second degré :D
C’est faux. Il a eu un programme avant le tour : entre autres Paris Nice, La flèche wallonne, LBL, le dauphiné etc. Pas mal d’autres coureurs ne sont là que pour le tour, ou presque.
Bourde logistique des UAE ? Quelqu’un pourrait-il éclairer ma lanterne ?
Apparemment, le 21 juillet, ils ont dû faire un arrêt entre Foix et Nîmes pour acheter des sandwichs triangle sur une aire d’autoroute car le staff avait oublié de préparer une collation à ses coureurs pour le transfert en bus long de quatre heures …
Comme quoi même avec un budget annuel de 30 millions d’euros …
Merci.
C’est effectivement une belle boulette.
Belle analyse. Bardet on peut dire qu’il s’en sort très bien avec ce maillot à pois. Je pense honnêtement qu’il doit faire d’autres courses ( strade bianche, liège, flèche wallone, giro) pour retrouver du plaisir.
Astana transparent certes, mais quelque part c’est rassurant de voir que le pic de forme ne peut se prolonger éternellement.. Kwatkowski il est rincé de à faire le rouleur compresseur des Ineos je partage cet avis, bien dommage pour un classic man comme lui
Le Giro me semble aussi difficile pour lui que le TDF.
Sinon les flops : Greipel complètement absent, Naessen en tant qu’équipier, Calmejane oui, Quintana malgré sa victoire d’étape…
Adam Yates il nous fait un peu comme Pinot en 2015-2016. Très regulié sur les courses d’une semaine et derrière un flop sur le TDF. Je m’attendais pourtant à un gros Tour de sa part.
Sinon pour moi le plus gros flop c’est Romain Bardet. Je m’attendais pas à un grand Bardet sur ce Tour vu les courses de préparations mais là c’était quand même très faible. Oui il a le maillot à pois mais c’est pas suffisant pour lui. Surtout quand on voit comment il a remporté ce maillot. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu un maillot à pois aussi peu mérité. Pas de victoire d’étape, aucun col passé en tête.
Sauf que Pinot craque, mais avant il a des résultats. Yates il pète dans la première bosse.
2015-2016 pas vraiment. Sur le Tour il craque également dès le début. C’est de ce Pinot que je parlais pas celui de cette année.
En 2015, il accroche quand même une étape, il se reprend, ce que n’a pu faire Yates.
Ouai c’est vrai qu’il accroche quand même une belle étape en 2015. Mais bon vu les attentes après son podium ça restait une grosse déception. Mais c’est vrai que ça reste mieux que Yates même si lui sans sa chute l’année dernière il aurait également eu son étape.
J’ajouterais Direct Energie dans les flops. Ca faisait plusieurs Tours qu’ils se montraient à leur avantage, ils étaient ambitieux avec les moyens de Total, et on ne les a jamais vus. L’abandon de Terpstra ne les a pas aidés, mais un Calmejane en particulier était loin de ce qu’on pouvait en attendre.
Tout à fait d’accord. Total Direct Energie n’a pas fait honneur à son invitation sur le Tour. L’équipe était quand-même très faible sur le papier pour un grand Tour. Et dans les faits, ça s’est avéré être vrai.
Certes, Terpstra est un coureur de grande classe mais il n’a jamais vraiment été brillant sur les grands tours. Bonifazio est un bon sprinter mais il a malgré tout peu de chance face aux meilleurs de la spécialité (et en plus, il est un peu esseulé lors des emballages). Pas de grimpeur, pas de coureur pour le général, pas concernée par le contre la montre par équipe et un leader que, personnellement je ne trouve pas très convaincant.
Lilian Calmejane a gagné une très belle étape sur le Tour il y a deux ans mais depuis… J’ai l’impression de l’avoir plus souvent vu se plaindre ou réprimander ses compagnons d’échappée parce qu’ils ne roulent pas comme il le voudrait que d’essayer d’aller gagner réellement quelque chose. Je l’ai trouvé très pénible pendant ce tour. Et je l’ai surtout vu décrocher très tôt dans les cols, certainement volontairement. Pour quel résultat ? je me le demande…
On ne va pas revenir sur le « débat » d’avant Tour (et surtout, on aura jamais la réponse) mais je reste persuadé que les Vital Concept auraient pu aligner une équipe plus passionnante que Total Direct Energie sur ce Tour. Dommage…
Oui Calmejane était à la rue et on l’a vu s’énerver quand Sicard attaque.
Flop N°1 : Le maillot à pois
Le plus léger maillot à poi(d)s depuis très très longtemps. Et pas uniquement au niveau de la masse du coureur …
Flop N°2 : La tactique des Movistar
S’il y avait sur ce tour un prix du comique, ils l’auraient gagné haut la main …
Flop N°3 : Tous les outsiders pour le classement général (ou considérés comme tels au départ)
Il n’y a eu que le cintre qui s’est accroché …
Flop N°4 : L’équipe AG2R
A part être dans les échappées pour montrer le maillot …
Ils savaient depuis octobre qu’il y aurait un TTT et un ITT sur le tour mais au final, non seulement, ils ne se sont pas renforcés en recrutant peut-être plus de rouleurs, mais en plus et surtout, ils n’ont même pas la gêne de dire partout qu’ils n’ont pas du tout travaillé le CLM …
Mais que malgré tout, ils ambitionnaient quand même de gagner le tour …
Flop N°5 : L’équipe COFIDIS
Quoique c’est devenu banal pour eux depuis une décennie …
Flop N°6 : La météo qui a considérablement modifié la 3ème semaine de course
Flop N°7 : Le nouveau barème pour le calcul du maillot à pois
Flop N°8 : Entendre, lire ou écouter les « journalistes » (essentiellement Français) répéter qu’aucun Français n’a gagné le Tour depuis Bernard Hinault en 1985 … et ce depuis … 1986
Auxquels j’ajouterai le peu de temps pendant lequel on voit réellement les coureurs à l’écran lors de la télédiffusion ! La course est vraiment devenue qu’accessoire !