Pour son premier grand tour l’an passé, Miguel Angel Lopez avait étalé toute sa classe le long des routes de la Vuelta. Sans finir sur le podium final, celui qui n’était que co-leader en compagnie de Fabio Aru a depuis pris les clés du camion et sera l’unique patron d’Astana sur le Giro. A seulement 24 ans, son inexpérience lui confère un avantage unique, la quasi absence de pression au départ de Jérusalem.

Là où il peut gagner le Giro : au Campo Imperatore

La troisième arrivée au sommet du Tour d’Italie n’est peut-être pas la plus effrayante sur le papier, mais c’est probablement celle qui correspond le mieux aux aptitudes de « Superman ». Une montée asphyxiante de plus de trente kilomètres, décomposée en trois temps, aux allures du « Ventoux des Apennins » en raison de son paysage semi-lunaire et des rampes finales à 13 %. Tout est réunit, en fait, pour que le petit colombien passe à l’offensive. C’est justement sa marque de fabrique.

Relégué à plus de trois minutes de Christopher Froome en première semaine sur la dernière Vuelta, il avait tout donné dès la première étape de haute-montagne, à Calar Alto, pour faire un superbe rapproché. Un premier succès suivi quelques jours d’un deuxième, à l’Alto Hoya de la Mora, avec à chaque fois un profil similaire : des cols longs et irréguliers. Prenant pour modèle son mentor Vinokourov, il avait creusé des écarts très importants, qui auraient dû lui permettre un top 5 à l’arrivée. S’il ne fait pas d’erreurs du côté d’Israël ou de la Sicile, sa dangerosité ne permettra pas le moindre relâchement à ses adversaires.

Là où il peut perdre le Giro : sur le chrono de dernière semaine

Même si nous n’aimons pas ce genre de raisonnement déterministe, il faut admettre qu’à l’exception de Santiago Botero, le contre-la-montre n’a jamais été la tasse de thé des « escarabajos » sud-américains. Comme Quintana, Lopez n’y échappe pas, et sans être un piètre rouleur trustant les dernières places de ces étapes, l’addition sera forcément salée au terme des trente-quatre kilomètres qui séparent Trente de Rovereto lors de la seizième étape du Giro. Côté stratégie, il lui faudra avoir fait le break sur Tom Dumoulin dans le Monte Zoncolan ainsi que le lendemain vers Sappada. Sur une distance à peine plus longue, il avait concédé 2’34’’ à Froome sur la dernière Vuelta, ou 2’58’’ à Dumoulin il y a trois ans sur le Tour de Suisse.

Cette année, ses deux seuls chronos disputés l’ont été sur des courtes distances, mais ses performances restent alarmantes. Capable de perdre près d’une minute sur les neuf kilomètres de Jérusalem, ses seules certitudes dans l’exercice se situent dans des parcours très compliqués : Pays-Basque en 2016, et chrono de Davos la même saison sur un Tour de Suisse qu’il avait remporté, signe d’une excellente condition. Alors, bien sûr, tout ne sera pas terminé au soir de cette étape, mais il faudra frapper que le retard ne soit pas rédhibitoire pour que les trois dernières étapes décisives permettent encore de renverser la vapeur.


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