Le Tour est terminé, mais ses acteurs n’ont pas tous été récompensés à la hauteur de leurs exploits. La Chronique du Vélo répare ces injustices et braque les projecteurs sur certains en décernant ses récompenses de la Grande Boucle. Nous continuons aujourd’hui avec l’award du coureur le plus audacieux décerné à Primoz Roglic.

Contempler la silhouette de Primoz Roglic sur les routes du Tour de France n’avait rien d’inédit après sa démonstration du côté de Serre-Chevalier en 2017. Le voir jouer le classement général conservait une grande part d’inconnu. Alors, même s’il échoue au pied du podium, le Slovène mérite de se voir décerner la casquette du plus audacieux, parce qu’il a beaucoup tenté. Il aurait aussi pu être élu coureur le plus étonnant.

Des ressources inépuisables

Dominateur sur les Tours du Pays-Basque et de Romandie, qu’il a brillamment remporté, Primoz Roglic n’avait jamais eu l’opportunité de jouer le général sur trois semaines sans se relâcher, en dépit de premiers coups d’éclats aussi bien en Italie qu’en France. Propulsé dans la peau de l’électron libre par sa formation, LottoNL, Roglic a tout simplement réalisé une seconde moitié de Tour de France époustouflante. Solidement accroché au bon wagon à la sortie des Alpes, il n’a cessé par la suite de reprendre du temps à ses adversaires, pour le moins ébahis devant ses accélérations. D’abord à Mende. Puis dans le Col du Portet, meilleur des autres derrière le maillot jaune, et deux outsiders partis au pied. Avant de joindre au tout une partition parfaite dans la descente du col d’Aubisque, ce qui lui rapportera une victoire d’étape à Laruns.

Indiscutablement l’homme fort de la troisième semaine du Tour, le médaillé de bronze aux championnats du monde contre-la-montre de Bergen a failli au pire des moments dans sa discipline de prédilection. Pour autant, on ne peut pas vraiment lui en vouloir, au vu de l’abnégation montrée tout au long des trois semaines. Décomplexé et surmotivé, Roglic l’est en partie pour ne pas avoir encore atteint, ou du moins connu avec certitude ses limites physiques et mentales. Rescapé du saut à ski, la rapidité avec laquelle ce nouveau spécialiste des courses par étapes s’est reconverti dans le cyclisme n’est pas loin d’avoir bluffé l’intégralité du peloton. À la veille du dernier round dans le Pays-Basque, il privait carrément le quadruple lauréat de la Grande Boucle de la troisième marche du podium.

Un caractère résolument offensif

Bien aidé par son lieutenant d’un mois, Steven Kruijswijk, Primoz Roglic a très peu chômé, et s’est mué en infatigable meneur de groupe. Pas avare de relais, le garçon de 29 ans se reconnaît volontiers dans la position du chassé, au détriment de celle du chasseur. Ainsi, à Mende, sur une pente qu’il affectionne, lui rappelant son succès à Trevi lors de Tirreno-Adriatico, il s’est dressé sur ses pédales sans prévenir personne. De même dans la montée de l’Aubisque, où il essaya à de nombreuses reprises de décrocher Dumoulin et les Sky. L’entreprise de son coéquipier néerlandais, parti dans l’ascension de la Croix-de-Fer sur la douzième étape, aurait pu elle aussi fonctionner et lui dérouler le tapis rouge pour marquer les esprits un petit peu plus tôt.

Mais à force de persévérer, la juste récompense est finalement arrivée, malgré l’absence de podium. Roglic aurait sûrement échangé la haie d’honneur qu’il a reçu à proximité du bus de son équipe, près de la place de la Concorde, contre une place sur le podium des Champs-Elysées. Mais le rendez-vous est pris, et désormais, ses dirigeants ne pourront plus s’auto-censurer en l’alignant au départ d’un grand tour. Plus âgé et loin de l’agilité d’un Bernal, pur grimpeur, Roglic s’est lui aussi construit un statut de potentiel vainqueur sur trois semaines. Reste à réfléchir et définir le lieu du prochain essai, qui n’aura plus rien d’expérimental. Homme de défi, galvanisé par ses anecdotes bien à lui, ce voltigeur est d’ores et déjà paré pour repartir au combat. Et pourquoi pas dès la Vuelta ?

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