D’après lui mal considéré chez Astana puis chez Sky, Mikel Landa, acteur crucial du dernier Tour de France, a fait ses valises pour revenir en Espagne, chez Movistar. Un gros coup pour la formation ibérique, à condition de bien utiliser le Basque.

Une bonne idée par Robin Watt

Venir se frotter il y a un an à Valverde et Quintana aurait été casse gueule. Mais l’été dernier, Mikel Landa a acquis un nouveau statut, censé lui offrir un rôle de leader légitime partout sauf chez Sky. Bien sûr, rejoindre Movistar n’était sans doute pas le choix le plus évident pour éviter la concurrence interne. Mais le garçon voulait une grosse structure, capable de le mener jusqu’aux sommets, et une équipe espagnole, histoire de ne plus être l’expatrié qu’il était chez Astana puis Sky. C’est désormais à ses dirigeants que revient la responsabilité de le désigner ou non leader sur les plus grandes courses et notamment sur le Tour. Lui refuser ce rôle en juillet, ce serait alors se tirer une balle dans le pied de la part d’Eusebio Unzué.

Si Valverde et Quintana n’ont jamais ramené le maillot jaune à Paris, il y a une raison. Le premier n’a jamais été aussi à l’aise sur trois semaines que sur les classiques, le second est soit trop attentiste, soit pas assez en forme, selon les années. Alors il serait bête de ne pas donner sa chance à un Landa qui n’a encore jamais gagné, mais qui a prouvé, depuis trois ans, qu’il était l’un des meilleurs grimpeurs du peloton – si ce n’est le meilleur. On peut imaginer, en tout cas, qu’Eusebio Unzué l’a recruté avec une idée derrière la tête – en faire un simple lieutenant supplémentaire de Quintana aurait peu d’intérêt – et que le Basque, de son côté, a obtenu des garanties. Pas question, pour Landa, de se lancer dans une troisième galère en trois ans.

Une mauvaise idée par Alexis Midol-Monnet

Le départ de Mikel Landa pourrait bien se révéler plus périlleux que l’évidence de la décision ne le laisse penser. S’il ne fait aucun doute qu’un coureur de son talent ne puisse rester indéfiniment dans l’ombre des meilleurs coureurs au monde pour cause d’impératifs collectifs, vouloir aller déloger Alejandro Valverde et Nairo Quintana de leur pré-carré chez Movistar demeure sacrément culotté. Au cœur d’un trio inaccordable chez Astana avec Nibali et Aru, Landa a ensuite buté sur l’indéboulonnable Froome, malgré des performances impressionnantes sur le Tour d’Italie et la Grande Boucle. Ce que souhaite le Basque, ce n’est ni plus ni moins que de tenter sa chance au général du Tour de France sans devoir prêter ses services à personne. À moins d’avoir déminé le terrain au préalable, cette tâche s’annonce incongrue. Et les couacs ont déjà débuté durant l’automne, à travers les déclarations par média interposé.

Lors de la présentation de son équipe, Eusebio Unzué a fièrement annoncé aligner ses trois étoiles au départ de Noirmoutier en juillet prochain. Si Valverde sortira entamé du Giro, Quintana, qui connaît désormais la difficulté d’enchaîner, viendra avec la ferme intention d’enfin remporter ce Tour de France qui ne lui réussit pas. Entre un Imbatido qui risque d’attirer la lumière en cas de victoire d’étape, et un Colombien mine de rien double vainqueur de grand tour frustré par ses déconvenues de 2017, difficile de se faire une place. Alors, même si Mikel Landa paraît aussi fort que Chris Froome sur certaines ascensions, sa fiabilité aléatoire contre-la-montre et son palmarès peu fourni pourraient jouer en sa défaveur au moment d’opérer des choix stratégiques l’été prochain. Bien qu’on ne le lui souhaite pas, le quatrième du dernier Tour de France risque de devoir se contenter de la Vuelta et des Championnats du Monde. Du déjà vu.

Et pour vous, le transfert de Landa vers Movistar est-il une bonne idée ?

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