Désavantagé dans le chrono par équipes, handicapé par les abandons précoces dans son équipe AG2R la Mondiale et moins bon rouleur que ses homologues dans l’exercice individuel, Romain Bardet ne peut pas se permettre de perdre du temps à la régulière dès que la route se cabre. Le voilà repoussé encore un petit peu plus loin au classement général. Le débours de trop ?
Une deuxième désillusion
Au sommet de La Rosière, Romain Bardet s’en voulait d’avoir été piégé tactiquement par le duo de l’équipe Sky, alors en démonstration. Une minute de perdue sur l’actuel maillot jaune, et déjà l’impression d’être à l’arrache face à des concurrents plus fringants. Admettant un jour sans, celui qui est monté à deux reprises sur le podium parisien savait qu’il avait déjà grillé son joker. Ce soir, il n’est pas loin d’avoir vu s’envoler une grosse partie de ses espoirs initiaux. À la peine quand Roglic puis Dumoulin se sont levés de leur selle, le Bardet de l’altiport de Peyragudes en 2017 était méconnaissable. Piochant sur son cintre, jump absent, tous les ingrédients étaient réunis pour perdre des secondes dans la montée de la Croix-Neuve, et prendre un coup au moral. Non sans rappeler Andy Schleck, maillot jaune lâché par Alberto Contador en 2010. L’Espagnol marquait alors le début de sa remontée vers les Pyrénées.
Ce nouvel accroc à au moins le mérite d’exposer à la lumière de tous la quasi impossibilité pour une formation réduite à cinq de concurrencer le monstre du peloton, huit coureurs et un zéro de plus niveau budget. Même « brillant », comme nous le concédait Vincent Lavenu lors de la onzième étape, Pierre Latour n’a rien pu faire. S’il n’a pas voulu laisser aux Britanniques le soin de contrôler dès les premières pentes, par excès d’orgueil dira-t-on, c’est bien logiquement que le champion de France du chrono s’est garé à deux kilomètres du sommet. Sans forcer, au vu des limites évidentes de Christopher Froome dans ce type de final, la Sky avait encore Egan Bernal sous la main, en plus de Geraint Thomas, resté au chaud. Il aurait fallu, dans des conditions, un grand Bardet. Mais si le talent l’abandonne le temps d’un instant, le retard deviendra irrattrapable.
Vite, la journée de repos
Désormais cinquième à trois minutes et vingt-une secondes du Gallois, le Français doit absolument recharger les batteries d’ici l’opus pyrénéen, qui s’annonce tout aussi impitoyable. Généralement costaud en troisième semaine, on ne conseille pas à l’Auvergnat d’éviter de réfléchir à une quelconque parade improbable, mais bien d’évacuer au maximum ces quatorze premiers jours au mieux poissards, au pire frustrants. Interdiction d’être saisi par l’enjeu, et de développer des maux de tête à n’en plus dormir. Intrinsèquement moins fort que Thomas, Froome et Dumoulin, dominé par un Roglic insaisissable dans ce type de côte, Bardet a vu Quintana reprendre du poil de la bête. Des dernières impressions qui méritent confirmation, mais qui le réajustent dans la catégorie des outsiders.
Les grimpeurs avaient pour impératif de distancer les rouleurs au cœur de la Lozère, et l’échec reste patent. À sa décharge, Dan Martin est également passé par la fenêtre, mais l’Irlandais était moins dangereux au général qu’un homme qui a déjà réussi à faire vaciller le train noir et blanc. Ouvertement craint par Dave Brailsford en Vendée, Bardet peut-il bénéficier d’un excès de relâchement de leur part ? Difficile de se prononcer, mais si Dumoulin confirme sa position de premier challenger, Bardet possède l’opportunité d’emboîter du bon pied dès le seizième jour, vers Bagnères-de-Luchon. Après ? Il faudra lâcher les chevaux, et tout donner, s’il en a les capacités. Car devant, les cadeaux n’ont toujours pas prévu de tomber.
Oui vivement les Pyrénées ! Mais pour les mêmes démonstrations j’en ai peur. Bardet manque de puissance pour ce type d’effort c’est indéniable. Ce matin j’entendais L. Leblanc qui en parlant de lui disait qu’il avait les jambes mais qu’il lui manquait peut-être “le haut” c’est à dire la force musculaire au niveau des abdos et des reins. Je ne sais pas si c’est une explication ? Peut-être si on le compare à des types comme Thomas ou Dumoulin…
Les grimpeurs ont ils encore une chance BDE gagner un grand tour? Ces grimpeurs, par définition des coureurs qui aiment les pentes, les changements de rythme et qui pêche en clm ont il encore leur place dans l’Air du Rouleur-grimpeur, gestionnaire parfait de l effort, lissant leur monter et capable d’accélérer une fois, de façon fatal après être revenu peu à peu que chaque attaque des grimpeurs, et qui de surcroît leur prenne énormément de temps en clm? Le grimpeurs n’était déjà pas forcément favoris à cause de ces lacunes face à la montre, mais même avec très peu de clm voir 0 ils ne sont plus a même de bousculer les meilleurs rouleurs grimpeurs. La montagne qui est censé être leur jardin privé est dorénavant dominée par ces rouleau compresseur, bien aidé par la Sky qui fait le tempo… Comment faire quand les Dumoulin, Thomas et autre Froome ( rajouter Roglic, Porte ) sont devenus aussi bon et même meilleur que les plus fin grimpeurs ?? Comment expliquer ça? Pourquoi le rapport de force en montagne cest il inversé ? Il est terrible baez yeux de voir ces virtuose des pentes attaqué et se faire inlassablement rattrapé au train,… Lire la suite »
Il y a 25 ans, on parlait déjà de la domination des rouleurs-grimpeurs, au temps des Indurain et Rominger. Les grands rouleurs que sont Merckx, Anquetil et Coppi (trois hommes qui ont battu le record de l’heure en leur temps) dominaient aussi les grands tours à leurs époques respectives et les purs grimpeurs (les Charly Gaul, Bahamontès etc.) pouvaient gagner un Tour de France de temps en temps mais subissaient la domination des rois du chrono. Comme quoi ça a toujours été comme ça je crois…
Je rajouterais Van Impe comme grimpeur d’exception…Anquetil était vraiment un rouleur qui est devenu polyvalent. Merckx et Coppi excellaient comme rouleurs et grimpeurs, et parfois au sprint…
Rajoute Pantani, que tu l’aimes ou pas, au milieu des indurain, riis, ulrich, ou armstrong au palmares. ça prouve que les exploits de grimpeur ça marche seulement de temps a autre, mais que le TDF est bel est bien une course de rouleur. ça serai interessant en regardant le palmares (a parti de l’aire coppi bartali) deregarder tout les combien un grimpeur renverse le tour, et calculer la probabilité que ça arrive chaque année.
bonne argumentation, mais vous citez des coureurs qui avaient une classe innée ( même si j’ai du mal a classer Rominger et Indurain dans les grands champions , because début de l’ EPO plein gaz ) mais Thomas et froome ne sont pas Merckx ou Hinault, et leur passé ne plaide pas en leur faveur, par contre leur entraineur … demandez a Ian Thorpe !
La classe innée c’est un mythe ! je vois pas pourquoi Froome ou Thomas ne serait pas Merckx ou Hinault. ça me fait bien rire qu’on sacralise des ancienne gloires qui se chargé deja comme des mules et qu’on crache sur des mecs qui sont positif à la ventoline….
le plus gerbant c’est les propos d’hinault qui ouvre sa gueule alors qu’on sait tous trés bien qu’a sont époque, ça y allé les amphet et autres conneries.
Tu poses de très bonnes questions. Effectivement, comme toi, j’aimerais bien un thème un jour sur “la domination des rouleurs grimpeurs dans les grands tours”
De façon assez sommaire (un entraineur/chercheur pourrait rentrer beaucoup plus dans le détail et expliciter/corriger mon commentaire), ce sont les progrès scientifiques dans l’entrainement qui ont permis de constater plusieurs points : 1) En montée, ce sont les W/kg qui comptent. 2) Sur le plat (donc en CLM), ce sont les W. 3) Il est plus économique de monter à un train régulier (W constants) que de mettre des attaques puis ralentir et recommencer plusieurs fois. 4) Cette faculté à mettre des mines est associée aux purs grimpeurs et puncheurs. D’où certainement une préférence à monter de cette façon même si elle est moins économique. Donc : A) Les grimpeurs-rouleurs (gabarit de 75 kg environ) ont les W d’où leurs capacités en CLM. Avec disons un seuil à 450 W, ça fait 6 W/kg. (Les valeurs citées sont à titre d’exemple. Elles ne sont pas justes mais pas idiotes non plus.) B) Les purs grimpeurs (gabarit de 65 kg) ont les W/kg d’où leurs capacités en montagne, mais moins les W d’où leurs moindres capacités en CLM. Avec par exemple un seuil à 400 W, ça fait 6.15 W/kg. C) En montée, les grimpeurs-rouleurs, ayant les W mais moins les… Lire la suite »
Merci, très intéressant tout ça , et bien triste ne même temps, vivement qu’on dégage ces capteurs de puissances, ca fera pas tout mais ça aidera!
espérons que Latour continue sa progression !
Jai aussi l’impression que les rouleur grimpeur deviennent très bon plus tard que les grimpeur : ( Froome, wiggo, Evans, Thomas, même dumoulin explose que depuis 2-3 an (pour ces qualité en montagne) , soit vers ses 24 ans, contrairement aux QUintana, Bardet, Schleck, Yates et tout les autres, très vite très bon mais qui stagnes voir régressent ensuites…
parce que rouleur grimpeur ça s’apprend, juste “grimpeur” c’est des qualités intisèque
La seul façon de remettre tout ça sur un pied d’égalité, c’est d’interdire cardio et capteur de puissance en course. ça doit rester des outils d’entrainement ! C’est deja du boulot sur des années d’etre capable de lisser au watt pret son effort, c’est impossible sans avoir les yeux sur son capteur.
La fausse bonne idée c’est d’enlever les oreillettes, qui permettent de mettre en place des stratégies d’équipes.
Il reste les pyrénées, mais je n’y crois pas..il est simplement moins fort, mais ne l’ a t’ on pas vu trop beau ? la concurrence par rapport a l’année dernière est bien plus importante Dumoulin, Roglic sont a priori un ton au dessus. Et en plus il y a Thomas.. j’en profite pour souligner qu’il y a enfin eu un reportage sur le contrôle des vélos, plutot convaincant, je fais mon méa culpa / L UCI aurait pu communiquer un peu plus tôt sur cet épineux problème. Mais une vrai question se pose, éternelle, pourquoi le seul Français qui brille est ‘il dans une équipe non Française ? Bardet ou Démare serait t’il plus performants à la trek ou chez Astana ? Et quid de Barguil ? Car si c’est pour chasser les étapes il pouvait rester à la sunweb .. Même si se mettre au service de Dumoulin lui aurait peut être posé problème … Sinon je ne saisis pas .. Les équipes Françaises manquent t’elles de moyens ? AG 2 R a un gros budget. Ou sommes nous resté dans un schéma d’entrainement résolument dépassé … car sans tomber dans les méthodes de la sky .. On… Lire la suite »
Alaphilippe est un très grand coureur, il s’est aussi développé dans la réserve quick step, à vue de nez Quick step a un plus gros budget qu’AG2r mais aurait-il de moins bons résultats chez AG2r ? Non, j’en doute globalement. Bardet est un pur grimpeur qui a des limites en clm et en punch, alors il fait avec ses qualités mais le niveau de performance en montagne de ses concurrents est juste impressionnant malgré un Giro dans les pattes. Suffisait-il de décaler le TdF d’une semaine pour revoir la possibilité d’un doublé Giro-Tour ??? Cependant Bardet ne s’est pas effondré une seule fois pour le moment malgré l’étape des pavés (qui a finalement fait craquer par la suite pas mal de favoris de second rang) et s’il finit 5e en gardant le même régime dans les Pyrénées que dans les Alpes je trouverai qu’il aura fait un bon Tour et qu’il aura démontré encore une fois que c’est un vrai coureur de grands tours (j’espère qu’il va tenir, voire renverser la tendance ! )
s’il fait 5 ce sera un bon tour , et situera sa place au niveau mondial , du moins pour les grands tours. Pour Alaphilippe, peut t’il un jour gagner le tour ? si oui dans quelle équipe,? car quick step n’est pas équipé pour ça
Il reste 1 semaine et des étapes de montagne plus qu’intéressantes. Faudra voir les conditions de chacun. En l’état, si rien ne bouge, ça sera 5/6/7ème du classement général. En soit, ça soulignerait quand même une bonne régularité, même si il manque encore (toujours ?) quelque chose.
Au delà de la forme physique, je ne comprends pas la tactique AG2R (équipe déjà bien réduite en plus). On croirait du Movistar. Pierre Latour fait un formidable Tour mais il est incroyablement mal conseillé je trouve (une étape où il est devant et personne lui dit de se relever…). C’est exceptionnel qu’il soit quand même 15ème. Chapeau à lui.
Bardet est à l’image de son équipe… Il n’a pas le niveau pour gagner le tour et aucun panache, comme chaque année il reste dans la roue des leaders, péniblement et incapable d’attaquer vraiment, sans parler de son niveau en contre la montre, bien insuffisant, comme pour l’ensemble des français d’ailleurs (pourquoi ? ) !! 5 ou 7 coéquipiers n’y changeront rien !!
Autant j’ai longtemps pesté contre la style de course de Bardet, autant côté panache et manque de tentatives d’attaques on n’a pas du voir la même montée de l’Alpe d’Huez.
Bardet n’a pas esayé de partir plusieurs fois dans l’Alpe-d’Huez? Si. L’a-t-on d’ailleurs laissé prendre du champ? Non. C’est bien que Bardet n’est pas pris à la légère, c’est le pur grimpeur le plus régulier de ce Tour, et si ses lacunes en CLM semblent rédhibitoires pour gagner le Tour, il n’empêche qu’il fait tout pour décrocher le meilleur et que gérer ses efforts sur 3 semaines de Tour, il sait assez bien le faire. Reconnaissez ses qualités. Si Bardet est moins fort que d’autres, c’est la vie. Et mercredi, il pourrait bien y avoir beaucoup de surprises, bonnes ou mauvaises, dans cette étape folle qui s’annonce. Bardet sera certainement là (croisons les doigts) pour faire bouger les choses (y arriver, peut-être pas, mais essayer, oui !)
Il ne faut quand même pas oublié que l’équipe ag2r a été décimée et qu Bardet n’a plus que 3 malheureux équipiers . Une fois arrivé dans les derniers cols il se retrouve seul alors que les leaders de la sky ont toujours 6 équipiers pour mener la danse . C’est dommage mais le français n’a plus une équipe pour contrôler la course . Parfois il faut prendre le risque de tout perdre pour tenter de gagner . Si Bardet a de bonnes jambes il devrait tenter l’attaque et partir de loin comme pouvait le faire Contador . Cela pourrait le rapprocher au général ou tout du moins lui faire remporter une belle étape . Malheureusement dans le cyclisme actuel on préfère sauver les quelques points world tour d’une 6ème ou 8ème place plutôt que de tenter un coup de trafalgar .
Risquer de tout perdre pour gagner d’accord, c’est d’ailleurs ce que dit Hinault qui lui était capable de le faire en son temps. Mais la course a changé et ce qu’il faisait à l’époque ne serait plus possible maintenant sans doute. Quel coureur est maintenant capable de partir de loin et faire des écarts ? Le dernier en date Froome au Giro laisse circonspect et on est pas prêt de revoir de sitôt ce genre de raid…Oh je me rappelle bien de l’exploit d’Ocana en 1971qui avait pris 7 ou 8 minutes au cannibale. Mais c’est un autre temps…Non Bardet ne peut pas attaquer de loin et s’il le faisait avec une chance de réussite cela supposerait qu’il soit costaud bien sûr, mais encore que Froome, Thomas et son équipe soient dans un jour sans, sans compter Dumoulin et quelques autres. Impossible. Bardet va faire ce qu’il peut, avec l’objectif d’une victoire car il a du tempérament. Mais il ne peut espérer que des gains marginaux, voire accrocher le podium qui sera tout de même difficile. Quand à son équipe, très diminuée c’est sûr, mais tout de même pas assez forte globalement elle ne peut pas lui être d’une grande… Lire la suite »
1] Bardet n’a jamais, à la régulière, réussi à creuser un écart sur significatif sur des prétendants aux titres dans la moindre étape de montagne sur les 3 dernières années. Il est capable d’accompagner les meilleurs dans un bon jour, pas plus.
2 ] en CLM, il est vraiment très mauvais pour un coureur de GT.
3 ] son équipe court sans panache, sans intelligence de course. La seule raison plausible est qu’ils misent sur le temps d’exposition publicitaire et non sur la course.
Il ferait mieux, à mon avis, de se consacrer à des courses de son niveau, le temps passe, il n’a pas un palmarès très dense non plus. C’est un coureur trop dans le rationnel, et à ce jeu il perdra toujours face à des rouleurs-grimpeurs malgré le fait que la direction du Tour a quasi supprimé les CLM pour le favoriser.