Vingt-quatre heures après être arrivé exténué au sommet de l’Alpe d’Huez, Arnaud Démare espérait pouvoir enfin conclure, sur ce Tour de France, avec une victoire à Valence. Mais le Français, battu par Sagan et Kristoff, n’a eu droit qu’à un accessit. Il ne lui reste donc qu’un sprint, peut-être deux, d’ici Paris, pour faire aussi bien que l’an dernier, où il avait ramené un bouquet.

Plus facile ? Pas vraiment

L’étape était plate comme la main, et pourtant, il n’était pas gagné qu’elle se termine au sprint. Paradoxal, mais les Alpes sont passées par-là et il n’y a plus grande monde pour rouler lors de ces longues journées sans la moindre bosse. Il n’empêche : les sprinteurs qui se sont arrachés pendant trois jours pour rentrer dans les délais ne voulaient pas laisser cette étape aux baroudeurs. Alors l’échappée a été contrôlée, la FDJ et Bora, notamment, ont pris leurs responsabilités pour s’assurer qu’il y aurait bien un sprint à Valence. Et Arnaud Démare a été posé comme il fallait dans la dernière ligne droite. « J’y ai cru. J’ai cru que j’allais gagner. J’étais bien parti mais j’ai été battu par plus fort, reconnaissait-il à l’arrivée. J’ai peut-être été attentiste au moment de lancer. Quand je me tourne, Kristoff est à deux mètres mais Sagan était clairement au-dessus. »

Il formulait le même regret en s’adressant à son poisson-pilote Jacopo Guarnieri : « Au lieu de me retourner, j’aurais dû lancer. » Un détail. Moins de sprinteurs ne signifie donc pas victoire facile, c’est confirmé. « Justement c’était plus compliqué, dissèque Thierry Bricaud, le directeur sportif de Groupama-FDJ. Il y a moins de monde pour assumer la poursuite et il y a aussi des coureurs qui n’ont plus de sprinteur dans leur équipe qui veulent faire un bon sprint. Au final, ça frotte encore plus. » Le coup tenté par Philippe Gilbert en est la preuve. En temps normal, le Belge n’aurait pas bougé, laissant l’équipe Quick-Step s’organiser autour de Fernando Gaviria. Cette fois, il est sorti et a légèrement changé les plans de Démare et sa troupe. « Sinkeldam a fait l’effort pour aller le chercher, c’était son rôle, souligne Bricaud. Mais ça nous a pénalisé dans le sprint, ça faisait un lanceur de moins. »

Les Champs, peut-être Pau

Sur son home-trainer, Jacopo Guarnieri ne formulait lui aucun regret. Lancer le sprint avec Kristoff et surtout Sagan n’était peut-être pas idéal, mais l’Italien est persuadé que ça aurait pu marcher aussi comme ça. « Laisser la première place à quelqu’un d’autre, c’est aussi prendre le risque d’être gêné après, explique-t-il. Donc il a fallu décider en une seconde, et on a pris l’option d’être en tête. » A Pau, Guarnieri assure que le collectif Groupama-FDJ répondra encore présent. Thierry Bricaud et Arnaud Démare, eux, émettent quelques réserves quant à cette étape qui pourrait ne pas être destinée aux sprinteurs. Si tel était le cas, il ne resterait donc qu’une seule opportunité pour le double champion de France : les Champs-Elysées. Gagner là-bas, incontestablement, ferait oublier tout le reste. Mais la pression qui va avec est énorme. « On avait déjà la pression au début, rien n’a changé », tente de corriger Guarnieri. On n’est pas obligés de le croire complètement.

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