Il restait un sésame à décerner pour Innsbruck. Cyrille Guimard, ce jeudi, a choisi de l’offrir à Alexandre Geniez, qui complète donc la liste (avec Alaphilippe, Bardet, Gallopin, Roux, Pinot, Molard et Rolland). Mais le sélectionneur avait l’embarras du choix puisque Barguil, Vuillermoz et Martin espéraient aussi en faire partie. Alors, a-t-il fait le bon choix ?

Oui par Baptiste Allaire

Des quatre prétendants à la dernière place de la sélection française, Alexandre Geniez était certainement le meilleur choix pour les Bleus à Innsbruck. Tout au long de la saison, le Ruthénois a prouvé qu’il méritait sa sélection. Onzième au général du Giro, en terminant parfois au coude à coude avec les meilleurs, comme à Osimo, et vainqueur d’étape sur la Vuelta – sa troisième en Espagne, un résultat dont peu de coureurs français peuvent se vanter –, le coureur d’AG2R est une valeur sûre.

Avec treize grands tours au compteur, dont trois top 15 sur le Giro (2014, 2015 et 2018), Alexandre Geniez a de l’expérience à revendre. Sa victoire sur le Tour d’Espagne l’a bien plus exposé que les récentes performances de Barguil et Martin sur des courses plus confidentielles. « Je l’ai choisi justement du fait qu’il a disputé (la Vuelta), explique le sélectionneur Cyrille Guimard. C’est le bloc de travail de trois semaines représenté sur cette épreuve qui a fait la différence à mes yeux. »

Mais prendre Geniez rentre dans la logique de construction d’une équipe. Warren Barguil et Guillaume Martin sont habitués au rôle de leader. Mais les accumuler n’est pas forcément une bonne idée – demandez à l’équipe espagnole de Florence en 2013. Alexandre Geniez est lui habitué à jouer l’équipier. Avec l’équipe de France, il avait accepté sans broncher il y a cinq ans le rôle ingrat de remplaçant. S’il réédite à Innsbruck son petit numéro du Tour de France 2015, où il avait catapulté Thibaut Pinot au sommet de l’Alpe d’Huez, Cyrille Guimard aura sans aucun doute fait le bon choix.

Non par Robin Watt

Parler d’une mauvaise idée serait un peu trop fort. Parce que Cyrille Guimard avait le choix et que c’est toujours mieux dans ce sens-là, et parce que parmi les quatre coureurs qui étaient encore en lice, pas un seul ne pouvait être un « mauvais choix ». Mais il y en avait peut-être un qui pouvait être plus judicieux que les autres : Warren Barguil. Alors bien sûr, le Breton ne sort pas de la Vuelta, ce qu’aurait souhaité le sélectionneur. Mais il a fait une exception pour deux de ses trois leaders, Julian Alaphilippe et Romain Bardet. Il aurait pu continuer. Surtout que le grimpeur de Fortuneo-Samsic s’était appliqué, ces dernières semaines, à revenir dans une bonne forme après un Tour de France décevant. Troisième en Wallonie, il y a moins de dix jours, et placé sur les classiques italiennes de ce début de semaine, il offrait des garanties.

Son expérience, aussi, parle pour lui. Il est un habitué des classiques, lui qui prépare les ardennaises chaque année, quand Alexandre Geniez, hormis les épreuves transalpines à l’automne, s’aventure rarement sur des courses d’un jour. Le choix de Barguil aurait aussi été celui de la continuité, puisqu’il avait déjà été un soutien de taille pour Alaphilippe il y a un an, en Norvège. A cette occasion, il avait d’ailleurs prouvé que jouer les équipiers, sous le maillot bleu, n’est pas un problème pour lui. Compte tenu de sa saison mitigée et potentiellement sélectionné sur le gong, il se serait accommodé d’un rôle similaire cette année. « Si Geniez n’avait pas eu ce niveau-là sur la Vuelta, Barguil aurait été du voyage », reconnaissait Guimard dans la journée, pour Le Telegramme. Ce changement de plan de dernière minute est risqué.

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