Sur le papier, cette huitième étape entre Mâcon et Saint-Étienne pouvait aussi bien accoucher d’une souris qu’éparpiller le peloton sur la dizaine de côtes tracée. Fidèle à son statut, Julian Alaphilippe a fait le forcing pour récupérer sa tunique jaune. Mais c’est probablement le contre de Thibaut Pinot qui a fait basculer la dernière demi-heure dans une autre dimension, où les horloges ne savaient plus dans quel sens tourner.
La poudre du starter
Durant la première moitié de journée, on ne savait pas trop quoi penser de l’échappée. Pouvait-elle aller au bout ? Les favoris allaient-ils attaquer dans les derniers kilomètres, indépendamment de la victoire d’étape ? Finalement, tout le monde a été servi, sauf l’équipe Trek, peut-être trop euphorique à vouloir défendre coûte que coûte le maillot jaune de Giulio Ciccone, au risque de s’exposer fatalement. Thomas de Gendt a peut-être remporté l’un de ses plus beaux bras-de-fer avec le peloton, tandis que les leaders se sont fait la guerre dans la dernière difficulté répertoriée. Comme dans le vignoble d’Épernay, c’est Julian Alaphilippe qui a donné le coup d’envoi des hostilités, et renversé le sablier d’un contre-la-montre haletant. Mais les comparaisons s’arrêtent ici. Alors que personne n’avait pu le suivre lundi dernier, Thibaut Pinot s’est fait violence pour accompagner le coureur de Deceuninck-Quick Step et mettre chacun dos à ses responsabilités.
En relayant immédiatement le vainqueur de Milan-Sanremo, le Franc-Comtois n’a pas laissé passer une opportunité qui ne se représentera peut-être pas, et repris vingt secondes à l’ensemble de ses rivaux avant l’entrée dans les Pyrénées. Les mauvaises langues pourront toujours contrebalancer en rappelant la chute collective des Ineos dans une de ces courbes vicieuses du Forez, mais il aurait été franchement dommage de siffler un temps mort pour ces raisons. Impressionnant lui aussi, Geraint Thomas a avalé les lâchés à la vitesse d’un TGV pour se refaire une place dans le peloton à mi-pente. Bousculés dans leur stratégie gestionnaire par cet aléa et la tactique volontariste des équipes Astana et Education First, les coéquipiers du tenant du titre ont subi dans les périodes décisives, et doivent se résoudre à voir Thibaut Pinot les devancer au classement général, ce que plus personne n’avait réalisé en première semaine depuis l’épopée de Vincenzo Nibali à Sheffield, en 2014.
La confirmation d’un bon pressentiment
Avec dix-neuf secondes d’avance sur le Gallois et vingt-trois sur Egan Bernal, Pinot a même crée un mini-break sur le reste des outsiders, possédant un peu plus d’une demi-minute sur des coureurs comme Kruijswijk, Uran, Fuglsang, et plus d’une minute sur les grimpeurs de la Movistar, Quintana et Landa. Cette quête du classement général qui l’avait si souvent fait sortir de sa sérénité lors de ses anciennes tentatives sur la Grande Boucle n’est toujours pas assumée comme une priorité, et c’est peut-être la clé de la réussite pour Thibaut Pinot durant les prochains jours. Interrogé dans le Vélo Club de France Télévisions, le protégé de Marc Madiot préférait ne pas s’emballer, et avouait même sa frustration d’avoir loupé l’étape de si peu, en dépit d’une excellente entente avec son ami Alaphilippe. Parce que Pinot fonctionne aux émotions, il est souvent possible d’anticiper ses sensations, et cette étape du Beaujolais a sans doute fait mûrir un nouveau cru dans la maison Groupama-FDJ.
La première semaine de course n’est toutefois pas terminée, et il reste une étape, casse-pattes, mais moins compliquée que celle du jour, à courir en direction de Brioude. Sur les terres de Romain Bardet, aura t-on droit à de nouvelles offensives pleines de panache ? Rien n’est moins sûr, tant les coéquipiers de Peter Sagan et de Michael Matthews ont tenté leurs chances durant les trois-quarts de l’étape, pour contrôler le paquet et délivrer leurs monstres tous-terrains qui se font la bataille du vert. Et c’est peut-être pour ça que l’on a tendance à s’extasier devant l’excellente opération du duo français, au sommet de la côte de la Jaillère. Souvent, les étapes intermédiaires proposées par ASO n’ont pas débouché sur l’effet escompté. L’utopie de certains prit enfin corps en ce 13 juillet, et c’est une masse d’air explosive qui devra résister aux courants d’air frais qui se chargeront de figer les positions, dès le contre-la-montre de Pau. Et si elle durait ?
Bon, il y a la belle opération des deux Français qui aura certainement fait bondir beaucoup d’entre nous de notre canapé, les poings serrés, et je pense qu’on aura l’occasion d’en reparler durant ce Tour.
Mais le numéro de De Gendt ! Quel coursier ! Le plus incroyable baroudeur du peloton, depuis quelques années déjà. Généreux dans l’effort, plein d’abnégation, dur au mal… 200 bornes d’échappée aujourd’hui, déjà à l’attaque il y a deux jours (sans compter les heures passées en tête du peloton dans la plaine afin de contrôler pour Ewan…), et la plus belle des récompenses à l’arrivée.
Immense respect pour ce garçon.
extraordinaire De Gendt!!! quelle fin d’étape!!!
mais soulignons aussi la perf de Pinot! et ce n’est pourtant pas encore son terrain!
Julian lui était bien sur plus attendu dans ce registre,
On notera que la chute des INEOS a clairement fait ralentir le peloton, et De gendt doit probablement sa victore a cette chute, mais cela n’enleve rien a cette fantastique victoire
A noter tout de même le très faible nombre de coureurs souhaitant aller dans les échappées, ils se reservent pour les champs?????? Beaucoup d’équipes sont pitoyables a attendre on ne sais quoi (ah oui elles ont un leader!! mais combien de ces leaders ne seront meme pas dans les 20 à Paris???
Je pense que de nombreux coureurs auraient bien voulu être dans l’échappée, mais le peloton a roulé fort, du coup les trois (puis quatres) hommes de tête ont roulé très vites pour creuser l’écart, je crois que la plupart des coureurs ne pouvaient pas les rejoindre. Comme l’a bien dit Voeckler (je crois), il aurait fallu qu’une ou deux équipes de baroudeurs sacrifient des hommes pour rouler en tête de peloton et réduire l’écart, pour ensuite pouvoir prendre l’échappée.
Comme pour la 3e étape, Astana a bien vissé mais Fuglsang n’a rien tenté. Mais qu’attend l’ami Fuglsang pour attaquer ? De se prendre un taquet par Thomas à Pau ?
Sinon, bravo à Thomas De Gendt, il se fait petit à petit un beau palmarès.
J’aime bien Thomas Voeckler et Marion Rousse, mais venir nous dire qu’aujourd’hui on a vu la plus belle étape depuis un bon moment… Euh, faut pas pousser, cette saison heureusement qu’on a déjà vu au moins aussi bien. Si on se limite aux étapes, je citerais spontanément les étapes 1, 2 et 8 de Paris-Nice, l’étape de Crapone-sur-Arzon sur le Dauphiné et les 13e et 14e étape du Giro (qui ont fait basculer la course). Et il y en a sûrement d’autres.
Si on élargit aux courses en général, bien sûr on peut rajouter de très belles classiques : (dans l’ordre chronologique) le Circuit Het Nieuwsblad, les Strade Bianche, Gand-Wevelgem, Paris-Roubaix, l’Amstel et même LBL (même j’ai été déçu que ça n’explose pas dans la côte de la Redoute), pour n’en citer que quelques-unes
Fuglsang aurait bien aimé attaquer, mais on voit dans la montée que Lutsenko temporise, certainement parce que Fuglsang a du mal à suivre le rythme de son coéquipier, il sent bien qu’il n’a pas les jambes pour faire des écarts et s’il essaye de suivre Alaphilippe et Pinot, l’écart au début de la descente est fait et Fuglsang s’aperçoit qu’il traîne tous les favoris derrière lui, c’est pour cela qu’il se relève. Je crois vraiment que Fuglsang a fait le maximum aujourd’hui, avait prévu d’attaquer mais n’a pas pu le faire, et qu’il aurait aimé pouvoir suivre Alaphilippe mais n’a réussi à faire aucun écart avec les autres favoris. Bon, moi, j’espère qu’il a travaillé davantage l’endurance en haute altitude pendant le mois de mai et que c’est pour cela qu’il n’est pas aussi fort sur les courtes montées que lors de ses Ardennaises. L’explication logique pourrait malheureusement être qu’il a tellement marché sur l’eau au printemps qu’il est un peu cramé. Après, s’il est au niveau des Movistar et des autres outsiders en montagne, ce qui pour l’instant est à peu près le cas, il peut toujours penser à la 3e place du podium, derrière un Ineos et Pinot.… Lire la suite »
Je n’ai pas dit qu’il avait déjà perdu le Tour, il est encore dans les temps. Je me faisais cette réflexion surtout parce que la première semaine était censée lui permettre de prendre du temps sur ces rivaux (au vu de ce qu’il a montré depuis le début de saison). Après, on sait qu’il ne faut jamais tirer de conclusions hâtives avant la troisième semaine dans un GT, donc bon ça va encore pour le danois. Néanmoins, s’il ne grignote pas non plus du temps demain, eh bien il va falloir qu’il sorte le grand jeu à Pau, pour compenser cette première semaine qu’il y aura été moins favorable que prévu.
Merci pour ce commentaire qui essaye de prendre en compte un maximum d’élements. Mais s’il vous plait n’oubliez pas le détail loin d’être anodin qui est la très gauche chute qu’il a subi sur la 1ere étape.
Un traumatisme comme celui-ci ne permet pas de retrouver 100% de sa condition et risque même de l’avoir entamé bien plus que les autres favoris. À mon plus grand regret.
Regardez les derniers tours où Contador avait subi une sévère chute en début de tour, ça l’a toujours pénalisé.
J’espère en tout cas que Fuglsang va pouvoir mettre le feu aux poudre en montagne, pour avoir du spectacle (et parce qu’il le mériterait au vu de sa saison fantastique)
Oui l’an dernier il chute dans l’étape des pavés et explose complétement dans les Pyrénées.
Bon là on le voit pour l’instant au niveau de beaucoup de favoris sur des efforts courts. J’espère plutôt que ça ira en s’améliorant pour lui, mais l’expèrience de l’an dernier et votre commentaire ne me rassure pas.
Le voir attaquer en montagne j’en doute, j’ai peur qu’il ramasse plutôt les autres outsiders par l’arrière. Mais si c’est le plus régulier derrière Pinot et Thomas, et que Bernal finalement fait du boulot pour le Gallois, pourquoi pas le podium.
(l’an dernier il termine mieux L’Alpe d’Huez que Quintana).
Ils parlent du tour je pense.
Quel beau parcours ! Ça ferait une belle classique. Content pour le vainqueur du jour, il a su résister de manière héroïque. Le duo français a fait très fort même si à mon sens, le gain d’étape est faible vu les efforts consentis. Sinon je ne comprends pas la tactique d’Astana qui fait rouler longtemps pour revenir et qui finalement ne tente rien dans la dernière bosse. Je pense que ça sera beaucoup plus calme demain.
Trente secondes c’est énorme ! Gagner autant de temps sur une étape comme ça c’est complètement inespéré. Rappelons qu’en 2017 lors de la démonstration de quintana au blockhaus il gagne trente secondes sur Pinot…
Quelle explosivité de Pinot ! Je n’en revenais pas qu’il ait pu prendre la roue d’Alaphilippe, qui est une référence en la matière. Énorme Thomas de Gendt, 200 km d’échappée, d’abord à 4 puis environ 70 km à deux seulement. Malgré l’énergie dépensée tout au long de l’étape, il réussi à tenir tête au duo français qui se relayait efficacement à sa poursuite. Très résistant, tout en maîtrise, il s’offre une très belle victoire. Même si j’aurais bien aimé voir un Français l’emporter, je suis content qu’il soit allé au bout. J’adore ce coureur, baroudeur infatigable, il gère remarquablement bien ses efforts et manœuvre souvent très bien au sein d’une échappée, ce qui lui permet de collectionner les victoires de prestiges.
Un peu d’incompréhension concernant la tactique des Astana et Education First, qui se sont mis à la planche durant de nombreux kilomètres, mais dont les leaders n’ont rien tenté. Mais on ne va pas s’en plaindre, car sans eux le final de l’étape aurait été bien moins haletant !
Woods est pris dans la même chute que Geraint Thomas (c’est peut-être lui qui chute, d’ailleurs), cela explique pourquoi il n’a pas attaqué
En effet, il termine même à 16 minutes…
Je ne sais pas si Pinot tiendra sa forme jusqu’à Paris où s’il retombera dans ses travers (mauvais placement, maladie) mais il me semble qu’il y a beau temps qu’un favori n’a pas bousculé la Sky/Ineos ainsi. D’ordinaire, leurs meneurs ne lâche pas une seconde du temps pris, sauf quand le coureur est déjà à plusieurs minutes.
J ai lu sur la RTBF que Fulsang a déclaré que Pinot et Alaphilipe prennent l aspiration de la moto sur leur attaque. Vous en pensez quoi ? Je n ai pas porté attention à ce détails. En tout cas c etait sympa à regarder et je félicite les 2 français !
Des images qui ont été montrés, Fuglsang semble de mauvaise foi, ce qui a mon avis doit être lié à ses relations délétères avec Alaph’. Il y avait bien une moto devant, mais trop loin pour que ça puisse aider Pinot et Alaphilippe dans un raidard.
A mon avis, il rage juste parce qu’il n’a pas réussi à suivre le démarrage d’Alaph’.
Relations délétères entres Fuglsang et Alaphilippe ? On n’a pas du voir la même saison de classiques. Ils s’estiment et leur opposition est purement sportive.
Je me trompe peut-être hein, je regarde les courses mais peu les déclas d’après. J’ai tout de même souvenir d’une passe d’arme après l’Amstel, ou Fuglsang chargeait gaiement Alaphilippe pour le fail du final… même les DS avaient fini par se foutre dessus par presse interposée si je me souviens bien. Après, c’était peut être sur le coup de la frustration sans plus.
En tout cas cette décla de Fuglsang reste très étrange tant les images osnt parlantes.
Il faut toujours relativiser les propos d’un coureur à la sortie d’une étape où visiblement il n’avait pas les moyens de ses ambitions. La frustration prédomine forcément.
Oui je pense que Fuglsang a plutôt des relations délétères avec les motos sur le Tour de France (cf 2015 l’étape de Monvernier remportée par Bardet)
Quelques soit les raisons de sa frustration, les images montrent bien qu’à aucun moment ils n’ont pu profiter de l’aspiration.
Au moment de l’attaque la moto est loin, elle même devant De Marchi, en fin d’ascension ils s’en rapprochent mais sur la vue aérienne a aucun moment on les voit a moins de 5 mètres la moto.
Thomas De Gendt 200 km d’échappée et il remporte l’étape avec un panache digne de Merckx mais pas un mot ! C’est pourtant bien lui qui fait basculer l’étape dans une autre dimension . Je comprends qu’il y ai un peu de chauvinisme quand il s’agit de français . Mais quand un coureur réalise un exploit digne d’un autre temps cela mérite aussi un peu plus de respect ! Ceci dit j’ai beaucoup apprécié le numéro des 2 français aussi . C’est ce cyclisme offensif et ce panache qu’on aime voir . De gendt , Allaphilippe et Pinot nous auront fait vibrer . Une fin d’étape épique mais que c’était chouette à suivre .
En tout cas Fuglsang semble avoir bien récupéré de sa chute ..
Sans la chute des Ineos, tout se serait regroupé aux deux bornes et Matthews gagnait l’étape. Forcément moins spectaculaire du coup.
non pas d’accord, alaphilippe et pinot auraient fait le même numéro, la difference, c’est qu’ils auraient probablement rattrapé De Gendt
Effectivement Je pense que sans la chute des Inéos Poels, castoviejo et Kwiatkowski auraient roulé et ils seraient assurément allés chercher Pinot. Mais la course est ainsi et si Pinot gagne de 30s le tour, cela ne dévalorisera pas sa performance. Car on peut dire la même chose de certains tours de Froome; il a gagné grâce à la chute de Contador, la crevaison de Quintana etc. Pour gagner un tour il faut avoir de la chance aussi. Et c’est probablement malheureux à dire mais tous problèmes d’Inéos ou Sky est une chance pour tout le monde car la course devient automatiquement beaucoup plus intéressante sans eux autant pour les coureurs que pour nous
Pinot marche sur l’eau
Les ineos transparents
Le reste des prétendants attentiste sinon pussilanime
Mais vérité avant les Pyrénées est elle vérité après ? J’aimerais bien!
L’attaque de Bardet aujourd’hui oh yeah baby !
(Porte et Bennett ont-ils vraiment un cerveau ?)