Le changement a été au rendez-vous. Les soixante derniers kilomètres de Paris-Tours, ce dimanche, jonchés de chemins de vignes, ont fait exploser le peloton et donné une fin de course spectaculaire. Les flandriens étaient à l’honneur et Soren Kragh Andersen en a profité pour s’imposer. Mais pour certains, la course en est devenu trop aléatoire. Alors, faut-il conserver l’idée pour les prochaines éditions ?
Oui par Robin Watt
On en parlait depuis plusieurs semaines, mais on attendait de voir. Qu’allaient vraiment donner ces fameux chemins de vignes ? On a eu la réponse très rapidement tant le premier d’entre eux a été dévastateur pour le peloton. Immédiatement, on se serait crus au printemps, sur les routes de Paris-Roubaix ou du Tro Bro Leon, avec beaucoup de poussières et des petits groupes de coureurs éparpillés. Et n’est-ce pas ces courses là que l’on présente à longueur de saisons comme les plus attrayantes du calendrier, celles où aucun scénario stéréotypé n’est possible, celles où l’on reste scotché devant notre écran du premier au dernier secteur ou ribin ? Il n’y aurait pas grand chose de logique à adorer ces deux classiques printanières et à détester le Paris-Tours auquel nous venons d’assister.
Alors bien sûr, on peut regretter le nombre de crevaisons intervenues ce dimanche et qui ont laissé quelques favoris sur le carreau. Mais il restait quand même un paquet de cadors dans le final, en vrac Terpstra, Naesen ou Vanmarcke, acteurs même s’ils n’ont pas gagné. Sur Paris-Roubaix, personne ne se plaint du fait que la réussite fasse partie de la course. Une crevaison au mauvais moment, de toute façon, peut être rédhibitoire sur n’importe quelle course. Mais cette édition était la première intégrant ces chemins de vignes et avant de vouloir les supprimer aussi vite qu’ils sont venus, on peut laisser un peu de temps au peloton et à l’organisation pour voir le rendu sur la durée. Certaines équipes ont peut-être sous-estimé le risque de crevaisons et viendront mieux armées l’an prochain. Les organisateurs, eux, ont peut-être été trop ambitieux au sujet de certaines portions. Mais avec quelques ajustements, ce Paris-Tours peut devenir l’une des courses les plus plaisantes de l’année.
Non par Alexis Midol-Monnet
À travers les plaines éoliennes de la Beauce et les pays de Loire, le peloton dévale traditionnellement les 240 kilomètres pour s’offrir un sprint, massif ou restreint, sur l’Avenue de Grammont. L’occasion de finir en beauté pour les hommes rapides, au charbon depuis le mois de janvier, ou de sauver sa saison, tout est une question de point de vue. Sauf qu’en regardant le palmarès et les scénarios des dix dernières éditions, la classique des Feuilles Mortes n’a rien d’invariable. Depuis 2008, trois Paris-Tours seulement ont connu un sprint conventionnel. Oscar Freire en 2010, John Degenkolb en 2013 et Fernando Gaviria en 2016, sont les derniers lauréats « à l’ancienne ». Les petits talus jalonnés dans les vingt derniers kilomètres du parcours, dont la côte de l’Epan, ont toujours permis aux baroudeurs-puncheurs de tenter leur chance, avec une réussite non négligeable.
Pourrait-on dénigrer les succès culottés de Philippe Gilbert, Greg van Avermaet et Matteo Trentin pour la seule et unique raison que leurs adversaires se sont trop regardés dans le final ? Introduire des chemins de vignes constituait un pari intéressant, deux ans après avoir testé les routes calcaires de Vendôme sur un Paris-Nice. Mais ASO à peut-être eu les yeux plus gros que le ventre en plaçant autant de secteurs – neuf – enchaînés à toute vitesse. Certains, en très mauvais état, ont causé un festival de crevaisons, rendant hystérique Patrick Lefévère et les Quick-Step. Enfin, cela n’a pas élargi le cercle des vainqueurs potentiels. Sur le podium final, on retrouve deux coureurs qui étaient déjà sur la boîte l’an passé, dont le vainqueur. Était-ce donc si nécessaire que ça ? Un plan de course pareil aurait plutôt sa place au mois de mars.
Stop, ça suffit.
Paris-Roubaix, Strade Bianche, Tro Bro Léon, d’accord pour la caillasse car ce sont des courses spécifiques.
Que reste t’il comme course de bordures après s’être gavés de cols au printemps et en été ?
Oui, ça a donné une belle course mais faussée par les perçures inutiles. Il y a d’autres moyens plus justes et plus naturels d’éliminer des coureurs. Et ça éloigne de plus les voitures de DS et les roues de rechange.
Et s’il avait plu, ça aurait encore plus dénaturé une course depuis toujours dévolue aux sprinters.
très belle course, bravo aux organisateurs!!!! j’espère que ce mélange de chemins et de cotes continuera encore longtemps sur Paris-Tours
Indeed @josedecauwer @chrisvandegoor this will be the last time that @quickstepteam do this race even if we win. Nothing to do with road cycling
— Patrick Lefevere (@PatLefevere) October 7, 2018
Clair et net ! Whaou, il y va fort le Patrick !
il y a du lourd dans le top 10 malgrés le nombre impressionnant de crevaison !
je prefère largement la victoire d´un coureur qui a reussi a s´adapter aux piéges du jours, qui a courru et piloté parfaitement plutôt que celle d´un sprinteur emmener sur un billard et dans un fauteuil pendant toute la course .
Ceci dit je peux comprendre la déception du manager général de QS qui a vu son equipe décimée par les crevaisons et son homme de tète perdre son calme face au jeune francais; mais n´est ce pas un brin paradoxal pour une equipe spécialiste de Paris Roubais et rompue aux dépannages dans les secteurs stratégiques ? Ont ils souestimés leur dispositif de dépanneurs et la perte de temps suplémentaire occasionnée par les changements de roues à freins à disques ? Quid du choix des pneumatiques pour aborder ces chemins viticoles ?
on peux egalement ajouter que QS a a mon sens fait une erreur en sacrifant Senechal sur la crevaison de Gilbert. Il etait en effet evident que Gilbert ne pouvait plus gagner, or Senechal est en forme et avait peut etre sa chance
Je pense qu’il y’a moyen de trouver un juste milieu, des toutes petites routes de campagnes bien pourris avec des changement de directions avec les memes bosses que celle deja presentes ça suffierai pour avoir une course de guerriers, pas besoins de pousser le vice jusqu’a des chemins….
En revanche ça me fait vraiment plaisir de voir les 3 de la génération du titre de Bergen a ce niveau la ! Meme si Cosnefroy a mal couru a mon avis dans le final, quitte a passer sans se mettre a bloc, diplomatie. Valentin grosse force, Touze quand le course se dessine il est vraiment bien present mais il lui manque des courses world tour dans les jambes. En tout cas un coureur de 22 ans de conti, present quand y a plus un direct energie, plus un fortuneo, plus un cofidis plusplau un vital, au milieu des terpstra, vanmark, demare, naesen, grosse grosse mention + a lui.
Sentiment mitigé. Mais enfin on ne va pas non plus transformer le cyclisme sur route en cyclisme tous chemins. Ces incursions sur terre se multiplient un peu trop. C’est vrai que cela fait de belles images et après tout on retrouve les mêmes ou presque à l’arrivée! En fin de saison, c’est plus la forme et la motivation qui jouent. cependant, depuis plusieurs années le final très vallonné de Paris Tours suffisait largement au suspense sportif.
Par ailleurs, alors que l’UCI distribue le label World Tour à n’importe quelle course de 2ème catégorie, à condition qu”elle ne soit pas en France, c’est un scandale que cette classique historique que les plus grands de l’histoire cycliste se faisaient un honneur de gagner ne fasse pas partie du World Tour!!!
Je pense que le cyclisme “sur route” doit prendre un virage et même sur les cailloux ! En effet, la dictature de l’arrivée au sprint a pris une place trop importante sur de nombreuses courses ces dernières années. Le cyclisme finit par lasser le public par son ennui à le suivre. Il n’attire plus ni les jeunes ni le potentiel public du sport à la TV…C’est pour lui une question de survie car sans public, pas de sponsors et l’économie générale du cyclisme professionnel finira par s’effondrer…Je peux comprendre qu’on n’aime pas ce côté aléatoire de la crevaison, il faut reconnaître que j’ai trouvé que certains chemins étaient vraiment pourris (personnellement, je ne les aurait pas mis sur le parcours en tant qu’organisateur), mais une arrivée au sprint est aussi une sorte de loterie…Si les équipes avaient pris le soin de s’équiper comme sur Paris-Roubaix ou les Stade, on en aurait eu sans doute moins…Et puis les chemins, ce n’est pas une “mode” mais plutôt un retour au cyclisme des débuts, lorsque les routes n’étaient pas encore toutes goudronnées fin XIX début XX…Je tiens à préciser que j’ai été moi-même organisateur de 4 courses amateurs sur chemins “blancs calcaires” dans… Lire la suite »
C’est vrai que d’un point de vue télévisuel cela donne une course spectaculaire . Mais tout est une question de dosage et comme dit Robin il faut sans doute quelques ajustements . Paris-tours est une course historique et là on la dénature complètement . D’accord aussi avec Alexis un plan de course pareil aurait plus sa place au mois de mars . Est-ce que les cyclo-crossmen ou les vététistes trouveraient plaisant qu’on retire les cailloux et les chemins boueux pour mettre un peu plus de route sur le parcours ???
Sur un tel schéma, en début de saison, on aurait plaisir à voir Wout Van Aert ou Matthieu Van der Poel s’ils ont encore les jambes après la saison de cyclo-cross.
Quand on voit que Damien Touzé qui courrait très juste me semble-t-il, avait des boyaux de 27…
Comme on lit sur certains sites néerlandophones, Terpstra a dû bien s’amuser en donnant une leçon de course à Benoît Cosnefroy qui pouvait difficilement cacher qu’il était cuit.
Cosnefroy devrait être cuit après la poursuite qu’il a faite.
Terpstra était peut-être le plus fort des 3, mais s’il a voulu donner une leçon, il a bêtement perdu la course.
La course était déjà bien décantée avant le 1er chemin à cause de la chute qui a coupée le peloton en 2.
Il y a eu beaucoup de crevaisons, certes, mais comment se fait-il qu’il y en ai sans doute moins eu sur Paris-Roubaix alors que le terrain est autrement piégeux ?
Quelques ajustements sont sans doute nécessaires, mais il hier, j’ai regardé la course pendant 60km alors que les années précédentes, les 10 derniers km étaient bien suffisants.
La plus belle victoire sur Paris-Tours est à mon sens, celle de Richard Virenque, aidé par Jacky Durand.
Et je suis nostalgique des victoires de Karstens et de Guido Reybroeck ;-) … Oh, le ieuv’…
Je crois même que lors de la victoire du Karst’ il y avait eu une expérience : un braquet unique pour tous de 52 x 15.
Tepstra a couru comme un crétin. Là ils étaient deux au même niveau, plus Cosnefroy qui s’était mis trop cher pour être un danger réel. Il a voulu faire le coup que Sagan lui avait fait, ce printemps je crois, sauf que c’était le coup d’un Sagan à un vainqueur de Paris Roubaix.
On entend surtout ceux qui se plaignent et qui font “ouin ouin”. Il y a toujours quelques réfractaires sectaires, mais on ne peut pas reprocher cette envie d’apporter quelque chose de nouveau à la course. Quant au facteur chance, il est aussi sur les flandriennes. Et il n’y avait pas 50km de chemins non plus.
@ GLK, on lit que Philippe Gilbert et Thomas de Gendt par exemple, font “ouin-ouin” aussi. Quels chouineurs, ces mecs ! :-)
Sans son côté “championnat du monde des sprinters”, je trouve que cette course ressemble à une version diluée des strade bianche, sans personnalité propre, et sans la même qualité de plateau. Je ne suis pas certain que ce soit un progrès.
Comme pour la flèche wallonne, qui donne le même genre de course que le parcours classique de Paris Tours : si on la vend comme une course spectaculaire avec des attaques de loin, ça ne marche pas. Mais si on la présente comme l’affrontement ultime des sprinters (ou des punchers), c’est nettement mieux.