Toute la semaine, on a présenté les Bleus comme les favoris de ce Mondial. A Innsbruck, la bande à Guimard venait avec trois coureurs capables de l’emporter. A l’arrivée, il n’y a pas de maillot arc-en-ciel et c’est forcément une frustration. Mais l’équipe de France a largement tenu son rang, avec une médaille d’argent et trois coureurs dans les dix premiers.
Un trio dans la pente
On gardera tous longtemps, très longtemps même, cette image, dans les premières pentes du Höttinger Höll. Il reste dix kilomètres et une grande partie de la course doit se jouer dans les dix prochaines minutes. Thibaut Pinot se porte en tête de ce qu’il reste du peloton. Dans sa roue, Romain Bardet et Julian Alaphilippe. Les trois Français mènent la danse et font péter presque tout le monde. Après une poignée de secondes, ils ne sont plus que trois à pouvoir suivre le rythme imprimé par l’armada tricolore : Valverde, Woods et Moscon. Alors qu’on avait pu s’inquiéter, quelques heures plus tôt, de voir l’équipe de France très discrète, ses leaders prenaient leurs responsabilités. Et entre les trois cartes majeures dont disposait Cyrille Guimard, la stratégie était limpide. A la demande d’Alaphilippe, l’option numéro une des Bleus, surtout à ce moment-là, Pinot a durci autant qu’il a pu, avant de s’écarter. Tout était en place.
La suite, c’est un gros relais de Romain Bardet, lui aussi dévoué au puncheur de la Quick-Step, qui jouait au chat et à la souris avec Alejandro Valverde juste derrière. Puis la tuile. Alaphilippe qui craque, lâche quelques mètres, ne revient pas, et finalement comprend qu’il ne décrochera pas ce maillot irisé. Bardet s’en rend compte, joue sa carte, manque de lucidité au sommet, où il veut attaquer mais provoque un saut de chaîne en passant le grand plateau, puis termine deuxième du sprint. « Le premier a tout, le deuxième n’a rien », dit-il au micro de France Télévisions. Il est sévère mais il sait aussi qu’il est dans le vrai. Il a laissé passer une opportunité, et si Alaphilippe, avec son profil de puncheur, en aura d’autres, c’est moins sûr pour le grimpeur qu’il est. Pourtant, il peut être fier. Les Bleus peuvent l’être, pour la course qu’ils ont livré.
Une vraie équipe
« S’il n’y a pas un Français devant, on aura des comptes à rendre », disait Bardet dans L’Equipe, la semaine dernière. Il était lucide. Avec le collectif affiché, il n’y avait pas le droit de se planter. Mais les Bleus ne se sont pas manqués. Ils sont simplement tombés sur Valverde, et c’est arrivé à beaucoup d’autres, ces dernières années. Mais on retiendra longtemps la solidarité affichée entre les trois leaders tricolores, alors que depuis l’annonce de la sélection, beaucoup pointaient les difficultés de gérer une telle situation. Pinot et Bardet auraient pu attaquer d’un peu plus loin, à la manière d’un Michael Valgren, pour jouer leur carte. Ils n’ont jamais essayé, convaincus que la meilleure option était leur coéquipier Alaphilippe. Pinot, qui aurait sans doute souhaité un rôle plus important, a fait son travail à merveille, dans le dernier tour de circuit puis dans l’approche de la bosse finale, pour aller chercher les fuyards. « Je suis allé sur tout ce qui bougeait, j’ai respecté les consignes, je ne voulais aucun reproche », a-t-il confié.
On ne peut lui en faire aucun, comme à l’ensemble de l’équipe de France. Molard, Gallopin, Roux ont été précieux. Geniez a tenu son rôle, aussi, et Barguil a joué de malchance. Entre Bardet et Pinot, que l’on a si souvent voulu opposer, la complicité ne semblait même pas feinte. Ils ont su travailler main dans la main parce qu’ils savaient ce qu’il y avait à aller chercher. Ça n’a pas marché, mais de peu. A l’arrivée, les deux, en compagnie d’Alaphilippe, se sont pris dans les bras. Conscients qu’ils ne pouvaient pas faire mieux, qu’ils avaient su s’adapter dans le final pour défendre leurs chances du mieux possible et qu’il n’y avait rien à faire face à ce Valverde là, parce que le seul qui pouvait l’aligner dans un sprint du genre était Alaphilippe, justement. Pas de regrets donc, seulement de la fierté d’avoir porté haut les couleurs françaises. D’avoir décroché le premier podium tricolore depuis 2005. De façon admirable.
L’équipe de France a fait une démonstration de force collective (Roux, Mollard, Gallopin ont été excellents parmi les équipiers), a été quasiment parfaite tactiquement, et finit avec une médaille d’argent et trois coureurs dans les 10. On est tous déçus parce qu’il y avait une vraie chance de gagner, mais ça reste le meilleur résultat depuis plus de 20 ans, et un résultat obtenu à la pédale, à la lutte avec les meilleurs, pas sur un coup de dé.
Et on gagnera en Suisse dans deux ans !
Une belle course des français qui pouvaient difficilement espérer beaucoup mieux. La cohésion a été parfaite malgré le fait d’avoir perdu des coureurs assez tôt. Contrairement à l’article, je ne pense pas que Bardet avait l’intention d’attaquer au moment de son saut de chaîne, c’était déjà trop tard, le sommet était là. J’ai espéré son attaque car il était très fort mais Woods l’était tout autant je pense. Et même prendre 10 à 15 secondes n’aurait pas garanti une victoire, la descente (vue d’hélico) ne paraissant pas si périlleuse que cela. Un regret : que Geniez, pourtant un solide coureur, ait été complètement absent et n’ait pas servi les intérêts de l’équipe. Il était malheureusement hors de forme.
C’est Bardet lui même qui le dit pour l’attaque
Oui on est decu ! Mais la question est la France a t´elle vraiment tenter d´exploiter sa panoplie de scénario envisageable ? Avec un brun de recul; peut on se demander si cette unique strategie de type sky rouleau compresseur du final était l´unique coup (téléphoné) à tenter avec les forces et les talents des Français? ils ont peut trop jouer en defense alors qu´ils avaient les moyens, à l´image de l´excellent Valgren, d´attaquer et d´essayer de bousculer ce foutu scénario qui comportait un os de taille: l´ogre VALVERDE ! A part Rudy Mollard qui est allé dans un coup; c´était quand mème l´attentisme ou tout reposait sur les epaules d´un Julian écrasé par la pression et par une énorme saison . Alors oui la France visuelement admirable à visser comme á la parade au pied du mur; admirable avec le genereux Pinot qui s´éparpillait à courir sur tout ce qui bougeait; admirable avec Bardet qui en avait encore sous la pédale et qui gerait son saut de chaine comme un vieux briscar, admirable de cohésion mais quid d´un plan B ? Quid d´initiatives une fois que la squadra azura s´effilochait ? Quid d´une ou 2 mines pour créer du… Lire la suite »
Tout a fait d’accord avec vous. Bardet peut avoir quelques regrets, mais bon… s’il n’avait pas roulé en tête dans les forts pourcentages, peut être pouvait t’il partir seul. Il m’a épaté et j’avoue l’avoir sous estimé au vu de son tour de France. Mais cette place et celle qu’il a faite aux strade , je dis bravo. Maintenant il a été battu par Valverde ! je ne sais plus quoi penser de ce coureur que j’admire depuis ses débuts et qui en même temps me fait m’interroger. Ah ces fichus soupçons …En tout cas sa joie était très émouvante, et il honorera son maillot. Pour Ala, je maintiens ce que je disais dans un autre post ; il y avait bien quelques bornes de trop…et ç’est rassurant, car il est encore jeune.Je me souviens de Sagan et d’EBH qui avaient du mal a être compétitif sur 250 bornes avant leurs 25 ans. ( ok EBH c’est pas le bon exemple, vu qu’il n’est de toute façon plus compétitif, malheureusement ) Pour terminer la question qui fâche… que fait l’ AMA au sujet du tramadol ???? on n’en finira jamais avec ça. Ce devait être interdit, or l’on sait que… Lire la suite »
Je ne pense pas que rouler en tete sur du 15% on fasse plus d’effort que suivre dans la roue.
oui mais il n’a pas pu gérer son effort final ! j’ai été surpris de le voir en tête si tôt dans le final. Je peux me tromper bien entendu. , ce n’est qu’un sentiment. Qu’aurait t’il fait de mieux ? 50 mètres en haut de la bosse . Mais il y avait quand même 2 bornes de plat alors.. c’est ce qui fait tout le sel de ce sport que l’on aime
Alaphilippe a des résultats qui parlent pour lui sur 250 bornes : 3ème de MSR, 2ème du Tour de Lombardie, 2ème de LBL, sans compter une quatrième place aux JO (240km) et une deuxième place aux championnats d’Europe (230km). Là il a craqué, mais il restait notre meilleure chance – c’est d’ailleurs ce qu’à dit Pinot après la course. C’est plutôt Bardet et Pinot qui ont été plus fort que prévu !
La meilleure référence d’alaphilippe c’est 2 ème au lombardie ( distance, plus type de difficulté): mais pinot sur cette course précise a joué la gagne face à nibali en sortant avec l’italien sur l’avant dernière difficulté pentue, pas alaphilppe trop juste sur ce col de 6 km difficile. Julian a joué ( et bien joué ) placé sur ce coup là. Je le répète, face à des coureurs de grand tours en forme, alaphilippe est un ton en dessous sur des cotes un peu longues qui sortent de son domaine de puncheur. Alors qu’un Valverde a cette double compétence de pouvoir passer les grosses difficultés ( pays basque, Vuelta). Pinot a laissé du jus c’est certain en faisant le chien de garde dans les derniers tours pour suivre les attaques. Mais rien ne dit non plus qu’il aurait pu suivre bardet, woods et Valverde dans la dernière bosse. On ne le saura jamais. Nous avons grillé un joker sur une analyse pas toute à fait exacte des forces en présence. On aurait pu se retrouver en surnombre et vraiment jouer la gagne au sommet de la dernière bosse. Guimard lui en doit une pour martigny dans deux ans, en espérant… Lire la suite »
En même temps Pinot a toujours du mal sur les montées courtes et n’est pas forcément à l’aise sur les plus gros pourcentages. Pour moi il était plus fort que prévu dimanche, mais on ne pouvait pas construire la stratégie de course dessus. Par contre je suis d’accord qu’ils ont peut-être roulé un peu trop fort au pied du mur.
Il faut dire aussi que la chute de Barguil nous a peut-être privé d’une cartouche utile dans l’avant dernière ascension, et que Pinot aurait peut-être pu s’économiser sans cela.
Je pense pas que la distance soit un pblm pour quelq’un qui a 2 a Liège et Milan sans Remo, mais plutôt le dénivelé cumulé et la fatigue de la saison
je ne me suis pas fait comprendre, bien entendu que la distance n’est pas un soucis, mais c’est gagner qui peut poser problème. pour moi le même parcours un an plus tard , il est imbattable et ça rassure, c’est une progression logique. Il a gagné le flêche;; , je me repète ce n’est pas Liège, et finir 4 ce n’est pas gagner, même si, a sa décharge il a un peu été prisonnier de la course d’équipe . de plus il a fait une longue saison, et il a tenu plus longtemps que Kwiato ! De toute façon il n’ a pas démérité ! et il a surement plus de chance de gagner Un CDM que Bardet qui a surement laisser passer une chance qu’il ne retrouvera pas avant longtemps, les parcours montagneux n’étant pas proposés souvent ( j’ai eu le sentiment qu’il en avait gros sur la patate Romain? 1. d’avoir été battu par un coureur comme valverde.. 2 . De n’avoir pas pu joué a 100 pour cent sa carte … il a fait l’équipîer sur les premiers metres de la montée, et je pense quand même qu’on gère moins son effort, qu’en étant dans les roues..… Lire la suite »
Quelle belle équipe de France! Et cela me conforte dans l’idée que Bardet et Pinot ont eu tort de se focaliser uniquement sur les grands tours et qu’ils peuvent briller et gagner sur d’autres terrains.
Il n’est pas trop tard :)
Je vous rejoins totalement, j’ai vibré comme rarement, et ce moment les trois en têtes, nos “trois cadors”, qui roule ensemble sous le même maillot un peu un rêve quand même!! Vivement la Lombardie (j’espère que romain y sera), j’aimerais vraiment beaucoup que pinot la gagne !
Aucun reproche, total respect pour ces types.
Qu’Anthony Roux, notre champion de France, et Rudy Molard m’ont fait plaisir !
ADMIRABLES ! Vous avez trouvé le mot juste ! Quelle grande et magnifique équipe de France ! J’avais un peu peur sur la réelle unité de ces excellentes individualités mais le trio de leaders a été plus qu’à la hauteur : exemplaire ! Quelle course, quel beau spectacle ils nous ont offert et quels espoirs ils nous ont donné !… Chapeau bas à Bardet mais face à ce grandissime champion qu’est Valverde… Magnifique champion du monde !
Alaphillipe n’aurait’il pas pu se rendre compte qu’il n’était pas à son meilleur au moment de l’avant dernier col? je veux dire il a quand même craqué relativement tôt dans la dernière bosse, qui en elle-même était tout à fait dans ses capacités. Du coup soit il était cramé et il pouvait en parler à Bardet et Pinot au moins après le dernier col (voire avant peut-être) soit il a eu une fringale. Donc il est quand même fautif, soit il se connait mal, soit il a pêché par fierté soit il a oublié de bien se nourrir.
alaphilippe, c’est un coureur résistant, j ‘imagine qu’il doit supporter des grosses doses de lactique dans l’effort. Mais effectivement, quand ça lâche, ça lâche d’un coup, comme sur paris nice ou le tour du pays basque cette année. Il a très bien pu penser pourvoir passer la dernière difficulté. On peut pas lui faire ce reproche.
Il a eu des crampes.
Rejeter la faute de façon aussi tranchée sur Alaphilippe me semble excessif. En course et en vélo tout court, les sensations fluctuent et ne reflètent pas forcément la réalité physiologique… Qui n’a pas subi de coup de bambou soudain ? Un début de sortie avec de très mauvaises sensations et une fin de sortie en fanfare ? L’impression d’avoir de super jambes et caler dans la première montée ? Rien n’est tout noir ou tout blanc, et je pense que tout simplement personne ne s’attendait à une “défaillance” d’Alaphilippe et à une super forme pour Pinot et Bardet. Comme le dit très bien Highlander, le problème ne viendrait-il donc pas plutôt de la stratégie utilisée ? Faire la dernière montée comme la Sky, était-ce la stratégie la plus “malléable” en cas de pépin ? Ils ont agi comme s’ils étaient archi-confiants sur les capacités d’Alaphilippe à finir le travail, alors qu’il y avait encore au moins Valverde et Moscon dans les roues… Pourquoi ne pas avoir placer une attaque disons au tiers de la montée avec Pinot (ou Bardet) et laisser les autres faire le travail pour rentrer ? Il restait alors encore Bardet (ou Pinot) et Alaphilippe en cas… Lire la suite »
Belle performance. On pouvait difficilement espérer mieux une fois Alaphilippe décroché.
Un point noir pour moi toutefois : l’attitude de Barguil qui ne m’a pas du tout semblé investi dans son rôle.
Accroché à sa voiture sur plusieurs mètres pour finalement changer de vélo (tout en conservant sa roue avant ??) puis une attitude très étrange où il ne donnait pas l’impression de vouloir rentrer à l’arrière (Ça n’appuyait pas sur les pédales, ne prenait pas l’aspiration et regardait sans cesse derrière) pour au final chuter dans un virage somme toute anodin et renoncer.
La malchance je veux bien mais bon…
Je pense que ALAPH s”est vu trop beau lorsqu’il demande à Pinot d’accelerer des le pied,car quand il gagne la Fleche et la Classica ,il ne fait, en fait, que les 500 derniers metres à fond,et c’est comme ça qu’il est le meilleur.Les Français auraient du monter “tempo” accompagné,sans doute par une quinzaine de coureurs,mais qu’importe,et ensuite Alaphilippe attaque sur le haut et bascule avec 3 ou 4 gars seulement,dont Valverde évidemment ,mais au sprint cela aurait été plus serré.Quand à moi,fan de Valverde depuis 15 ans,tres heureux de son succes!!
Est-ce que quelqu’un connaît le braquet utilisé pour le passage à 28% ? Merci.
39×32 pour Bardet
Merci Zenon :-)