Ils sont une bonne dizaine, ce week-end, à pouvoir rêver du maillot arc-en-ciel. Mais dans le lot, deux garçons endossent un peu plus que les autres le costume de grandissimes favoris. Julian Alaphilippe et Alejandro Valverde, habitués à s’affronter sur les ardennaises, vont battre le fer pour un championnat du monde. On a tenté de savoir lequel avait le plus de chances de l’emporter.

La forme : Egalité

Ils sont tous les deux parmi les quatre coureurs les plus prolifiques du peloton, cette saison. Alejandro Valverde avec 13 victoires, Julian Alaphilippe avec 12, ont cartonné depuis le mois de janvier. Et pas sur des épreuves de seconde zone. Pays-Basque, Catalogne, Flèche Wallonne, Tour de France, Vuelta, les deux larrons ont brillé quand les projecteurs étaient braqués sur eux, là où on les attendait. Mais surtout, ils ont su articuler leur fin de saison autour de ce Mondial. S’ils ont tous les deux beaucoup couru (76 jours de course pour l’Espagnol, 73 pour le Français), ils l’ont fait quand il fallait. Même si Valverde a fini par perdre le podium de la Vuelta, il faut surtout retenir qu’il a été en mesure de la gagner jusqu’à deux jours de l’arrivée, ce qui n’est pas si fréquent pour lui. Alaphilippe, lui, a engrangé de la confiance au Tour de Grande-Bretagne puis en Slovaquie, pour compenser son absence en Espagne, justement. Ils arrivent donc en Autriche dans des conditions similaires.

Le physique : Avantage Alaphilippe

On ne parlera pas d’âge, parce que ce serait réduire Alejandro Valverde à quelque chose qui, apparemment, n’a pas d’impact sur lui. Mais les faits sont là. Sur la montée de Mur de Huy, au mois d’avril, il y a eu une inversion des rôles. L’Espagnol, quadruple vainqueur en titre de la Flèche Wallonne, dont deux fois devant le Français, n’a pas pu tenir une année de plus. Au moment de la saison où les deux hommes étaient en pleine possession de leurs moyens, et sur une ascension qui laisse plus de place au physique qu’à la tactique, c’est Alaphilippe qui s’est imposé, et plutôt largement. Pour le reste, on notera que le puncheur de Quick-Step a terminé devant son rival sur deux des trois ardennaises, cette année, et que cela marque un tournant impossible à ignorer. Sur le plan physique, l’élève a dépassé le maître.

L’expérience : Avantage Valverde

Le Français n’est plus tout à fait un petit nouveau. Il a déjà disputé trois campagnes ardennaises et a décroché sa première victoire cette année, mettant fin au règne de Valverde sur la Flèche Wallonne. Question Mondiaux, il a aussi en tête l’épisode de l’an dernier à Bergen, où il a cru pouvoir l’emporter avant d’être rejoint dans le dernier kilomètre. C’est pas mal, mais ça ne fait pas le poids face aux quinze années de l’Espagnol au plus haut niveau. Le Murcian a tout gagné sauf ce fameux maillot irisé. Pourtant, il connaît ce rendez-vous par cœur. Onze fois au départ, six fois sur le podium à l’arrivée (deux fois deuxième, quatre fois troisième), Valverde ne sera pas perturbé, dimanche matin, si ce n’est par le fait que c’est l’une de ses dernières opportunités pour enfin compléter sa collection de victoires.

L’équipe : Avantage Alaphilippe

La sélection espagnole n’est pas ridicule, avec des garçons comme Mas, Nieve, Izagirre ou Fraile pour accompagner Valverde. Mais elle fait forcément pâle figure face au collectif tricolore aux allures d’armada. Alors l’abondance de biens peut nuire et Valverde lui-même en a souvent été un témoin malheureux, le souvenir de Florence, où la mésentente avec Joaquim Rodriguez était évidente, est encore dans les mémoires. Mais côté Français, la hiérarchie claire semble empêcher ce genre de dénouement. Julian Alaphilippe est un numéro un incontesté qui pourra compter sur des lieutenants de grand luxe. Romain Bardet et Thibaut Pinot seront des menaces réelles pour les autres formations, pendant que Gallopin, Geniez ou Molard, valeureux équipiers, surfent sur une forme étincelante.

Verdict : Avantage Alaphilippe

Au terme d’une saison quasi parfaite, qui l’a vu décrocher sa première classique ardennaise avant d’enchaîner avec un été surréaliste (deux étapes et le maillot à pois sur le Tour, puis la Clasica San Sebastian), Julian Alaphilippe se pose en favori numéro un pour la course en ligne des Mondiaux. Un évènement pour le cyclisme français, qui n’a plus vu un de ses coureurs dans une telle position depuis plus de vingt ans, lorsqu’en 1997 à San Sebastian, Laurent Jalabert était arrivé flanqué de cette étiquette de favori.

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