Au départ des championnats de France à la Haye-Fouassière, personne ne se serait aventuré à pronostiquer une victoire de Warren Barguil au terme des 250 kilomètres de course. Sorti d’un enfer qui ne l’avait plus vraiment quitté depuis son départ de la Sunweb fin 2017, le Breton a pris une belle revanche envers lui-même et vis-à-vis de ses détracteurs, qu’il a salué avant de monter sur le podium. Son été est lancé.
Sur les bons rails
Comme pour un sprinteur, il s’en faut de peu pour que la trajectoire d’un grimpeur se disperse rapidement. En froid avec son ancien encadrement sur un Tour d’Espagne où on l’avait accusé de ne pas avoir attendu celui qui finira quatrième à Madrid, Wilco Kelderman, Barguil n’avait jusqu’à présent pas trouvé la confiance et la sérénité qu’il avait juré obtenir en replongeant du côté de ses racines familiales, en Bretagne. Auteur d’une saison blanche en 2018 lors de laquelle il ne fut jamais en capacité de jouer les classements généraux des courses par étapes ni de lutter pour des victoires d’étapes, le meilleur grimpeur du Tour de France 2017 était encore moins verni sur les épreuves de Coupe de France, où la formation d’Emmanuel Hubert joue souvent gros.
Alors qu’on pensait les leçons de cet échec tirées pour aborder du bon pied 2018, deux énormes chutes, sur Paris-Nice et le Tour de Catalogne, l’ont mis hors-jeu jusqu’au Grand Prix de Plumelec, le 1er juin dernier. Treizième pour sa course de rentrée, il avait enchaîné avec un bon Critérium du Dauphiné, même s’il lui manquait quelque chose pour rivaliser avec ses compagnons d’échappée le dernier week-end. Difficile, donc, de l’imaginer à son avantage sur le tracé de la Classique Loire-Atlantique qui accueillait la grande messe du cyclisme français. Mais très affûté tactiquement, Barguil s’est inséré dans la grande échappée qui condamna les sprinteurs d’entrée de jeu. Sans doute le plus fort dans les courtes ascensions, derrière l’impatient Valentin Madouas, il a fini par trouver les ressources mentales pour griller au sprint un duo Cofidis qui s’est aperçu bien trop tard de ses chances de victoire.
Continuer à redorer son blason
Meurtri par les critiques des suiveurs et de la presse, le vainqueur du Tour de l’Avenir 2012 avait à cœur de démontrer que ses qualités ne s’étaient pas malencontreusement évaporées. Encore âgé de seulement 27 ans, le garçon peut à nouveau s’ouvrir de belles portes à l’avenir si ce titre de champion de France constitue une étape de son retour au plus haut niveau. Dimanche prochain, au départ de Bruxelles, Warren Barguil sera probablement galvanisé à l’idée d’étrenner son maillot tricolore, et plus encore une fois la frontière franchie et les premiers reliefs vosgiens à l’horizon. Aux micros de France Télévisions, le nouveau champion national a annoncé la couleur, et espère lever les bras avec la tunique bleu-blanc-rouge sur les épaules. Une barrière largement à sa portée, sur l’ensemble des performances de ses sept années complètes de carrière chez les professionnels.
Mais quand certains sont allés trop vite en besogne en dissertant en profondeur sur sa mauvaise passe, attention à ne pas commettre l’excès inverse et s’enflammer d’ici le mois de juillet. Il ne va pas sans dire que sa côte de popularité risque fort de remonter, et que de nouveaux bons résultats ne manqueraient pas de susciter à nouveau un engouement, jusqu’ici perdu, derrière sa silhouette enfantine qui charma les milliers de spectateurs dans les pentes de l’Izoard, ou encore à Foix, il y a seulement deux ans. Encore possiblement annoncé sur le départ il y a quelques semaines, Barguil devrait aussi voir sa valeur marchande regonfler. Mais dans l’immédiat, son entourage et ses coéquipiers d’Arkea-Samsic ont bien le droit de savourer ce succès, le cinquième de 2019, signe que la roue est peut-être en train de tourner. Et c’est tout ce qu’on leur souhaite.
Quelle course! Wow! J’avais allumé la tv en pensant regarder seulment le 2 derniers tours mais je suis resté scotché les 50 derniers km. Et ce final était juste fantastique, un final de guerriers ou tout le monde a fini bien cramé. Je souhaite le mème spectacle au tour (oui je sais je peu toujour courir)
Résurrection de Barguil et du même coup de son équipe ! Bien content pour eux en espérant une victoire d’étape en tricolore sur le Tour.
Je continue à penser que l’avenir de ce garçon passe par une equipe world tour.
C’est bien pour Barguil, mais il faut relativiser. Il y a deux ans, il s’imposait à la pédale au sommet de l’Izoard, c’était d’un tout autre niveau.
Mais que faut-il relativiser ???!!! Barguil gagne en champion une vraie course de guerriers avec de la bagarre et du suspens du départ à l’arrivée ! Ah la magnifique attaque de Guillaume Martin, seul contre tous ! Comme j’aurais été heureux pour lui ! C’est sûr qu’on était loin (heureusement !) des courses sans âme, aseptisées et formatées du fameux “World Tour” ! C’était en effet incomparablement plus intéressant et palpitant ! Alors oui, vous avez sans doute raison, il serait temps de relativiser l’importance de certaines courses WT et de certains coureurs…
Des courses comme les Strade, Paris-Roubaix, le Tour des Flandres, le Tour de Lombardie offrent souvent des scénarios palpitants. Mais les coureurs y sont les meilleurs du monde, ce qui n’est pas le cas des championnats de France…
Mon propos était juste de dire que Barguil semble avoir retrouvé un niveau qu’on ne lui connaissait pas depuis 2 ans et je m’en félicite, je me demande seulement s’il est le Barguil qui volait dans les cols en 2017, je n’en suis pas certain. Inutile de s’enflammer.
Sans doute le plus fort ? Vous réécrivez quelque peu le scénario, le plus fort dans cette échappée, c’était Gaudu
Madouas plutôt, non ?… paraissait effectivement très costaud dans les ascensions…
Vu que Gaudu n’était pas dans le groupe qui se jouait la gagne, difficile de dire qu’il était le plus fort (ou alors il était le plus fort et le moins malin, ce n’est pas vraiment une bonne chose…).
Le moins malin? il a eu un incident mecanique qui l’a ejecte du groupe, c’est juste pas de chance
Ah OK, désolé j’avais raté cette partie de la course.
Et la tactique de la FDJ on en parle ? ça roule devant, ça roule derrière, toujours par à-coups. Devant les trois jeunes (Seigle, Madouas et Gaudu) font péter Sarreau puis ne roulent plus. Derrière ça tergiverse, Mauduit traverse la route devant le peloton pour glisser 2 (sûrement pas plus) mots à ses coureurs, ça discute deux plombes entre Ladagnous et Roux qui ne sont visiblement pas d’accord. Finalement on décide d’embrayer tout pour Démare, mais à peine ont-ils commencé que Pinot sort derrière une attaque de Turgis et continue son effort. ça condamne la poursuite, on peut pas rouler sur Pinot même s’il n’a que 0,3% de chance de rentrer devant. J’ai l’impression qu’ils ont couru à l’envers, comme les Direct Energie. Tout perdus sans leurs oreillettes. Ils ont en plus manqué de chance parce que si Gaudu reste dans le groupe – lui qui paraissait le plus fort dans les bosses – c’était pas la même. Les Cofidis auraient pu (dû ?) gagner si Simon avait fait confiance à Touzé pour l’emmener. Au lieu de ça il le saute aux trois cent mètres au moment ou il rentre sur Martin. Dommage ils avaient tout bon jusque-là. Sinon razzia… Lire la suite »
;)
:p
Apres le raté du maillot cyclamen du giro
Nouvelle erreur tactique de cette équipe ?
Très beau vainqueur et surtout une belle victoire de cycliste. Pas de directeur sportif.
Voir les FDJ et les Cofidis courir comme des canards sans tête montre à quel point le cyclisme gagnerait à se passer d’oreillettes. Il y avait deux coureurs au-dessus en terme de tactique :
– Martin, qui a couru parfaitement et aurait gagné si Valentin Madouas ne s’était pas affolé en allant le chercher (pour ensuite perdre) quand c’était le job d’un Cofidis,
– et Barguil, bien aidé par ses équipiers qui on un peu freiné ses ardeurs, qui attaque au bon moment, sais couper son effort pour bien repartir sur le sprint.
Une très belle course et un très beau vainqueur.