Une galère en entraîne souvent une autre. Warren Barguil a connu une sévère chute, ce lundi sur la deuxième étape de Paris-Nice. Blessé à une cervicale, il a dû abandonner. Pour Arkéa-Samsic, qui perd son leader, c’est un coup dur qui pourrait avoir de grandes conséquences dans la course aux invitations.

Le début d’une dynamique brisée

Depuis le début de saison, on s’était dit que les invitations pour le prochain Tour de France se décideraient sur Paris-Nice. « Beaucoup va se jouer cette semaine, naturellement, a d’ailleurs reconnu le directeur de l’épreuve, Christian Prudhomme, au micro de RMC. On sait très bien qu’on fera des malheureux, et qu’on sera nous-même malheureux, sauf si cette semaine fait qu’il y a des évidences. » Le discours est honnête et personne n’est surpris. Mais chez Arkéa-Samsic, ce lundi soir, c’est la douche froide. Parce que l’inquiétude suscitée par la chute de Warren Barguil, dans l’après-midi, n’est pas complètement estompée. L’image du garçon, allongé sur le sol, minerve au cou, avait de quoi faire peur, et le bilan qui fait état d’une double fracture d’une cervicale n’est pas encore complètement rassurant. Mais pragmatisme oblige, dans l’encadrement, on a forcément une pensée pour cette invitation, qui, peut-être, s’est envolée en même temps que le leader breton a touché le sol.

Les saisons ne se ressemblent pas tout à fait, pour Emmanuel Hubert et son équipe, mais il y a une constante, malgré tout : la succession de galères, surtout pour Warren Barguil. Il y a un an, on l’avait déjà vu en méforme tout le printemps et tout le monde lui tombait dessus. Mais il y avait une différence : ASO avait déjà décerné ses invitations pour le Tour et la formation bretonne savait qu’elle y serait. Cette année, il n’était pas question d’être aussi transparent, et “Wawa”, sans être encore flamboyant, avait montré quelques signes positifs, comme cette troisième place sur la Drôme Classic, il y a un peu plus d’une semaine. Il ne pourra pas la faire fructifier, alors que, forcément, une belle étape le week-end qui arrive, sur le col du Turini ou le lendemain vers Nice, aurait pesé de tout son poids dans cette bagarre entre Arkéa-Samsic, Vital Concept et Direct Energie.

Bagarre bretonne

Autre hic, la grosse recrue hivernale, André Greipel, ne semble pas en mesure de prendre le relais d’un Warren Barguil hors-jeu. L’Allemand a bien ramené la seule victoire de son équipe en 2019, mais c’était sur la Tropicale Amissa Bongo, une épreuve qui comptera peu, finalement, lorsque Christian Prudhomme devra faire son choix. Et sur les deux premiers sprints de Paris-Nice, l’ancien sprinteur de Lotto-Soudal a observé de (très) loin les victoires de Dylan Groenewegen. Alors bien sûr, les galères ne sont pas que pour Arkéa-Samsic, et Jérôme Pineau, manager de Vital Concept, a connu pareille désillusion il y a de ça une semaine, lorsque son leader, Pierre Rolland, a déclaré forfait pour Paris-Nice. Et comme les équipes bretonnes semblent se copier, chez Vital Concept, aussi, on a un sprinteur qui ne gagne pas.

Dans cette histoire, la bonne affaire est pour Direct Energie, qui empile les résultats depuis le début de saison (Turgis et Calmejane vainqueurs, Terpstra placé) et partait déjà avec une longueur d’avance, dans l’esprit de tous, par l’histoire qui lie l’équipe de Jean-René Bernaudeau au Tour de France. Comme attendu, la bagarre concerne donc les deux équipes bretonnes. La première est une habituée du Tour, qui reste sur une année quasi blanche et un Tour 2018 traversé sans éclat. La deuxième, qui attend de pouvoir mettre les pieds pour la première fois sur la Grande Boucle, souffre peu ou prou des mêmes maux et pourrait voir sa pérennité remise en question par un nouveau refus d’ASO. Il était donc clair que tout allait se jouer à un fil. La malchance de Barguil pourrait faire pencher la balance du côté de “l’autre” équipe bretonne.

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