Entre Romain Bardet et Paris-Nice, l’histoire a connu des bas, comme cette exclusion il y a deux ans, mais peu de hauts, finalement. Une seule fois entré dans les dix premiers du général en cinq participations, l’Auvergnat aimerait bien y connaître les mêmes sommets que sur le Tour ou le Dauphiné. Ce sera sacrément compliqué, malgré tout.

Si peu de joies

A première vue, on se demanderait presque ce que va faire Romain Bardet dans une telle galère. C’est un peu comme si rien, dans le parcours de ce Paris-Nice qui débute dimanche, ne lui correspondait vraiment. Mais le Français est un homme de défis. Un homme bourré d’obsessions, même. Le Tour est la plus grande, bien sûr, mais Paris-Nice en fait partie aussi. Parce qu’il n’a pas encore réussi à y écrire l’histoire. En 2016, il y avait obtenu son meilleur résultat : neuvième du général, à une minute de Geraint Thomas, et huitième de l’étape reine qui arrivait à La Madone d’Utelle. Pas de quoi soulever les foules, en clair. Rien de comparable à ses exploits de l’été. Et un an plus tard, c’est sur Paris-Nice qu’il connaissait l’un des pires épisodes de sa carrière : une exclusion pour s’être accroché à la voiture de son équipe. C’en était trop.

L’an passé, Romain Bardet avait ainsi choisi de faire l’impasse et d’aller se tester sur Tirreno-Adriatico. Il n’y avait pas été beaucoup plus en vue, parce que le mois de mars, finalement, n’a jamais été sa meilleure période. Mais il y avait été un peu plus tranquille. Parce que dès ce dimanche matin, à Saint-Germain-en-Laye, il suffisait de voir l’attroupement autour du car d’AG2R La Mondiale pour comprendre que l’Auvergnat ne passera pas une semaine calme, loin de là. Il aura droit à une pression de tous les instants, du public qui l’a si peu vu, depuis l’été dernier, et des médias, qui lui parlent déjà – et c’est logique – du prochain Tour de France censé être taillé pour lui. Alors Bardet est habitué à gérer tout ça, mais d’habitude, cela vient un peu plus tard dans la saison. Et surtout, ce Paris-Nice qu’il voudrait prendre comme une série de tests, à la fois en chrono et en montagne, sera forcément un peu plus interprété, du côté des observateurs.

Se mettre en difficulté

Quelques semaines après une reprise loin des regards, sur le Tour du Haut-Var, le Français sait qu’il s’exposera beaucoup plus, dans les jours qui arrivent. Et le hasard fait que ce ne sera malheureusement pas sur un parcours à sa convenance. Le contre-la-montre de Barbentane, jeudi prochain, sera l’occasion de voir si le travail de l’hiver, dans l’exercice individuel, a payé. Mais Romain Bardet est condamné à perdre du temps sur les meilleurs, malgré tout, et on le lui fera forcément remarquer. Plus embêtant encore, l’arrivée au sommet du col du Turini, samedi, ne lui conviendra qu’à moitié, a-t-il déjà prévenu. Il a reconnu l’ascension, trop roulante à son goût et taillée pour les rouleurs qui savent se gérer en montée. Ça fait beaucoup de hics pour une seule semaine de course, mais pourtant, le garçon est bien là, au départ. Parce qu’il voulait revenir sur Paris-Nice, oui. Mais aussi parce qu’il aime se mettre en difficulté.

Déçu de son dernier Tour de France, le n°1 français de ces dernières années ne voulait pas reproduire le même schéma. On le sait extrêmement minutieux, pointilleux même. Il y a forcément eu une remise en question. Romain Bardet n’a en vérité pas besoin des autres pour le faire. Encore plus que les années passées, il semble ainsi sortir de sa zone de confort. L’accent a été mis sur le contre-la-montre, cet hiver, davantage que les intersaisons précédentes. Le garçon n’aime pas ça mais il a compris que c’était un passage obligé pour accomplir son rêve de maillot jaune. Alors ce Paris-Nice ne donnera pas autant d’informations que l’on voudrait, même si la dernière étape, vers Nice, offre un terrain de jeu que, pour le coup, le Français est à même de sublimer. Mais le simple fait que Bardet se mette volontairement en difficulté, sur une semaine bourrée de pièges, est un indicateur précieux.

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