Il y a un an, Pierre Latour terminait en roue libre son effort solitaire, se permettant même de lever les bras avant l’arrivée. Mais cette année, le champion de France en titre, pas au meilleur de sa forme, est tombé sur un os répondant au nom de Benjamin Thomas. La prestation de l’ancien pistard n’est certainement pas une surprise, mais les suiveurs viennent sans doute de voir le premier sacre, sur la route, du futur grand rouleur français.

Un collectionneur de maillots

Champion national, européen et mondial sur la piste, Benjamin Thomas accrochera ce soir un nouveau maillot dans son armoire, celui du champion de France du contre-la-montre. Annoncé comme le grand outsider, après sa huitième place, la semaine dernière sur le chrono du Tour de Suisse, l’ancien homme fort de l’Armée de Terre a fait un peu mieux que tenir son rang. Il a pris le pouvoir. Un acte de naissance, pour ce qui est de ses résultats sur la route, plus ou moins attendu par Franck Pineau, son directeur sportif. « C’est une belle surprise, même s’il est dans son registre, disait-il après son résultat en Suisse. 45 kilomètres (comme aux France, ndlr), c’est différent, mais son podium l’an dernier est une base intéressante pour lui. »

C’est certainement ces bases, qu’il est venu chercher en 2018, pour sa première chez Groupama-FDJ, qui lui ont permis, douze mois plus tard, de décrocher son premier titre national sur route. Aujourd’hui, dans les vignobles nantais, le nouveau champion France du chrono, 23 ans seulement, a maîtrisé son exercice comme un coureur expérimenté. En tête dès le premier intermédiaire, il a ensuite creusé l’écart pour finir avec plus d’une minute d’avance sur Stéphane Rosseto et Julien Antomarchi, respectivement médaillés d’argent et de bronze. Pierre Latour, impressionnant l’an dernier, mais affaiblit cette saison par une blessure, termine seulement à la quatorzième position. Les rabat-joies diront sûrement qu’il n’y avait pas grande concurrence sur ce championnat. Qu’importe, troisième de l’édition 2018 et vainqueur en 2019, Benjamin Thomas prend rendez-vous pour les années à venir. Et il sera difficile de le détrôner.

Un futur spécialiste de la discipline

Surtout, Benjamin Thomas, par son profil et son âge, s’est assis ce jeudi sur un trône qu’il pourrait conserver longtemps, succédant ainsi à Sylvain Chavanel, six fois champion de France du chrono, dans le rôle du meilleur rouleur français, présent sur la durée. Alors que Pierre Latour, l’autre grand espoir du contre-la-montre côté tricolore, ne devrait plus progresser dans le domaine, tant il cherche à devenir plus fort en montagne pour espérer un jour un podium sur un grand tour, Benjamin Thomas désire, lui, devenir un spécialiste. Au moment de tirer le bilan de sa saison 2018, il confiait ainsi à Cyclism’Actu vouloir progresser dans l’exercice chronométré. « Avec la piste et la poursuite, j’ai une attirance naturelle pour ces efforts solitaires en position chrono. J’ai encore beaucoup de choses à améliorer, mais je souhaite vraiment devenir un très bon rouleur. »

Ce jeudi soir, on se demande donc ce qui passe par la tête de Marc Madiot, manager de Groupama-FDJ. Il a annoncé hier la sélection de son équipe pour le Tour de France, et peut-être que le chrono du jour aurait remis en cause certains de ses choix, s’il avait attendu un peu avant l’officialisation. Ou peut-être avait-il prévu depuis longtemps, déjà, que Benjamin Thomas serait un candidat très sérieux au maillot bleu-blanc-rouge, mais que ça ne changerait rien à l’histoire. Pour la deuxième année consécutive, le garçon se fera donc les dents sur la Vuelta. Mais bientôt, il élargira forcément ses horizons, parce qu’il sera trop difficile de le cantonner aux seconds choix.

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