Solide leader de Tirreno-Adriatico à moins de 48 heures de l’arrivée, Adam Yates est peut-être sur le chemin de la rédemption. L’hiver a visiblement permis de panser toutes les cicatrices de 2018, où sa saison s’est quasiment stoppée net sur la route du Tour, transformée pour l’occasion en un long chemin de croix.

Une pression positive

Lorsque la fratrie Yates débarque sur les circuits professionnels en 2014, quatre mois après son festival sur le Tour de l’Avenir, la côte d’Adam apparaissait un petit plus élevée que celle de Simon. Il semble le plus fiable des deux frangins, peut-être un peu moins explosif, parfois, mais bien plus régulier et taillé pour les courses par étapes. Des prédictions que chacun s’empressera de démentir, en s’illustrant sur le terrain de l’autre. Et le rapport de force, entre les deux frères, s’est inversé. Simon a remporté une Vuelta, et presque un Giro, alors qu’Adam n’a toujours pas confirmé son maillot blanc obtenu sur le Tour de France 2016. De quoi être légèrement piqué dans son orgueil au moment de faire un premier bilan, fin 2018.

La concurrence entre les jumeaux a toujours été des plus saines. Lorsque Simon a décollé sans que grand monde ne s’y attende sur les routes du Giro, Adam avait néanmoins les moyens de lui répondre durant l’été. Vainqueur de l’étape qui rendait hommage à Michele Scarponi sur Tirreno-Adritico, il avait ensuite réalisé un bon Tour de Californie puis un excellent Dauphiné, en s’adjugeant la dernière arrivée au sommet. Deuxième du général, il avait alors gagné le titre de « meilleur des autres », derrière l’intouchable Geraint Thomas. Mais tout s’est enrayé au mois de juillet, au point de courir les échappées pour sauver son Tour. Et lorsque la victoire d’étape lui semblait promise à Bagnères-de-Luchon, il chutait dans la descente du Portillon, laissant Julian Alaphilippe lui chiper les lauriers. Un bilan franchement décevant qui posait pas mal de questions.

Déterminé à remonter le temps

En vérité, les Yates ont toujours été au cœur de la maison australienne, et Matthew White n’allait pas délégitimer Adam de sitôt après ses premiers vrais échecs dans sa jeune carrière. Mais des changements de calendrier étaient tout à fait imaginables. Il n’en sera rien, et le planning 2019 du grimpeur longiligne ressemblera comme deux gouttes d’eau à celui de 2018. Retour en Espagne fin mars, puis direction la Belgique pour les classiques ardennaises qu’il avait manqué l’an dernier après s’être fracturé le bassin en Catalogne. S’en suivra l’enchaînement classique Dauphiné-Tour de France. D’ici là, Adam pourrait malgré tout aller décrocher sa première course par étapes depuis le Tour de Turquie, il y a cinq ans. Pour ça, il faudra se farcir notamment Primoz Roglic sur ces derniers jours de Tirreno. Pas une mince affaire, à la veille du traditionnel chrono de San Benedetto del Tronto, dans les Marches.

Propulsé sur orbite après un contre-la-montre par équipes exceptionnel, Adam Yates porte le maillot bleu de leader depuis la première étape en ligne, et a profité du circuit vallonné de Recanati pour accroître son matelas sur le Slovène. Vingt-quatre heures avant l’arrivée finale, il possède désormais 25 secondes d’avance sur un coureur qui lui en avait repris 36, l’an passé, sur un tracé strictement identique. Celui qui est surnommé « The Shadow » ou encore « The Gatekeeper » par ses fans d’Outre-Manche pourrait sentir le souffle de l’ancien sauteur à ski le long du bord de mer adriatique, mais ses jambes de début de saison doivent lui donner confiance. Vainqueur en patron de l’étape reine du Tour de la Communauté de Valence, cinquième de la Ruta del Sol, Yates veut montrer à tout prix qu’il mérite une seconde chance en 2019. Et on ne demande qu’à voir.

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