Quelques semaines après l’explosion de Simon Yates sur les routes du Giro, son frère jumeau Adam a montré les dents sur le Dauphiné. Lui qui a pris rendez-vous pour le Tour, dans moins d’un mois, s’est offert une victoire d’étape et une deuxième place au général derrière son compatriote Geraint Thomas. Un Yates en remplace ainsi un autre.

Le jumeau différent

Dans le final, ce dimanche, Romain Bardet a sans doute cru revivre le dernier Tour de France. Geraint Thomas, le maillot jaune qu’il fallait lâcher, avait endossé le costume de Chris Froome. Adam Yates, lui, avait pris celui de Rigoberto Uran, qui en juillet dernier s’était toujours ou presque accroché au Français, sans prendre un relais mais en lui chipant la deuxième place du général à Paris. C’est, en fait, le style Adam Yates. Jumeau de Simon, il est malgré tout bien différent sur un vélo. Moins offensif. Il y a bientôt deux ans, il avait terminé quatrième du Tour. Sacrée performance, mais acquise dans une grande discrétion. Le Britannique avait tenu sa place jour après jour, sans jamais placer une attaque. Tout l’inverse de son frère Simon, offensif à souhait sur le dernier Giro mais qui a finalement craqué, maillot rose sur le dos, à quelques jours de l’arrivée.

Quand on lui en parle, Simon assure que son frère n’est pas un coureur défensif, que c’est la course qui décide de la stratégie à adopter. Il reconnaît, aussi, qu’il n’a pas le même regard sur son frère que le reste des observateurs, et qu’il est plus compliqué pour lui de pointer leurs différences. Jérôme Gannat, qui a été le directeur sportif d’Adam au CC Etupes, est pourtant assez clair. « Même chez les amateurs, il ne bougeait jamais, disait-il l’été dernier à L’Equipe. On lui disait mais ça ne changeait rien, il attendait la dernière demi-heure de course. Souvent, chez les amateurs, c’est trop tard. » Depuis qu’il est chez les pros, en revanche, la façon de courir du Britannique correspond davantage. Elle lui a permis de devenir un outsider crédible sur les courses d’une semaine puis de trois, aidé par l’explosion de son frère qui nous laisse penser que lui aussi, cet été, pourrait franchir un cap.

Un rêve de podium

Patient ce dimanche, Yates a levé les bras pour la deuxième fois de la saison et se projette évidemment sur le Tour. Avec prudence, forcément, mais sans cacher son ambition non plus. « Le Tour de France ? J’y pense depuis le début de saison, a-t-il dit au terme de ce Dauphiné. J’ai eu un problème au Tour de Catalogne (où il a abandonné, ndlr), mais ensuite je me suis bien rétabli. » Après un stage au lac Tahoe et une remise en route en Californie, l’Anglais s’est rassuré cette semaine. Sur les derniers hectomètres de la montée vers Saint-Gervais Mont Blanc, il a montré que niveau punch, il n’avait pas grand chose à envier à son frangin, qui en a fait étalage lui aussi sur les deux premières semaines du Giro. Tous les rêves, désormais, sont possibles. S’il est toujours capable, sur le Tour, de batailler avec Romain Bardet notamment, cela voudra sûrement dire qu’il est en lice pour le podium. Ce qu’aucun des Yates, pour l’instant, n’a réussi à obtenir sur un grand tour.

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