Dans les quatre premières places du dernier Tour d’Italie, on retrouve trois coureurs de la génération 1990 : Tom Dumoulin, Nairo Quintana et Thibaut Pinot. Mais derrière, une autre génération pousse déjà. Bob Jungels, Adam Yates et Davide Formolo, tous nés en 1992, ont terminé entre la 8e et la 10e place. Année après année, ils montent en grade. Le Britannique, le plus en avance, avait même terminé quatrième du Tour l’an passé. Alors dans quelques années, quand les Contador, Froome et Nibali auront mis le clignotant, quelle génération raflera la plus grande part des grands tours ?

Avantage génération 90 par Adrien Godard

La victoire de Tom Dumoulin sur le 100e Giro porte à trois le nombre de coureurs nés en 1990 et vainqueurs d’une course de trois semaines. Les talentueux Nairo Quintana et Fabio Aru ayant devancé le Batave en s’imposant sur le Tour d’Italie 2014 et les deux dernières Vuelta. Alors quand les Froome, Nibali et Contador goûteront aux joies de la retraite, nul doute que c’est cette génération dorée qui prendra la relève. Elle a d’ailleurs déjà commencé le travail. Ils sont six à être nés en 1990 et à avoir déjà terminé sur le podium d’un grand tour, avec Thibaut Pinot, Romain Bardet et Esteban Chaves. Et le meilleur reste à venir, sachant que tous ces coureurs n’ont aujourd’hui que 27 ans.

A cet âge-là, Miguel Indurain remportait son premier Tour de France, Vincenzo Nibali venait de gagner le Tour d’Espagne et Christopher Froome ne possédait que deux podiums sur des épreuves de trois semaines. Quand on sait qu’un coureur de grand tour exploite pleinement son potentiel autour de 30 ans, ces champions ont encore une marge de progression, c’est certain. La densité importante de talents nés en 1990 permet d’annoncer leur domination dans les années à venir. Cela assure quasiment la présence d’un potentiel vainqueur né en 1990 à chaque épreuve. D’ailleurs depuis 2014, pas une année ne s’est déroulée sans qu’un coureur de la génération n’en remporte un. Et c’est déjà un temps d’avance par rapport à la génération 92. De plus en plus forts, de plus en plus complets, de plus en plus vainqueurs, la génération 90 est peut-être la plus talentueuse du cyclisme actuel. Sagan, Kwiatkowski, Matthews ou Dennis, qui ne jouent pas les grands tours, sont aussi là pour en témoigner.

Avantage génération 92 par Alexis Midol-Monnet

C’est vrai que sur le papier, la fameuse génération 90 fait peur à tout le peloton depuis ses performances impressionnantes dans les catégories espoirs. Les Tours de l’Avenir 2010, 2011, qui ont vu naître Quintana, Dumoulin et Chaves, en sont la parfaite illustration. Mais rien ne dit pour autant que les derniers talents venus sur la scène mondiale doivent déjà s’éclipser. Si la course au maillot jaune paraît utopiste à court terme, les autres grands tours sont de plus en plus ouverts, si bien qu’entre coureurs de niveau homogène, les différences peinent à se créer, et les progressions se font remarquer. Simple baroudeur en 2015, quand il lève les bras à la Spezia, Davide Formolo peut prétendre à prendre la relève de Vincenzo Nibali, si bien qu’Ivan Basso en fait son favori pour les éditions 2019 et 2020 du Giro.

Perçu comme un simple coureur de contre-la-montre à ses débuts, Bob Jungels poursuit lui son ascension fulgurante sur les mêmes routes italiennes, révélatrices des étoiles en devenir. En dehors des jours sans, plus facilement excusables en raison de leur jeune âge, cette génération 92 parvient même à tirer les marrons du feu lorsque la “90” se laisse mener en bateau pour le gain d’étapes ou de secondes au général d’une épreuve. Le Tour 2016 avait été symbolique : au milieu des cadors, Adam Yates s’était classé quatrième en courant très intelligemment. Son frère Simon pourrait rapidement offrir les mêmes garanties et il est encore compliqué d’évaluer les capacités d’un Julian Alaphilippe sur trois semaines. Plus discret, le deuxième rideau de cette vague “92” fait ses gammes en apprentissage auprès de leaders plus costauds. C’est le cas de Jan Polanc, d’Emanuel Buchmann, ou encore du Sud-Africain Louis Meintjes. En lice pour des maillots blancs, ils savent qu’à leur âge, d’autres se battaient pour rejoindre l’arrivée et n’avaient pas leurs qualités de récupération. Leur avènement est une question de patience.

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