Six ans après sa première victoire sur le Giro, trois ans après la dernière, Vincenzo Nibali misera tout sur la course rose, cette saison. Il y a à peu près tout connu, de ses plus grands succès à des échecs fondateurs. Mais son début de saison très discret, en tout cas, montre de réelles différences par rapport à ses années victorieuses.

Dans l’ombre

Si l’histoire nous a appris quelque chose, c’est qu’il ne faut jamais tirer d’enseignements trop rapides au sujet de Vincenzo Nibali. C’est pour ça que l’on s’évite, pour le moment, de s’inquiéter pour le Sicilien. En revanche, on se donne le droit de se poser quelques questions. « Je ne suis pas satisfait. Je veux encore gagner de grandes courses », disait-il durant l’hiver à la Gazzetta dello Sport. On ne pouvait attendre autre chose d’un coureur qui a déjà gagné quatre grands tours et trois monuments. Mais cette déclaration remonte au mois de décembre. Depuis, l’Italien s’est fait très discret dans les médias, ne donnant à la presse que le minimum syndical, une ou deux réactions d’après-course, pas plus. Et ses résultats, depuis sa reprise aux Emirats arabes unis, ne parlent pas vraiment à sa place. Anonyme 35e sur les routes du Golfe, sans avoir pointé le bout de son nez sur les arrivées au sommet, il ne s’est pas beaucoup plus mis en évidence depuis son retour en Europe.

Le week-end dernier, il a regardé de loin les favoris se battre sur les Strade Bianche, et ce jeudi sur la deuxième étape de Tirreno-Adriatico, il a lâché de précieuses secondes, à la pédale, dans un final qui ne comportait aucune difficulté insurmontable pour lui. Le message est donc clair : le Squale avance tranquillement et on ne sait pas s’il s’inquiète lui-même mais en tout cas, il est loin d’être en forme. Or le Tour d’Italie s’élance dans moins de deux mois, à Bologne. La marge de manœuvre est réduite, et surtout, la situation est inédite pour Vincenzo Nibali. Il n’a jamais été habitué à cartonner dès les premières semaines de la saison, mais les années où il visait le Giro, il a toujours su se gérer et rassurer, régulièrement. Une seule fois, en 2017, il a connu des premiers mois timides, et, coïncidence ou non, il a terminé troisième à Milan derrière Dumoulin et Quintana.

Rendez-vous en mai

Alors bien sûr, ces chiffres ne disent pas tout d’un Nibali qui se connaît par cœur et qui avait peut-être prévu cette période de creux, alors que le Giro démarrera le 11 mai, quelques jours plus tard que d’habitude. Tirreno n’est pas non plus la course de référence du Sicilien, qui en dix participations n’a jamais abandonné mais a terminé quatre fois au-delà de la dixième place. Cette année, sur un parcours qui en plus ne lui convient pas spécialement, il devrait surtout observer la bagarre quotidienne entre Alaphilippe, Van Avermaet et peut-être Sagan, s’il retrouve lui aussi sa forme. Mais le Squale, à son âge, sait peut-être également qu’il lui faut désormais prioriser ses objectifs. Et entre un troisième Tirreno ou un troisième Giro, il n’y a pas photo.


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