C’est l’image de ce début de Paris-Nice. Et elle revient chaque jour. Egan Bernal, sa silhouette ultrafine, ses longues jambes, le visage grimaçant, en train de prendre du vent, dans les bordures, pour gagner du temps sur les autres favoris. Personne ne s’y attendait, mais c’est le quotidien du Colombien depuis ce week-end.
Adoubé par Luke Rowe
On a d’abord cru qu’on se trompait. Quelque chose n’allait pas. Dans le final de la première étape, à quelques kilomètres de Saint-Germain-en-Laye, la Sky décidait de tenter un coup de bordure. A la manœuvre, Luke Rowe et Michal Kwiatkowski, taillés pour l’exercice, accompagnés d’un troisième larron : Egan Bernal. Le longiligne colombien sait rouler, d’accord. Mais de là à s’immiscer dans de telles opérations, c’est à se pincer pour vérifier qu’on ne rêve pas, et plusieurs fois. Sur la première étape de ce Paris-Nice, le coup est rapidement tombé à l’eau, mais l’équipe britannique a chaque jour tenté de profiter du vent pour faire des dégâts, et lundi vers Bellegarde, elle a été récompensée. Sept coureurs avaient repris une poignée de secondes au peloton et parmi eux, seulement deux candidats au classement général : Kwiatkowski et Bernal. Le phénomène sud-américain continue d’apprendre, et il le fait vite. Il n’a jamais vraiment pris le temps, de toute façon.
« Ce matin, j’étais en train d’essayer de lui expliquer comment remonter dans une bordure, comment rouler, et quelques heures plus tard il a tout fracassé, expliquait Luke Rowe dimanche soir, malgré l’échec comptable de leur première tentative. Cette capacité à être dans les bordures, vous l’avez ou vous ne l’avez pas, et lui clairement, il l’a. C’est la classe. » Le compliment vaut son pesant d’or. Egan Bernal, 22 ans depuis quelques semaines, saurait donc tout faire. Propulsé n°2 de la Sky sur ce Paris-Nice, en soutien de Michal Kwiatkowski, il doit poursuivre son apprentissage avant d’être le n°1, au mois de mai, sur le Giro. Mais on a parfois l’impression que le garçon sait déjà tout. Avant même le chrono ou les étapes de montagne, le voilà cinquième du général, grappillant même des secondes de bonifications lors des sprints intermédiaires. Bardet, Quintana et Jungels sont encore pas trop loin. Yates, Izagirre ou Lopez, eux, ont déjà fait une croix sur leurs illusions.
Bientôt libre
Trois premiers jours plus que parfaits, pour Bernal, qui doit attendre avec impatience le contre-la-montre de jeudi, où il sera – avec Kwiatkowski, encore – l’un des favoris. Puis viendra l’arrivée au sommet du col du Turini, taillé pour les grimpeurs-rouleurs et donc pour le Colombien. Le seul piège, en vérité, semble être l’étape de dimanche, imprévisible et qui a régulièrement été le théâtre de grands chamboulements au classement. Pas de quoi inquiéter une équipe Sky ultra-sereine, et il y a de quoi, ravie que sa pépite soit déjà capable de s’en tirer mention très bien sur des étapes qui piègent de nombreux autres grimpeurs. Nicolas Portal, son directeur sportif, lâchait même à Eurosport, ces derniers jours, que Bernal « était sur les freins pendant le dernier Tour de France », et que l’idée est de desserrer la bride petit à petit. Certains, dans le peloton, doivent redouter le jour où le bonhomme sera complètement libre de ses mouvements.
Mais ce gars-là, il l’a prouvé depuis dimanche, est beaucoup plus qu’un grimpeur. Il est même davantage qu’un rouleur, et ces trois journées venteuses permettent de tirer au moins autant d’enseignements que l’été dernier. Quoi qu’il advienne d’ici l’arrivée à Nice, ce week-end, cela ne remettra pas en cause les qualités d’Egan Bernal lorsque la route s’élève. En revanche, lui, la Sky et leurs adversaires ont désormais une certitude : le bonhomme sait gérer les étapes de galère, où le peloton explose et où certains perdent leurs espoirs. Si bordures il y a, il faut partir du principe que le Colombien sera dans le bon groupe. Parce qu’il est bien entouré mais aussi parce qu’il a, incontestablement, le sens tactique d’un vieux briscard. Lui rendait hommage à ses coéquipiers, ces derniers jours, assurant qu’il n’a fait que suivre les instructions. C’était un peu plus que ça, quand même.
C’est vrai qu’il impressionne. Perso il y a un an – deux ans je le mettais multi vainqueur du Tour après la période Froome Thomas. J’ai pas changé d’avis.
il lui a bien expliqué .
Dommage qu’une vidéo du jour ne rejoint pas l’article, cela mettrait des images aux mots :-)
Malheureusement il y a des questions de droits sur les images, on ne peut pas librement insérer de vidéos dans nos articles.
Ne nous enflammons pas.
Le garçon a du talent ok. Mais il ne serait pas le premier à se consumer telle une étoile filante…
Par ailleurs je suis étonné que vous le considériez comme l’un des favoris du chrono. Je suis peut être à côté de la plaque mais je n’ai pas souvenir d’avoir déjà vu Bernal lutter avec les tous meilleurs sur un parcours roulant.
Pour finir sur ses capacités à prendre le vent et éviter les bordures, reconnaissez que c’est tout de même plus simple (ou moins difficile) lorsque vous êtes très bien entourés comme l’est Bernal même si, je vous l’accorde, en comparaison Jungels paraît en retrait alors que son équipe compte une flopée de flandriens (cela dit Gilbert me semble la jouer perso)
Vous doutez peut-être un peu moins de ses qualités de rouleur après son chrono du jour !
A peine moins quand on voit que le vainqueur s’appelle Yates.
Ses performances depuis le début de la course montre qu’il est en très grande condition, assurément mais ne l’est-il pas trop tôt au vu de son objectif qu’est le Giro ?
Bon il a prouvé cet aprèm qu’il n’avait pas volé son statut de favori…
Devancé !
Il reste un beau week-end mais sauf incident et aprés le verdict du chrono, Kwiato me semble bien lancé pour remporter ce Paris Nice; je vois mal comment le jeune Bernal pourrait avoir la liberté de l´attaquer ou/et de ne pas faire le job .
D´un autre coté je ne serais pas etonné que l´exelent Simon Yates nous refasse un numero d´ici Dimanche .
Ce chrono était quand même WTF : Yates qui gagne, Jungels hors du Top 10, Bernal 6e (bon, ok on savait qu’il roulait pas trop mal, mais 6e, quand même…), Bardet devant Gallopin…
Le vent a pas mal tourné j’ai cru comprendre. Il etait tres favorable a Yates.
Pas un français dans les 20 premiers sur une course française de haut niveau qui comprend 7 équipes françaises au départ. Quand donc la FFC et les Madiot Bernaudeau Lavenu et autres Vasseur s’empareront ils de ce problème? Ce n’est pas demain que Hinault et Fignon auront des successeurs!