On savait que cette arrivée à Montevergine, ce samedi, ne serait pas la plus disputée de ce Giro. La montée n’était pas la plus raide des trois semaines de course, et un menu autrement plus compliqué à digérer doit se présenter dès ce dimanche. Mais l’attentisme du peloton a interrogé, malgré tout, tant personne n’a semblé vouloir tenter de reprendre quelques secondes.

Il y avait mieux à aller chercher par Robin Watt

Les deux derniers Tours d’Italie se sont joués pour 52 et 31 secondes, et pourtant, c’est comme si tout le monde s’était moqué, ce samedi sur les pentes de Montevergine, des écarts qu’il était possible de faire. Bien sûr, même en cas d’offensives, aucun des favoris n’aurait fait une croix sur le maillot rose aujourd’hui. Mais certains, à l’inverse, auraient pu gagner quelques précieuses secondes. Il y a deux jours sur l’Etna, Aru mais surtout Froome et Dumoulin, les deux meilleurs rouleurs de la meute, ont montré des signes peu rassurants. Les repousser un peu plus loin au général, en prévision du long chrono de troisième semaine, eut été intelligent. Mais personne n’a voulu assumer la moindre part de responsabilité.

Les Mitchelton-Scott ont tout juste tenu leur rang pour la forme, en tête de peloton, quand Pinot, Pozzovivo et Lopez sont restés planqués toute la montée. Richard Carapaz, vainqueur du jour, a pourtant montré qu’une attaque saignante, même sur ces faibles pourcentages, pouvait faire des dégâts. L’Equatorien, bonifications comprises, a collé en un kilomètre plus de quinze secondes au reste du peloton, sans avoir à batailler dans les derniers hectomètres. Pinot, qui a semblé plutôt en jambes dans le sprint, n’aurait sans doute pas fait moins bien. Yates, virevoltant jeudi sur les dernières pentes de l’Etna, aurait lui aussi pu réitérer son coup. Surtout que Froome, encore à la peine – et malchanceux – n’a pas terminé dans les meilleures conditions, sans doute pas loin de lâcher, encore, quelques secondes. Un coup à nourrir des regrets dans deux semaines, à Rome.

Il n’y avait pas mieux à aller chercher par Nathanaël Valla-Mothes

Un col roulant, une route mouillée, il y a avait trop à perdre aujourd’hui pour attaquer. En goûtant le bitume dans une des multiples épingles de l’ascension, Chris Froome en a d’ailleurs fait l’amer expérience, alors même qu’il était idéalement placé dans les premières positions du groupe maillot rose. Au delà de ça, l’attaque pourtant franche de Richard Carapaz n’a pas fait de gros écarts sur la ligne, et vu le nombre de coéquipiers encore présents dans le peloton, une attaque d’un leader aurait forcément été un coup d’épée dans l’eau.

Surtout, le Giro est long, et le plus dur reste à venir. Inutile donc de laisser des forces dans une ascension presque anodine, alors même que les organismes sont encore frais. Si les pentes de l’Etna, beaucoup plus raides que celles menant vers Montevergine (6,5 % de moyenne, avec des passages à 16 %, contre 5 % seulement aujourd’hui), n’ont, Yates mis à part, permis de faire aucune différence, ce n’est pas ce samedi que ça allait venir. Pas de surprise donc de voir les principales écuries de ce Giro 2018 se neutraliser à la vieille d’une étape vers Campo Imperatore qui s’annonce bien plus décisive.

D'après-vous, y'avait-il mieux à faire sur cette étape pour les leaders ?

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