Pour la première vraie étape de montagne de cette Vuelta, un seul des leaders s’est réellement découvert : Simon Yates. Avec une façon de faire qui rappelle son dernier Giro, qu’il avait survolé jusqu’à quelques jours de l’arrivée, le Britannique a grappillé du temps sur tous ses rivaux. Tout sauf une surprise, finalement.

Les mêmes ingrédients

Son Tour de Pologne avait sonné comme un rappel : Simon Yates a terminé le Giro sur les rotules, perdant un maillot rose qui était pourtant solidement accroché sur ses épaules, mais il s’en est remis et se pose en candidat très sérieux pour cette Vuelta. D’ailleurs, il vient pour gagner et il fait partie de ceux qui ne s’en cachent pas. Dans son discours, pas un mot sur les championnats du monde : lui est concentré à 100 % sur les routes espagnoles et ça se voit. Il est en forme tout de suite et ne se contente pas de petits gains. Sur la Vuelta, on a déjà vu des cadors se disputer trois semaines durant à coup de bonifications. Dès la première explication entre favoris, Yates, lui, a marqué les esprits en prenant presque trente secondes à tous les autres. Ceux qui l’ont regardé attaquer sans bouger sont prévenus : ce sera le même tarif à chaque fois.

Alors la question mérite d’être posée : comment tout ce beau monde – comprenez les Quintana, Lopez et compagnie – peut-il laisser Yates partir devant et se regarder ? Surtout que quelques uns, on pense à Lopez et Pinot, étaient présents au mois de mai. Ils ont vu de quoi Yates était capable et savent que c’est le Britannique tout seul qui a perdu ce Giro. Par gourmandise ou inexpérience, on ne sait pas trop, mais personne ne l’a vraiment fait trébucher. Par chance pour ses adversaires donc, sur le Giro, leurs erreurs ont été sans conséquences. Mais on a du mal à imaginer Yates se planter de la même manière cette fois, donc tous ceux qui rêvent de maillot rouge devraient penser à ne plus lui laisser cette latitude dont il sait si bien se saisir. Après quatre étapes, le garçon pointe déjà à la troisième place du général, derrière Kwiatkowski et Buchmann, qu’on n’imagine pas rester bien longtemps aussi haut.

Exemple à suivre ?

Il est donc le premier des favoris, et on n’est pas sûrs que tout le monde ait pris conscience de la menace qu’il représentait. Pinot, Lopez, Aru et Uran, qui ont passé la ligne ensemble ce mardi, pointent déjà à plus d’une demi minute. Ils doivent déjà réagir, et si ce n’est reprendre du temps immédiatement, au moins ne plus en perdre de cette façon. Parce que même si l’Italien était clairement en difficulté, lâché par moments dans l’ascension finale, Lopez semblait en mesure de faire quelque chose, en témoigne sa réaction lorsque Valverde s’est dressé sur ses pédales quelques mètres. Pinot et Uran, eux, se sont fait plus discrets, mais n’ont pris aucun risque. Il faudra montrer un autre visage pour contrecarrer les ambitions sans limites d’un Yates qui malgré son échec passé, ne compte pas passer son temps dans les roues. L’accompagner quand il tente de sortir serait peut-être une solution. Celui qui calquerait sa course sur le Britannique, en tout cas, pourrait s’en frotter les mains dans quelques semaines.

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