Il y a un an, Simon Yates avait marché sur le Giro jusqu’à deux jours de l’arrivée, où il avait subi une énorme défaillance le jour où Chris Froome faisait basculer la course. Depuis, il a remporté son premier grand tour sur les routes espagnols, et tout mis en place pour venir prendre sa revanche, douze mois après, sur la course rose.

Son métier : capitaine

Il est monté en grade. Il y a un an, Simon Yates n’était déjà plus un simple soldat, parce qu’il ne sortait pas de nulle part. Mais il n’était pas encore le capitaine qu’il est aujourd’hui, en attendant de devenir, peut-être, à force de victoires dans les grands-tours, un général indéboulonnable. C’est d’ailleurs son inexpérience qui lui avait fait défaut, lui qui s’était éparpillé, à vouloir gagner toutes les étapes qui passaient plutôt que de s’économiser pour la grande bagarre des derniers jours de course. A Rome, il n’avait donc même pas une place sur le podium pour se consoler, seulement trois victoires d’étapes qui faisaient pâle figure, soulignant encore davantage le fait qu’il était fort, très fort, mais qu’il a terminé bredouille au classement général.

Tout ça n’a pas été vain, pourtant. Le Britannique a tiré de nombreux enseignements de la plus grande déception de sa carrière. Il a depuis gagné la Vuelta, et surtout, coché dès que c’était possible ce Giro 2019 où il veut prendre sa revanche. « Je suis très motivé pour revenir sur ces routes et terminer le travail », disait-il à Cyclingnews. C’est à peine si le garçon a attendu l’annonce du parcours, pas du tout effrayé par la part de contre-la-montre au programme, plus importante que l’an passé. « L’an dernier, nous ne nous attendions pas à être dans cette situation et je ne pense pas qu’on s’attendait à voir Simon jouer la gagne sur le Giro », reconnaît Matthew White, le manager de Mitchelton-Scott. Douze mois plus tard, plus personne ne doute. Le capitaine a perdu une bataille, il compte bien montrer que c’était un accident.

Son meilleur allié : Alex Camier, son entraîneur

Alex Camier est l’entraîneur de Simon Yates depuis 2015. On pourrait donc facilement lui imputer, au moins en partie, la désillusion du Britannique il y a un an, sur les routes du Giro. Mais à l’inverse, c’est aussi parce qu’il connaît très bien le bonhomme et qu’il était un observateur privilégié, en mai dernier, qu’il devrait être capable de résoudre la situation. En fait, il a déjà commencé à le faire, en témoigne le maillot rouge ramené par le leader de Mitchelton-Scott à Madrid, quatre mois seulement après avoir perdu pied dans l’étape de Bardonecchia. Qu’est-ce qui a donc changé entre le Giro et la Vuelta ? « On s’est penchés sur plusieurs points, expliquait Camier au magazine Cyclist, cet hiver. Les directeurs sportifs ont modifié l’approche tactique, et nous nous sommes aussi intéressés à la préparation, à certains points spécifiques de l’entraînement. »

Il n’y avait pas besoin d’être un directeur de la performance averti pour comprendre ce qui avait cloché sur les routes italiennes. « Sur une course de trois semaines, vous payez pour tous vos efforts et tout ce que vous avez fait finit par avoir un impact », pointe aujourd’hui Matthew White. Le diagnostic, à savoir une énergie dilapidée dans les deux premières semaines, est évident. Encore fallait-il trouver le bon dosage pour corriger ces erreurs. « Nous savons maintenant qu’il faut réduire les charges d’entraînement sur ce point, celui-ci et celui-là », précise Alex Camier sans trop en dire. La solution paraît aussi simple que l’était le diagnostic.

Sa course référence : la Vuelta 2018

Il avait encore le Giro en tête, mais aussi le profond désir de montrer qu’il pouvait gagner une course de trois semaines. A la fin de l’été dernier, Simon Yates, sur la Vuelta, a remis les pendules à l’heure. Sa défaillance sur les routes italiennes ne méritait pas de tirer des enseignements définitifs. « La Vuelta m’a donné la confiance dont j’avais besoin, reconnaît-il aujourd’hui pour Cyclingnews. Ça m’a montré que je pouvais tenir la distance. Je ne sais pas combien de gars vont arriver sur le Giro en ayant gagné un grand tour avant (trois, avec Nibali et Dumoulin, ndlr), mais je serai un de ces gars. » Le Britannique a eu la chance de réussir à rebondir rapidement. Il avait fallu davantage de temps, par exemple, à Tom Dumoulin après son échec sur le Tour d’Espagne, en 2015.

A Bologne, samedi, et au départ de chaque étape importante, ensuite, Yates pourra donc avoir en tête les images de son sacre à Madrid, en septembre dernier, plutôt que celles de Rome, où il était arrivé la queue entre les jambes, il y a un an. « J’ai appris de mes erreurs », dit-il depuis ce maillot rose perdu. Ce n’est pas juste un poncif. Il a prouvé que c’était vraiment le cas. « Il revient en sachant comment être le leader d’une course et comment gagner un grand tour, précise Matthew White, son manager. On ne savait pas tout ça il y a douze mois. » Les autres sont prévenus. Yates fera peut-être d’autres erreurs, mais il ne fera pas les mêmes que l’an passé.

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