Révélé sur le Giro 2016, où il avait remporté le contre-la-montre de Chianti, Primoz Roglic revient trois ans après pour jouer cette fois le classement général. Désormais un sérieux outsider sur trois semaines, surtout depuis son dernier Tour de France terminé à la quatrième place, le Slovène est une machine à remporter des courses par étapes.

Son métier : pilote de ligne

Primoz Roglic est un ancien sauteur à ski et ce n’est plus un secret pour personne. Mais son passé d’homme qui prend de la hauteur et s’envole sur les tremplin nous a amené à le comparer à un pilote de ligne, maître de son destin du décollage à l’atterrissage. Survoler les montagnes enneigées, c’est presque la prouesse qu’il devra réaliser sur le prochain Giro, au moment de passer à l’attaque dans les cols, offensives nécessaires pour prendre du temps sur Tom Dumoulin notamment. Ces moments où il lève les fesses de sa selle doivent lui permettre de s’envoler vers les sommets et de lui dessiner la meilleure ligne vers la victoire.

Sa précision dans la gestion de l’effort, spécialement illustrée en contre-la-montre, montre sa minutie lorsqu’il est aux manettes. Il sait choisir les trajectoires les plus optimales pour aller d’un point A à un point B en un minimum de temps, tel un pilote chargé d’un atterrissage d’une extrême précision. Cette dernière manœuvre pourrait être vue comme la descente d’un col, exercice où Roglic est un spécialiste reconnu. La manière dont il est allé chercher, l’an passé, sa victoire d’étape sur le Tour à Laruns en est la plus belle illustration. A l’heure actuelle, le vainqueur de Tirreno-Adriatico est intouchable ou presque sur les vols moyens courriers, ou courses d’une semaine. Mais désormais, il doit montrer qu’il est capable de passer au grade supérieur et de confirmer les espoirs aperçus sur le Tour 2018 pour passer en mode long courrier.

Son meilleur allié : Steven Kruijswijk

Et si Steven Kruijswijk permettait à Primoz Roglic de remporter le Giro ? Le Néerlandais ne sera pas présent sur ce 102e Tour d’Italie, mais c’est bien son absence qui pourrait permettre au récent vainqueur du Tour de Romandie de terminer en rose. Certes, sur les routes romandes, Kruijswijk a été d’un soutien sans faille pour le Slovène, mais ce sont surtout les objectifs différents des deux champions qui ont permis une efficace collaboration. Car sur le dernier Tour de France, chacun envisageait le meilleur résultat possible. « Avant le Tour, j’avais exprimé l’ambition de finir dans le top 5, avançait le Hollandais fin juillet. J’ai réussi face aux plus grands coureurs, je suis plus que fier de moi. C’est aussi une confirmation que je peux toujours rivaliser. »

Pour Roglic, le discours aurait pu à l’époque être le même, ce qui fit que l’un n’a jamais su profiter de la force de l’autre. Résultat : les deux ont terminé au pied du podium, 4e et 5e. De quoi satisfaire les deux hommes à l’époque, l’un ayant à cœur de confirmer son Giro 2016, l’autre devant montrer son potentiel sur trois semaines. Mais tout de même, il paraît légitime de penser qu’un podium était accessible pour Roglic si son coéquipier s’était mué en véritable lieutenant. Dès samedi, le Slovène pourra donc profiter de l’absence de Kruijswijk et être, sans discussion possible, leader unique de la Jumbo-Visma, avec sept hommes à son service.

Sa course référence : le Tour de France 2018

Intraitable sur les courses d’une semaine depuis maintenant plus d’une saison, Primoz Roglic a validé ses promesses sur le Tour 2018, qu il’a propulsé dans la catégorie des coureurs capables de viser le général sur trois semaines. Sa référence pour le prochain Giro reste donc la dernière Grande Boucle, où il a fait plus que bonne figure. Montant en puissance tout au long de la course, c’est même lors de la troisième semaine qu’il est apparu le plus en forme, remportant une étape deux jours avant l’arrivée à Paris. S’il n’a pas pu conserver sa place sur le podium lors du dernier effort chronométré, le leader de la Jumbo-Visma n’a pas eu peur de passer à l’attaque, contrairement à beaucoup de ses adversaires qui se contentaient de suivre, ou ne pouvaient pas faire plus.

Alors, avec l’expérience engrangée depuis, et la forme affichée en ce moment, on voit mal ce qui pourrait perturber la quête du maillot rose du Slovène. Peut-être une forme trop précoce, qui l’a vu gagner une course par étapes à chacune de ses sorties depuis février. Cela pourrait-il lui coûter la précieuse énergie nécessaire pour être compétitif dans les derniers jours de course ? Réponse dans trois semaines. Mais chaque nouveau grand tour voit la côte de Primoz Roglic diminuer chez les bookmakers.

Selon vous, qui remportera ce 102e Tour d'Italie ?

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