« Il faut savoir perdre pour gagner. » Voici un dicton qui peut convenir à Miguel Angel Lopez à l’aube de ce 102e Tour d’Italie. Le Colombien sera une nouvelle fois le leader de la formation Astana et est l’un des grands favoris pour le podium. Pour contrecarrer le tracé taillé pour les rouleurs, celui qui se fait surnommer Superman devra faire parler la poudre sur les routes transalpines.
Son métier : artificier
Durant la saison 2018, Miguel Angel Lopez a réussi à concrétiser ses performances en montagne en ayant été capable de jouer le général. Sa régularité sur les trois semaines lui a permis d’accrocher à son palmarès deux podiums (troisième sur le Giro et la Vuelta). Une prouesse rarement égalée à son âge, 24 ans à l’époque, alors qu’il a semble-t-il encore une marge de progression. Néanmoins, avant de se tester sur le Tour de France, Alexandre Vinokourov a jugé nécessaire de l’aligner une nouvelle fois sur le Giro, persuadé qu’il peut ramener le maillot rose à Vérone. Pas facile, malgré tout, avec les trois chronos au programme. Superman va donc devoir être imaginatif en montagne. Davantage qu’en 2018.
Il y a un an désormais, sur la mythique étape du Finestre, Lopez s’était attiré la foudre des critiques en ne prenant pas de relais à la poursuite de Chris Froome, préférant jouer placé. Son image en a pris un coup. Mais pour espérer un podium, voire plus en 2019, il faudra savoir se découvrir. D’autant plus que les principales étapes de montagne, où les coureurs dépasseront à plusieurs reprises les 2000 mètres d’altitude, seront en deuxième partie du Giro, après notamment deux épreuves chronométrées. Avec une addition qui risque d’être salée, la seule chance du Colombien sera de miser sur des attaques lointaines et répétées pour imposer à ses rivaux un rythme soutenu et irrégulier.
Son meilleur allié : Simon Yates
Miguel Angel Lopez n’est pas le seul à souhaiter un Giro mouvementé qui peut mettre en difficulté les rouleurs Tom Dumoulin et Primoz Roglic, pour ne citer qu’eux. Le Colombien peut en effet partager les mêmes intérêts que Simon Yates, leader de la Mitchelton-Scott. Le Britannique, qui espère oublier sa déconvenue de l’an passé, est dans la même situation que “Superman” : il devra reprendre du temps en montagne et donc rendre la course débridée.
« J’aime courir de manière agressive, mais on ne peut pas toujours le faire malheureusement, et c’est ce que j’ai vraiment appris de la saison dernière », expliquait Yates récemment. Effectivement, ses attaques à-tout-va en début de Giro et sa main mise sur le maillot rose durant plus de dix jours en avaient fait douter plus d’un, jusqu’à même penser que la course était jouée, mais le garçon en a payé le prix fort à quelques jours de l’arrivée finale. Le Britannique a appris, depuis, et Lopez, en observateur privilégié, sur le Giro comme sur la Vuelta, a pu prendre des notes. Les deux savent qu’ils devront attaquer, sans faire n’importe quoi, et pourraient, par moments, devenir des alliés de circonstances.
Sa course référence : le Tour de Catalogne 2019
Depuis son retour dans le peloton en 2019, Lopez a fait parler de lui et cumule les victoires comme les places d’honneur. Dans la lignée de l’excellente saison d’Astana, il a remporté son tour national et finit deuxième au sommet du difficile col de Turini, sur Paris-Nice. Mais c’est sur le Tour de Catalogne, dernière épreuve où on a pu le voir à l’ouvrage, qu’il a été flamboyant. Avec un plateau digne d’un championnat pour grimpeurs, Lopez a fait briller de mille feux le soleil kazakh encré sur le maillot bleu d’Astana.
Tout d’abord sur les pentes de Vallter 2000, où il s’est isolé en tête de course avec un contingent colombiano-britannique et semblait le plus fort malgré une défaite au sprint au sommet. Puis le lendemain, où il s’est rattrapé et a fait ce qu’il sait faire le mieux : assommer la concurrence. En sautant sur tout ce qui bouge dont l’intenable Egan Bernal, malheureux absent de ce Giro, il s’est offert une victoire significative. « Je cours toujours et j’attaque toujours pour gagner. Parfois, ça marche, parfois non, mais si vous ne le faites pas, vous ne gagnerez jamais », expliquait-il à l’arrivée. Un succès qui vient confirmer son actuel tempérament offensif, dont il aura tant besoin pour espérer porter et surtout ramener le maillot rose, d’ici un peu plus de trois semaines.
Le plateau du Giro est fantastique cette année, quel dommage que le parcours ne soit pas à la hauteur !
Comme quoi, les différences d’appréciations…
Pour moi, ce parcours est le meilleur depuis le Giro 2015. L’année dernière, il était indigent, et en 2016 et 2017, légèrement meilleur, mais pas non plus fabuleux. Seul regret : l’absence de contre-la-montre complètement plat. Mais pour le reste, c’est du tout bon.
On range un peu facilement Miguel Angel Lopez dans la case des coureurs offensifs alors qu’en course il “suce” très souvent la roue des autres et les attaques en fin de col quand ils sont carbo !! C’est un très bon grimpeur mais il n’a pas plus (pas autant a mon avis !!!) qu’un Quintana qu’on fustige facilement pour son attentisme. Je pense qu’une fois que les autres coureurs en auront marre et refuseront de lui faire train, on verra qu’il n’est pas si fort quand il aura a assurer des relais! Pour moi il est un peu surcoté. Bien moins fort a mon gout que la génération précédente (Quintana, Chaves) ou suivante (Bernal, Sosa) de grimpeurs colombiens!
Je suis assez d’accord avec toi, même s’il avait quand-même remporté le Tour de Suisse 2016 à seulement 21 ans ! Mais globalement, c’est vrai que c’est un vrai suceur, qui profite du travail des autres, et il est effectivement plus facile d’attaquer en fin d’ascension quand les autres ont assuré les relais ! Je préfère de loin Yates, que je trouve être un remarquable styliste en montagne
Simon, oui, pour le style (cf Giro 2018), pas Adam qui avait tout d’un bourrin (cf TDF 2018). Je ne vais pas me faire des copains peut-être, mais j’attache beaucoup d’importance au style.
Évidemment je parlais de Simon, j’adore également une grande importance au style !
Ces réputations d’attaquant ou de suceur de roue me semble souvent fondées sur peu de chose. La vérité c’est que dans le cyclisme d’aujourd’hui tout le monde ou presque suce les roues en montagne, en attendant de pouvoir placer le coup décisif. Et si celui-ci ne vient pas, c’est plus souvent parce que le coureur n’a pas les jambes que parce qu’il a un tempérament pusillanime.
A ma “grande époque” (hum…), que j’aurais aimé pouvoir sucer la roue du gars qui finit à 4 heures :-)
Ca reste largement discutable sur les grands tours ou les gars doivent s´économiser pour faire face en 3ièm semaine.
On peut illustrer avec la superbe démonstration de filoche Carapaz/Lopez sur l´étape du Giro 2018 quand Froome renverse miraculeusement la course. Profitant pourtant de l´alure du groupe, ils n´ont pas collaborés d´un relais et ne se sont pas genés pour mettre des mines en fin d´étape; les consignes des DS d´accord mais les gars, suceurs ou pas les jambes ?