Depuis quarante-huit heures, on parle français sur la Vuelta. Rudy Molard a ouvert la voie, sans gagner mais en prenant le maillot rouge. Depuis, Nacer Bouhanni et Tony Gallopin se sont imposés coup sur coup, l’un au sprint, l’autre en costaud. Des succès précieux pour des coureurs qui ont connu beaucoup de pépins cette saison.

Destins similaires

L’origine est différente, mais les deux images se ressemblent fortement. Nacer Bouhanni comme Tony Gallopin ont franchi la ligne, à une journée d’intervalle, en levant le poing, rageurs. Pour le sprinteur de Cofidis, c’était davantage un poing lancé à tous ses détracteurs, ceux qui ne le voyaient pas remporter d’étape sur cette Vuelta, qu’il venait de faire taire. Le puncheur d’AG2R La Mondiale, lui, ne semblait pas diriger son geste contre qui que ce soit. Il y avait autant d’émotion, mais sans doute plus de soulagement que d’esprit de revanche. Parce que l’un comme l’autre ont vécu des saisons compliquées. Bouhanni à cause de l’ambiance chez Cofidis, où son statut s’est retrouvé fortement remis en cause et où les déclarations dans les médias, pendant plusieurs mois, n’ont pas aidé à apaiser les tensions. Gallopin parce que sa première année chez AG2R a été marquée par la malchance, surtout au cœur de l’été.

Une sévère chute sur les Championnats de France a un temps remis en question sa participation au Tour de France, où il devait épauler Romain Bardet. Il a finalement pris le départ de Vendée, sans être à 100 % de ses moyens. Mais il est ensuite tombé malade et a dû abandonner dans les Alpes sans avoir pu jouer son rôle. La Vuelta devait être son exutoire. A lui d’être le leader, cette fois. Une chute à San Sebastian aurait encore pu mettre à mal ses ambitions. Mais il est arrivé comme il faut sur ces routes espagnoles et n’a pas manqué le coche ce vendredi. « Il fallait tenter quelque chose, je ne voulais pas faire une place d’honneur comme j’en ai beaucoup fait au sprint, parce qu’il me manque de l’explosivité », disait-il quelques minutes après sa victoire au micro d’Eurosport. Alors il a mis son plan en action à deux kilomètres du but, avec une attaque en facteur et mini contre-la-montre qui l’a mené à la victoire.

Profiter, encore un peu

Quatre ans après un Tour de France où il avait remporté une étape et porté le maillot jaune, il s’offre donc un nouveau succès sur un grand tour. Comme Nacer Bouhanni, qui attendait une victoire sur une épreuve de trois semaines depuis la Vuelta 2014. Parce que le destin de ces deux-là, pourtant si différents, sont liés en certains points. A vingt-quatre heures d’intervalle, ils ont ainsi retrouvé le sourire ensemble après plusieurs mois compliqués. Avec tout ça, on en oublierait presque qu’un autre français continue de rayonner, depuis trois jours. Rudy Molard, qui a encore terminé avec les leaders ce vendredi, continue son aventure avec le maillot rouge. Il devrait pouvoir faire aussi bien demain vers Almadén, avant de probablement baisser pavillon dimanche, avec l’arrivée au sommet de La Covatilla. Mais même si cela venait à sonner la fin des aventures tricolores sur ce Tour d’Espagne, les trois jours qui viennent de nous être offerts valaient le détour.

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