Il fallait être sacrément audacieux pour parier là-dessus il y a encore quelques jours. Ce mercredi, en se glissant dans la bonne échappée, Rudy Molard s’est offert un grand bonheur : récupérer le maillot rouge de leader que l’équipe Sky de Michal Kwiatkowski n’a pas pris la peine de défendre. Un énorme lot de consolation pour le Français, qui a terminé sixième de l’étape.

Sept ans après “Chava”

Quelques jours avant le départ, Rudy Molard restait prudent. Oui, il aime la Vuelta, qu’il court pour la troisième fois. Mais jusqu’à cette année, il n’avait jamais disputé le Tour de France avant de se rendre sur l’épreuve espagnole. Au bout de cinq jours, pourtant, sa course est déjà réussie. Le mieux classé d’une échappée de vingt-cinq, le Mayennais s’est fait piéger pour la victoire d’étape, mais savait alors qu’il restait un coup à jouer. Il s’est dépouillé, et pas pour rien. Sur la ligne d’arrivée à Roquetas de Mar, le peloton passait tranquillement, presque cinq minutes après les premiers échappés. Jackpot pour Molard, qui prend le maillot rouge avec plus d’une minute d’avance sur Michal Kwiatkowski, l’ancien leader. De quoi ressortir les statistiques : 25e français leader de la Vuelta, le grimpeur de l’équipe Groupama-FDJ succède à Sylvain Chavanel, qui avait eu les honneurs de ce paletot en 2011.

Le compagnon de chambre de Thibaut Pinot, par la même occasion, remet l’équipe au trèfle au centre du jeu. La dernière fois que la FDJ avait mené la Vuelta, c’était avec Bradley McGee, leader pendant quatre jours en 2005. Charge à Molard de faire aussi bien. Les trois prochaines étapes, promises aux sprinteurs, devraient ravir le manager Marc Madiot. La défense du maillot n’en sera que simplifiée, parce que c’est la tendance qui se dégage : l’équipe Groupama-FDJ ne laissera pas filer ce paletot volontairement, c’est une chance qui se présente trop rarement pour ne pas en profiter un maximum. A 28 ans, le principal intéressé sait d’ailleurs qu’il vit un des grands moments de sa carrière, quelques mois seulement après sa victoire d’étape sur Paris-Nice, au printemps, et aura sûrement à cœur de le faire durer autant que possible.

Jusqu’à dimanche

Depuis son arrivée à la FDJ, il y a un an et demi, Molard travaille beaucoup pour les autres, mais vit actuellement une saison pleine. La récompense n’en est que plus particulière. Articulée autour de Thibaut Pinot, l’équipe française devrait légèrement changer son fusil d’épaule pour les prochains jours – garder le maillot jusqu’à dimanche paraît faisable. Cela coûtera un peu d’énergie, forcément, mais il n’est pas question de calculer. Un maillot rouge doit se défendre. « C’est beau », disait simplement Rudy Molard au micro d’Eurosport, quelques minutes après avoir enfilé le paletot. Dans le final, il connaissait mal les écarts avec le peloton et ne savait pas si ses efforts allaient payer. Finalement, ce fut le cas. La victoire d’étape manquée et revenue à Simon Clarke devrait donc vite être oubliée. Le bonheur durera encore plus avec le maillot rouge sur le dos.

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