Dans la génération qui a pris la suite de Tom Boonen et Fabian Cancellara, trois hommes se sont toujours détachés : Greg Van Avermaet, Peter Sagan et Sep Vanmarcke. Malgré leurs difficultés à concrétiser, parfois, les deux premiers comptent chacun un monument. Le troisième, lui, attend toujours. Et ça commence à faire long.

Changement de statut

L’image reste en tête, et chaque fois que l’on pense à Sep Vanmarcke, elle revient. Sur le Het Nieuwsblad, il y a six ans, le Belge n’était qu’un espoir qui débutait sa deuxième saison World Tour, mais il n’avait pas paniqué face à la légende Tom Boonen, l’alignant au sprint. Quelques mois plus tard, le maître des pavés avait remis les pendules à l’heure en remportant toutes les grandes flandriennes, et la Belgique était sur son nuage : la relève était assurée, pensait le pays tout entier. Problème, six ans plus tard, Vanmarcke n’est plus du tout un espoir : il approche de la trentaine (en juillet prochain) mais n’a remporté aucune autre classique depuis – excepté le GP Impanis. Il y a de quoi s’impatienter. Selon les années, il est plus ou moins présent. Jusqu’à, il y a deux ans, terminer dans les quatre premiers de Gand-Wevelgem, du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix. Toujours sans gagner.

En cause ? Sa pointe de vitesse bien sûr, qu’on ne peut pas occulter. Face à Sagan et Van Avermaet, il n’a aucune chance au sprint. Mais sa stratégie, aussi, interroge souvent. Alors qu’il se sait battu, il semble parfois rouler en attendant la dernière ligne droite. Sur le Het Nieuwsblad, l’an passé, même Peter Sagan s’en était étonné. « Mais pourquoi tu n’as pas attaqué ? Tu aurais dû attaquer », avait-il glissé à son adversaire quelques minutes après l’arrivée, sur le plateau de Sporza, assurant qu’il ne l’aurait pas suivi. Vanmarcke avait esquissé une moue gênée, incapable de véritablement se justifier. Mais ce n’est pas la première fois qu’il se fait piéger. Au sprint ou même avant, comme ce mercredi sur A Travers la Flandre, où il n’a pas jugé nécessaire de sauter dans la roue d’Yves Lampaert dans le dernier kilomètre. Résultat, encore une place d’honneur. Et pas moyen de faire retomber un peu la pression avec une victoire avant les deux monuments pavés.

L’exemple Van Avermaet

Parce qu’en réalité, c’est bien là qu’on attend Vanmarcke. Un GP E3 ou un Gand-Wevelgem, aussi prestigieux soient-ils, ne seraient pas assez compte tenu de ce qu’il a montré ces dernières années. Le monde du vélo attend davantage du Flamand. Mais les monuments, comme les autres classiques, le fuient pour le moment. Deux fois troisième du Tour des Flandres, quatre fois dans le top 4 de Paris-Roubaix (dont une fois deuxième, dans la roue de Cancellara, en 2013), il tourne autour, comme avant lui Van Avermaet, et, dans une moindre mesure, Sagan. Alors Vanmarcke peut trouver des arguments pour se rassurer. Van Avermaet, justement, a remporté son premier monument l’an passé, à 31 ans. Mais pour ça, il a en partie changé sa façon de faire, prenant plus de risques. Peut-être la voix que doit suivre le discret Vanmarcke pour se défaire à son tour de son image de looser magnifique.

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