Il est difficile de se défaire d’une sale réputation. Même les performances imposant le respect, comme celle de Niki Terpstra ce vendredi sur le GP E3, ne suffisent pas à effacer un passé. Le Néerlandais, sans doute jusqu’à la fin de sa carrière, sera considéré comme un coureur égoïste. Qu’importe ses victoires.
Défendu par Lefevere
Il y a un an, à l’arrivée de Gand-Wevelgem, Peter Sagan bouillonnait. « Je ne sais juste pas ce que Terpstra voulait faire. Il a attaqué pour rejoindre l’échappée et ensuite, il ne voulait pas travailler. C’est juste un exemple de comment vous pouvez perdre une course contre moi. […] Que puis-je faire ? Je ne suis pas son coéquipier. Je ne vais pas rouler pour qu’ensuite il me batte au sprint. » Niki Terpstra avait refusé que la faute lui retombe dessus. « C’est quand même lui le champion du monde », avait-il même lâché avant de tenter de justifier sa non-collaboration. Personne ou presque, pourtant, n’avait alors pris son parti. Avec sa réputation de suceur de roue, toujours prêt à sauter des relais mais rarement à donner un coup de main, il avait perdu d’avance son duel d’idées face à l’offensif Peter Sagan. Sa réputation ne date pas de ce jour-là. Elle s’est forgée au fil des courses et fait l’unanimité dans le peloton.
« Je lis et j’entends ce qu’on raconte sur moi, et ce n’est pas très agréable, avait-il avoué quelques jours plus tard au journal L’Equipe. Je conçois qu’on puisse me considérer comme un coureur peu attractif sur le vélo mais me faire passer pour quelqu’un qui ne travaille que pour lui, ça non. » Mais le Néerlandais ne serait sans doute pas un élément aussi important du collectif Quick-Step depuis 2011 s’il ne s’était pas un minimum intégré dans le moule. Patrick Lefevere, plusieurs fois, est donc monté au créneau pour défendre son protégé. « Le problème de Niki, c’est qu’à chaque fois qu’il est pris en faute, tout est utilisé contre lui », déplorait-il presque au printemps dernier. Après le dernier Gand-Wevelgem, le manager belge pointait du doigt un mauvais geste de Sagan à l’encontre de Maxime Vantomme. « Mais on retient toujours ce que Niki peut faire de mal, ajoutait-il. C’est un procès trop injuste. »
La rançon de la gloire
La discrétion du garçon, rarement bavard ou loquace en interview, n’aide pas à améliorer son image. D’après lui, les résultats balaient les critiques. Il se trompe au moins en partie. Pourtant, à en croire Lefevere, Terpstra ne serait pas si égoïste que ça, même s’il admet que dans sa façon de se motiver, de rechercher l’adrénaline, « il donne l’impression d’être arrogant ». Au sein même de l’armada Quick-Step, d’autres seraient davantage à la limite. « Ce n’est peut-être pas le plus droit de l’équipe mais pas non plus le plus malhonnête, juge-t-il. Quand il sent qu’il a des droits à faire valoir en course, il les revendique mais jamais violemment. Il restera toujours correct, il garde en tête l’intérêt de l’équipe avant le sien. A mes yeux, un coureur comme Zdenek Stybar chez nous est bien plus individualiste mais personne ne le remarque. » Là est sans doute la rançon de la gloire. Le Tchèque n’a jamais remporté de flandrienne majeure, alors que Terpstra compte désormais un Paris-Roubaix et un GP E3. Et une réputation qui ne s’évaporera jamais.
70 km d´echappée. Quel n° ! il fallait tenir face au gratin des poursuivants. Du grand beau cyclisme offensif avec ce duel final d´un homme seul et limé poursuivi par la meute des cadors à 20 secondes. Chapeau bas le batave .
Quelle course encore une fois ! Décidément, on ne s’ennuie pas sur les courses d’un jour depuis le début de la saison ! Encore une fois un grand numéro, d’un grand coureur, décrié, peu médiatique mais bigrement efficace, et d’une grande équipe (qui confirme l’un de mes commentaires d’une chronique précédente :) devant un sacré parterre de champions !
Enfin, pour les interviews, c’est assez relatif. Quand il en donne dans sa langue maternelle, il peut être très drôle. Aujourd’hui, quand on l’interroge juste après sa victoire, il répond en citant des paroles d’une chanson. Ce qu’il avait déjà fait lors de l’une de ses victoires à A travers les Flandres.
en tout cas il est très apprécié chez quick step et vu les itw de van avermaet, naesen etc aprés course il suscite bcp de respect
Terpstra est avant tour un mec très fort, mais sans la pointe de vitesse pour planter souvent. Il doit donc gagner en costaud, ce qu’il parvient à faire de temps en temps. Et de belle manière. Qu’il ne roule pas pour amener le sprint de ses concurrents est somme toute assez normal.
Après, ce que je retiens aussi, que j’avais repéré depuis quelques temps, GVA n’est pas très saignant cette année (il prend des trous dans les monts, planté par Van Marcke au Het, idem aujourd’hui quand Gilbert part. Dans le même temps, Sagan est inconstant. Ils seront peut-être là pour les deux gros rdv, mais ça augure une saison de pavés très ouverte. Ça va être chouette.
Définitivement le plus beau mois de vélo de l’année.
Vous êtes très gentil en disant que Sagan est inconstant… Parce que, hier, il était franchement mauvais. Il doit tout de même laisser partir Gilbert sur un faux-plat d’autoroute. Et ensuite il ne cesse de rétrograder d’un groupe à l’autre.
Parce qu’il s’agit de Sagan, je ne l’enterre pas encore pour le Ronde. Mais, franchement, si un autre flandrien avait roulé comme ça, je ne croirais absolument pas en ses chances pour le Ronde.
Peut etre un coup de bluff pour avoir moins la pancarte mais je n´y crois guère. On a aussi vu du grand Philippe Gilbert; il semble etre très fort en ce moment; il est l´homme à battre sur le Ronde.
C’est assez incroyable ce que fait la Quick Step ces dernières semaines ! Encore un doublé ! Quelle que soit l’équipe alignée, on a l’impression que n’importe lequel d’entre eux peut l’emporter. Ils sont tous une menace, leur collectif est si dense et semble si huilé qu’ils peuvent maîtriser la course à tous les échelons. L’E3 hier en est l’illustration la plus criante : au moins un coureur dans chaque groupe pour contrôler et empêcher la concurrence de revenir sur Terpstra.
Ces dernières années je trouvais que la densité de l’effectif paralysait un peu l’équipe : ils se marchaient parfois un peu les uns sur les autres. Je ne sais pas si quelque chose a changé dans l’encadrement, mais il semble que la stratégie soit beaucoup plus travaillée et définie désormais. Et les jeunes et nouvelles recrues semblent parfaitement intégrées.
Mon attrait pour les flandriennes me rend peut-être peu objectif, mais pour moi c’est vraiment la meilleure équipe du monde en ce moment.
Les victoires de Tepstra le sont toujours en solitaire; Ce n’est pas l’attitude d’un “suceur de roue”. Que dire alors des invisibles sprinteurs qu’on n’aperçoit qu’à la flamme rouge?