Ce n’est pas complètement inhabituel, mais pour le moment, Quick-Step règne sur les classiques belges. Ce qui l’est plus, en revanche, c’est que les succès viennent en grande partie de sa jeune garde. Après Terpstra qui a montré la voix, Cavagna, Jakobsen et Hodeg ont levé les bras à leur tour. Ces trois-là ont 21 ans, et ont quelques coéquipiers qui attendent de connaître pareils succès.

Florian Sénéchal (24 ans), le revenant

Le plus belge des Français. Le garçon est revenu au bercail cette saison, là ou tout a commencé pour lui. Rien de plus logique pour un jeune passé par toutes les équipes réserves de la Quick-Step. Fort de son succès sur Paris-Roubaix juniors en 2011, Sénéchal intègre l’EFC-Omega Pharma-Quick Step. Mais il ne passe pas professionnel en Belgique. Quatre saisons avec Cofidis et quelques accessits sur les flandriennes plus tard, il est (ré)approché par l’armada des classiques qu’est devenue Quick-Step Floors. Une opportunité qu’il n’a pas voulu rater : « J’ai comme l’impression de redevenir pro. Si je veux être des classiques, il va falloir que je gagne ma place », disait-il en fin de saison dernière à Cyclism’Actu. Très à son avantage sur A Travers la Flandre occidentale, où il a très bien manœuvré pour finir derrière son coéquipier Rémi Cavagna, le voilà aligné sur Gand-Wevelgem avec la ferme intention de monter en puissance. Et la confiance de son manager. « Pas d’inquiétude, il gagnera bientôt », assurait Patrick Lefevere récemment. Sénéchal se contenterait de gagner sa place pour sa course préférée : Paris-Roubaix.

Fabio Jakobsen (21 ans), le polyvalent

Et s’il était le plus impressionnant de la troupe ? Treizième du Samyn et de la Handzame Classic, quatrième d’A Travers la Flandre occidentale, vainqueur de Nokere Koerse, voici l’intégralité des résultats du Néerlandais depuis un mois. Pas un raté en quatre courses. Soutien de poids pour tous les autres vainqueurs de Quick-Step (Terpstra, Cavagna et Hodeg), il a saisi sa chance une fois. Au sprint. « Je me cherche encore en tant que coureur, je sais que j’ai une bonne pointe de vitesse, donc je dois me concentrer là-dessus, mais je continue de me développer », expliquait-il à PezCycling. En fait, il semblerait que le garçon soit taillé pour les classiques, avec une aptitude bien particulière pour finir le travail lors de sprints en petit comité. La course de ses rêves plante le décor : Paris-Roubaix. Rien d’impossible pour un garçon calme et posé, qui s’est promis de ne pas s’acheter de voiture de sport tant que ses parents auront encore besoin de travailler. « Vous devez vous souvenir de ceux qui vous ont permis d’être là où vous êtes », assure-t-il.

Rémi Cavagna (22 ans), le presque ancien

Fin de saison 2017, sa première chez les professionnels. Le Français nous confie vouloir se concentrer sur les chronos et les courses par étapes. Quatre mois plus tard, il décroche le premier bouquet de sa carrière… sur une classique belge. Vainqueur d’A Travers la Flandre occidentale, l’Auvergnat a montré la voix à Jakobsen et Hodeg, vainqueurs quelques jours après lui, eux aussi en Belgique. « Au début, j’étais un peu intimidé d’être avec des gars comme Philippe Gilbert ou Tom Boonen, nous assurait-il cet hiver. Ça mettait presque la pression d’évoluer dans une équipe si talentueuse. Désormais, je regarde tous ces champions dans les yeux. » Parce que Cavagna, malgré tout le chemin qu’il lui reste à parcourir, a montré sa valeur. Plus en retrait sur les courses d’une semaine où il aimerait pourtant se positionner, il fait presque figure d’ancien au sein de la bande de jeunes qui découvrent cette saison les classiques. Lui a déjà vécu un printemps avec Quick-Step et peut désormais aborder ces courses en sachant ce qui l’attend.

Narvaez (21 ans), le téméraire

Un équatorien avec une histoire de colombien. Dernier d’une fratrie de cinq, il passe son enfance sur les hauts plateaux sud-américains, à 3000 mètres d’altitude. Son frère et son père le mettent sur un vélo, il ne s’arrêtera jamais. « Je me souviens de ma première course, j’étais arrivé dernier, confie-t-il pourtant. Il pleuvait très fort, j’étais trempé. Mais j’ai terminé. » Sa mère s’inquiète de ses nombreuses chutes, mais lui commence à gagner de plus en plus. Joxean Matxin, recruteur pour Quick-Step à l’époque, fait le déplacement jusqu’en Colombie pour scruter les dernières pépites du pays. Mais c’est l’Equatorien qui lui tape dans l’œil. « Personne ne pouvait me parler de lui, ils ne le connaissaient pas », racontait-il récemment à Ciclismo a Fondo. Narvaez n’a même pas de téléphone et la fédération équatorienne ne peut que donner à Matxin l’adresse du garçon. Quelques années plus tard, maillot de champion national sur le dos, Jhonatan Narvaez pointe le bout de son nez sur les classiques belges et françaises (6e et 2e aux Boucles Drôme Ardèche, 7e d’A Travers la Flandre occidentale). Sa mère est rassurée.

Alvaro José Hodeg (21 ans), le pistard

Les colombiens ne grimpent plus. Après Gaviria, voici Hodeg, de quelques années plus jeune et lui aussi très rapide au sprint. Né d’un père colombien et d’une mère libanaise (d’où son deuxième nom, Chagui), le jeune Alvaro est en enfant hyperactif, incapable de rester assis bien longtemps. Son salut passe par le sport, et le football au départ, qu’il finira par abandonner sous la contrainte. « Je me suis blessé au genou et j’ai dû arrêter de jouer », raconte-t-il à El Espectador. Il lui faut alors trouver une autre activité. « C’est comme ça que j’ai commencé le vélo. » Bon élève, il décide, de retour d’un voyage à Medellin, d’aller y poursuivre ses études. Ce qu’il vise, en réalité, c’est le vélodrome qui s’y trouve. Ses parents ne s’y opposent pas. Alors Hodeg fait ses armes sur la piste et rapidement, son nom se propage. Il fond en larmes le jour où il apprend sa convocation pour les Mondiaux espoirs de Richmond. Un passage chez Colombia-Coldeportes et une victoire au Tour de l’Avenir plus tard, il remporte coup sur coup la Handzame Classic et la première étape du Tour de Catalogne. Le garçon continue d’aller très vite.

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