« Courir Paris-Roubaix a toujours été mon rêve », s’émerveillait Wout Van Aert après l’annonce de la sélection de Véranda Willems-Crelan pour la plupart des classiques flandriennes. Nick Nuyens, patron l’équipe et vainqueur du Tour des Flandres 2011, a personnellement convaincu Christian Prudhomme de l’intérêt de voir le prodige des sous-bois sur les pavés. Et les espoirs d’une belle performance existent.

Une phase d’apprentissage

Si l’homme de 23 ans est à son aise dans la boue, rien ne nous assure encore de sa faculté à affronter les secteurs et monts pavés. Son ascension du Mur de Grammont samedi dernier lors du Het Nieuwsblad l’a toutefois rassuré. « Je ne pensais pas que je pourrais suivre les meilleurs, j’étais sous le choc de voir avec qui j’étais passé au sommet », lançait-il au micro de la RTBF. Un choc qui l’a peut-être empêché de jouer sa carte dans le final, déjà satisfait d’être là. « J’étais trop content et je n’ai pas pensé à comment je pourrais gagner alors que la possibilité existait », ajoutait le jeune belge après l’arrivée. C’est avec ce manque d’expérience que le Flamand devra composer cette saison. Un énorme désavantage par rapport à Sagan, Van Avermaet ou Vanmarcke, pour lesquels la période printanière n’a plus de secrets.

L’autre inconnue, c’est sa capacité à être performant après plus de 250 kilomètres. Habitué aux efforts de soixante minutes, Van Aert n’a jamais couru sur une si longue distance et ce paramètre, rajouté à une concurrence féroce, renforce son statut de novice. « Chaque course que je disputerai au printemps sera tout aussi importante pour moi parce que nous considérons vraiment cette campagne comme un processus d’apprentissage, avançait-il après l’annonce d’ASO. Je veux surtout voir de quoi je suis capable, et on ne peut le savoir qu’en disputant ces courses. Il y a de grosses chances que je souffre pour mon bizutage, mais je me sens prêt à relever ce défi. » Wout Van Aert, pour qui la connaissance du terrain et la science du placement sont des éléments encore flous, ne s’attend donc pas à lever les bras dès cette année. Pourtant, il possède de nombreux atouts dans sa manche.

Le talent comme arme

Van Aert est un diamant qui peut briller n’importe quand. Son jeune âge et l’insouciance qui va avec peuvent faire des miracles. « J’ai abordé ma saison de cyclo-cross cette année avec cette idée de goûter ensuite aux grandes classiques du printemps. » Une préparation particulière mais surtout un profil qui peut l’aider sur les secteurs pavés. « Paris-Roubaix pourrait bien me convenir, surtout au vu de mon physique. Courir sur les pavés est quelque chose que j’aime faire, et peut-être que ma technique de cyclo-cross peut me servir. » Etre un as de la boue et briller sur les pavés est possible. Le meilleur exemple reste Roger De Vlaeminck, champion du monde de la discipline hivernale en 1975 et quatre fois vainqueur de Paris-Roubaix. Plus contemporain, Zdenek Stybar, trois fois porteur du maillot irisé, s’est reconverti en coureur de classiques, deux podiums sur l’Enfer du Nord attestant ses capacités.

Le leader de Véranda Willems-Crelan avait déjà posé ses roues sur le bitume l’an passé, pour trois victoires sur des courses mineures, acquises en Belgique. Une preuve de plus de son talent. Mais qu’attendre vraiment du Belge de 23 ans face aux meilleurs mondiaux ? En jetant un œil sur ses ambitions, ses chances semblent plus grandes sur la course française. Surtout que le garçon n’hésitait pas à avancer, fin janvier, que « Roubaix [lui] tient vraiment à cœur ». Alors pourquoi ne pas rêver d’une place sur la boîte sur le vélodrome André-Prétieux ? Histoire d’entamer un parallèle avec Tom Boonen, troisième en 2002 lors de sa première participation.

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