Pour retrouver trace d’un printemps orphelin à la fois de Tom Boonen et Fabian Cancellara, il faut remonter à 2001. Une éternité. Mais avec la retraite du Suisse fin 2016, et celle du Belge en avril dernier, on s’apprête, pour la première fois, à vivre l’intégralité des classiques sans eux. Alors, c’est très personnel, mais qui nous manque le plus ?

Tom Boonen par Alexis-Midol Monnet

Ce printemps sans Boonen fait forcément un petit pincement au cœur pour tout bon spectateur qui découvrit ces épreuves mythiques à la faveur des envolées de « Tornado Tom ». Quatre Paris-Roubaix, trois Ronde, et une flopée d’actions de grande classe qui auront contribué à façonner le charme de ces courses d’un jour au cœur des mutations du cyclisme contemporain. Mais si l’on vient à regretter le retrait d’un homme qui comme tout champion ne peut demeurer éternel, c’est sans doute pour sa propension à débloquer bon nombre de scénarios et à faire émerger des jeunes pousses, boostées à l’idée de battre le lion flamand. On pense à Sep Vanmarcke, qui connut sa première consécration en le battant au sprint sur le Het Nieuwsblad en 2012, seule classique ayant échappée à Tommeke durant cette formidable année, ou encore à son ancien lieutenant Stijn Devolder, double vainqueur à Meerbeke en 2008 et 2009.

Sa formation Quick-Step, tant redoutée, disposait d’une force de frappe incontestable mais dont la disposition était entièrement dépendante de l’état de forme de son prince. Capable de distribuer des bons de sortie à Chavanel, Vandenbergh, Terpstra, Stybar, Lampaert, ses mano à mano exceptionnels face à Fabian Cancellara nous ont procuré des émotions sans doute plus intenses que certains grands tours. Souriant, figure rassurante au sein du peloton, le Belge ne laissait pas indifférent. Greg van Avermaet et Philippe Gilbert, deux des meilleurs coureurs du plat pays en activité, ne bénéficient toujours pas du même statut.

Fabian Cancellara par Robin Watt

L’un de ne va pas sans l’autre, on est d’accord. « Sans Cancellara, j’aurais probablement gagné plus de courses, reconnaissait le Belge pour Rouleur Magazine, il y a un an. Mais la rivalité rend les résultats plus beaux. Si vous battez un grand nom, c’est mieux que quelqu’un qui a terminé deuxième une fois puis plus rien. » Alors finalement, remercions le Suisse d’avoir rendu les victoires de Boonen encore plus historiques. Il était sans doute le plus grand nom qu’il pouvait battre. Il est celui qui lui a fait le plus mal, aussi, un jour d’avril 2010 sur le Mur de Grammont. L’image est restée dans toutes les têtes. Elle a même donné lieu à d’intenses soupçons, sur lesquels personne ne fera sans doute jamais la lumière.

Mais il faut reconnaître à Cancellara sa persévérance. Boonen, dès son plus jeune âge, a été couvé par un Patrick Lefevere qui a les classiques dans le sang. Il a donc rapidement eu une équipe compétitive à son service. Le Suisse a toujours été un peu plus isolé. Jamais, lorsqu’il a gagné Paris-Roubaix ou le Tour des Flandres, il n’a eu un de ses coéquipiers dans le top 10. Il a aussi persisté, ne rempotant qu’un seul des deux monuments pavés avant 2010, quand Boonen en comptait déjà cinq. Au final, il a quasiment réussi à équilibré la balance, et à l’heure de raccrocher, le Belge ne menait plus que sept victoires à six. « Canci » reste donc le perdant du duel. Et on a toujours tendance à préférer les perdants.

Et vous, qui de Boonen ou Cancellara vous manque le plus ?

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