On dit souvent qu’on ne retient que le vainqueur, jamais ceux qui terminent derrière. Mais pas cette fois. C’est certain, la victoire de Mathew Hayman sur le vélodrome de Roubaix restera dans les annales. Mais on se souviendra peut-être plus longtemps encore de la deuxième place de Tom Boonen. Personne ne l’attendait à ce niveau, et le Flamand a bien failli accrocher un cinquième succès sur l’Enfer du Nord.

Une course en patron

Quelques minutes après l’arrivée, il semblait presque avoir le sourire. Comme si, conscient de la course exceptionnelle qu’il venait de livrer, Boonen n’accordait qu’une importance minime à cette victoire qui venait de lui filer entre les doigts. Dans son vélodrome, où à quatre reprises déjà il a soulevé le pavé du vainqueur, il voulait simplement profiter. Pour les journalistes, il revenait sur la fin de course, analysant les derniers hectomètres et son incapacité à aborder le dernier virage en tête. Mais tout ce qui semblait compter était l’hommage du public, uni pour saluer à la fois Boonen et Cancellara, qui tirait lui sa révérence à Paris-Roubaix. D’ailleurs, le Suisse également avait le sourire, malgré une chute qui l’a empêché de jouer la gagne. Parce que finalement, tout le monde restait sans voix et simplement époustouflé par les six heures de courses qui venaient de s’achever. Et Boonen y était pour beaucoup. Tout au long de la journée, il a couru comme un vrai patron qui ne visait rien d’autre que la victoire.

C’est pour lui que Tony Martin a lancé les hostilités à plus de 100 kilomètres de l’arrivée, accélérant pour mettre à distance Sagan et Cancellara. Puis, quand l’Allemand eut terminé ses efforts, c’est encore « Tommeke » qui a pris les plus gros relais, empêchant le retour du groupe de poursuivants. S’il a eu la chance de pouvoir compter sur la collaboration de ceux qui l’accompagnaient, le Belge a plus que les autres été celui qui a permis à Vanmarcke, Stannard, Boasson Hagen et Hayman – récupéré en cours de route – d’aller au bout. Preuve que la légende n’est pas encore à ranger au placard. Dans les 30 derniers kilomètres, il a même été omniprésent pour aller rechercher ceux qui tentaient de lui fausser compagnie. Dans le Carrefour de l’Arbre, il a tout donné pour revenir sur Vanmarcke, puis a sauté dans toutes les roues sur les portions asphaltées qui menaient à Roubaix.

Un sprint perdant, mais un rendez-vous pris

A quelques kilomètres de la ligne, après les tentatives de Stannard, c’est même encore Boonen qui a tenté d’y aller seul, rejoint ensuite par Hayman, et finalement par l’ensemble de ce groupe de cinq sur le vélodrome. Mais jamais l’enfant de Mol n’a en tout cas abandonné, et il a même voulu s’offrir un succès en solitaire plutôt que d’attendre sagement le sprint. Au final, légèrement enfermé dans le dernier tour de piste sur le vélodrome roubaisien, il n’a pu lever les bras, quatre ans après son dernier succès sur l’Enfer du Nord. Mais il a prouvé à tous ceux qui l’avaient enterré ces dernières semaines qu’ils avaient tort. Etixx a raté sa campagne de classiques puisqu’elle n’a quasiment rien gagné – A Travers la Flandre et le GP de l’Escaut sont tout juste des lots de consolation. Mais la formation flamande a terminé sur une bonne note, et comme un symbole, cela vient de Boonen. De quoi faire espérer à tout un peuple qu’il poursuive d’une année. Ca tombe bien : à demi-mot, le Belge a confirmé qu’il reviendrait l’an prochain. Perdre Cancellara et Boonen la même année, ça aurait été trop.

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