En s’imposant de belle manière sur les Boucles de la Mayenne, une semaine après une éclatante victoire sur le Tour de Belgique, Mathieu Van der Poel a montré à tout le monde que son talent n’est pas uniquement exploité l’hiver. Mais l’ancien champion du monde de cyclo-cross doit-il pour autant abandonner sa discipline de cœur pour se consacrer à la route ? La rédaction de la Chronique du Vélo s’est penchée sur le sujet.
Il doit rester tout terrain par Adrien Godard
Habitué à illuminer les hivers de sa classe en cyclo-cross, Mathieu Van der Poel s’est montré sur la route ces derniers jours. Au point d’y décrocher de très beaux succès, en Belgique comme en Mayenne. Encore plus impressionnant, il est venu titiller Nino Schurter, dominateur du VTT mondial, la semaine dernière lors de la manche de Coupe du Monde d’Albstadt. Cette polyvalence, en plus de l’impression de facilité qu’il dégage dès qu’il monte sur un vélo, semble faire partie de son équilibre. Qu’il doit impérativement garder dans les années futures. Tout consacrer à la route serait une erreur, tant pour le cyclo-cross que pour lui. Le duel engagé avec Wout Van Aert depuis deux saisons dans les sous-bois, en passe de marquer l’histoire, ne doit pas s’arrêter. Et le Néerlandais semble tellement s’amuser à passer planches et escaliers qu’on l’imagine mal se consacrer à 100 % au bitume. Il risquerait trop d’y perdre la notion de plaisir qui lui est chère.
Pour pouvoir tout concilier, le petit-fils de Raymond Poulidor devra donc se concentrer sur quelques dates du calendrier sur route. Ses médailles mondiales des dernières années, ainsi que sa victoire sur le Tour de Belgique devant Philippe Gilbert, prouvent que le Néerlandais est capable de concilier les deux disciplines. Mais il devra faire des choix. Se concentrer sur la campagne des classiques, ou sur quelques courses par étapes devrait être dans ses cordes. Il ne doit pas, en revanche, avoir en tête les grands tours. Et il pourra toujours se maintenir en forme en allant, comme il le fait cette année, tenter de dégoûter les meilleurs vététistes du monde. Pour garder cette notion de plaisir, trop souvent réduite à la portion congrue quand un tout terrain se consacre uniquement à la route. Pas de doute, Van der Poel est un génie de la bicyclette, et il serait tellement dommage de ne pas en faire profiter le maximum de disciplines.
Il doit se consacrer pleinement à la route par Romain Puissieux
Pour inscrire les grandes courses sur route à son compteur de victoires, Mathieu Van der Poel n’aura pas d’autre choix que de se consacrer pleinement à l’asphalte. Son père avait réussi dans les années 1980 à se forger un immense palmarès dans les deux disciplines mais les temps ont changé. Aujourd’hui, les écarts de niveau relèvent tellement du détail qu’il apparaît impossible de porter la double casquette, aussi talentueux soit-il. Gagner les Boucles de la Mayenne après une saison de cross pleine est une chose, remporter un Tour des Flandres, un Liège-Bastogne-Liège ou un grand tour en est une autre. Cela demande une préparation minutieuse. Ce qui est incompatible avec une saison de cyclo-cross complète, qui elle implique un long pic de forme l’hiver.
Si Van der Poel veut devenir un grand leader sur route, il apparaît inconcevable qu’il ne soit pas présent avec ses coéquipiers lors des stages hivernaux de décembre et janvier, moment où la saison de cyclo-cross bat son plein. En revanche, rien ne l’empêchera de continuer de goûter au plaisir du cross quelques fois dans l’hiver comme le font de nombreux coureurs. En 2011, John Gadret avait bien réussi à cumuler une deuxième place aux championnats de France de cyclo-cross et un podium sur le Giro. Cela peut même s’avérer être une préparation efficace en même temps qu’un plaisir pour s’aérer l’esprit. Mais le Néerlandais a déjà tout gagné dans les labourés, le temps est venu de montrer l’étendue de son talent sur la route.
Ah, forcément, pour devenir un grand champion sur route, il faudra que Mathieu Van der Poel choisisse assez rapidement de s’y consacrer le plus pleinement possible. Après, c’est à lui de choisir, et de renoncer à devenir performant sur les GTs, ce qui semble être possible aux vues de son potentiel, afin de privilégier cyclocross ou VTT et garder ses ambitions sur route pour les classiques de printemps.
Je suis moi aussi partagé… Il serait dommage que Mathieu abandonne le cyclo cross et nous prive de ces duels épiques avec Wout Van Aert l’hiver. Mais tôt ou tard, il voudra (et nous avec lui) viser des objectifs encore plus élevés. Et cela passera inévitablement par des saisons pleines sur la route. On ne sait pas encore où sont les limites de ce coureur hors norme. Mais rêvons un peu : n’aurait-il pas sous la pédale le potentiel d’un Peter Sagan ? Mais plus que cela peut-être ! Car on peut imaginer que MVDP soit également très costaud sur les classiques ardennaises, sur les CLM et même sur les grands tours…
Imaginons que Van der Poel gagne dans les prochaines années quatre ou cinq titres de champion du monde de cyclocross, il pensera peut être qu’il arrive au bout de quelque chose et il sera trop tard pour se consacrer à la route alors que dans ce secteur manifestement il a de grandes facilités . Gagner un Paris Roubaix ou un Tour des Flandres à mes yeux est plus prestigieux qu’un titre de champion du monde de cyclocross même si les coureurs de cette discipline sont admirables et les manches de coupe du monde un vrai régal. De plus il n’a plus grand chose à prouver dans les sous bois et puis il me semble que pourrait être construit un programme bien équilibré comprenant un certain nombre de cyclo-cross et des objectifs ciblés sur route. Si l’on pense à la piste, Wiggins a pu aligner à son palmarès Tour de France et titres mondiaux et olympiques sur piste. J’aimerai donc voir Van Der Poel se tourner franchement vers la route deux ou trois saisons pour voir, il sera assez jeune pour retourner au cyclocross s’il le souhaite un peu plus tard. Ce que je pense pour VDP est aussi valable pour… Lire la suite »
Bonne question ! Je me demande s’il a vraiment envie de faire carrière sur route. Lui seul a la réponse, et le fait qu’il se soit orienté tôt vers le cyclo-cross est peut-être lié à une certaine lassitude chez lui pour le bitume ? Il faudrait pouvoir le lui demander ! Par contre, je ne l’imagine pas venir faire quelques cyclo-cross s’il n’est pas au top, juste pour le plaisir… de se faire larguer par ses anciens adversaires ?
Je rejoins Chris83 sur le fait que les deux ne sont pas incompatibles. On sait aujourd’hui construire des programmes d’entraînement à long terme alliant des objectifs divers. Alors faudrait-il obligatoirement choisir ?
En tous cas, quelle classe ! Tant sur des efforts brefs que pour maintenir un effort dans la durée, c’est un vrai diamant. J’adorerais le voir face à Sagan dans le tour des Flandres…
Difficile à dire. Ses qualités pourraient lui permettre de briller sur des classiques. De plus, son duel avec Wout Van Aert ne sera sûrement plus d’actualité cet hiver. Le jeune belge a décidé lui de se consacrer pleinement aux classiques flandriennes du début de saison. Pour moi, Van Der Poel devrait faire de même!