Sven Nys a dit au revoir au cyclo-cross, ce dimanche, en disputant à Zolder ses derniers Mondiaux. Mais qu’il ne s’inquiète pas, un autre Belge est prêt à prendre la relève. Wout van Aert, 21 ans, a levé les bras en patron alors que tout le monde attendait le Néerlandais Mathieu Van der Poel. La preuve qu’il n’est pas simplement un outsider. Face à Van der Poel, il a remis les compteurs à égalité avec un titre mondial chacun, et assuré la suite d’une bataille qui devrait durer.

L’allure du vrai patron

Il y avait presque un côté frustrant pour Wout Van Aert. Il avait beau avoir dominé une bonne partie de la saison de cyclo-cross et s’être assuré une victoire au classement général de la Coupe du Monde, avant la course de dimanche, il était présenté comme le challenger de Mathieu Van der Poel. Bien sûr, le Néerlandais méritait une grande considération après avoir décroché quatre succès en Coupe du Monde depuis son retour de blessure. Mais à domicile, c’est comme si Van Aert avait été sous-estimé. Un mal pour un bien si l’on en croit sa réaction d’après course. « Tout le monde s’attendait à un one-man-show de Mathieu. C’est ce qui a fait que j’ai abordé le Mondial en étant assez détendu », a-t-il expliqué. Détendu mais en grande forme puisqu’il a tout de suite imprimé un rythme d’enfer lorsqu’il s’est détaché le plus naturellement du monde avec Van der Poel et Van der Haar. Déjà à ce moment-là, le Belge se montrait capable de prendre en main la course la plus importante de la saison malgré son jeune âge.

La suite, c’est un retour de l’arrière et un peloton de huit qui ne se lâche plus jusqu’à cet accrochage décisif entre les deux nouveaux patrons de la discipline. Et là encore, Van Aert a réagi en patron. Alors que la faute était signée Van der Poel lui-même, le Belge est resté calme. Il a pris le temps de décoincer le pied de « VDP » bloqué dans sa roue avant. Puis il est reparti, quelques secondes après le prodige au maillot orange. Mais quelques hectomètres plus loin, il était déjà repassé devant et parti à la chasse d’un Van der Haar opportuniste qui tentait de se faire la malle. Ce fut là toute la justesse de Van Aert. Si l’aspect tactique du début de course n’était dès lors qu’un lointain souvenir, il a fait preuve d’une confiance en lui et d’une motivation incroyable pour revenir sur l’homme de tête, champion d’Europe cette année et vainqueur de la Coupe du Monde en 2013-2014. Au contraire, Mathieu Van der Poel a été incapable d’une telle remontée, même aidé par son frère David.

Une rivalité exacerbée

Même usé physiquement dans le dernier tour, Van Aert est alors parvenu à se jouer de Van der Haar dans l’une des ultimes difficultés du parcours, pour terminer avec quelques mètres d’avance et s’offrir le luxe de savourer un succès venu d’ailleurs. Poussé par son public, le récent champion de Belgique a prouvé qu’il était un patron. Il est le seul à ne pas avoir profité de l’erreur de Van der Poel, et c’est pourtant lui qui a fini par lever les bras. Après le sacre sans contestation du Néerlandais il y a un an, le Flamand prend donc une revanche qui au terme de la course, apparaît comme méritée. Mais ce maillot irisé – légèrement étriqué sur le podium – qui va venir pour un an se poser sur les épaules de Wout Van Aert n’est finalement pas son plus beau cadeau de l’hiver. Celui qui pourrait encore courir chez les espoirs a en effet confié avoir été plus ému il y a quelques semaines, lorsqu’il a été sacré champion de Belgique. Derrière lui, pourtant, c’était les mêmes coureurs, les Néerlandais en moins. Alors, petite pique à Van der Poel ? Sans doute.

D’ailleurs, Van Aert a profité de sa victoire pour mettre les choses au clair au sujet des dernières semaines. « Je n’étais pas à 100 % ces derniers temps et lors des deux dernières manches de Coupe du Monde, j’ai surtout voulu m’assurer du succès final, a-t-il tenu à justifier. Je n’avais que le Championnat du Monde en tête. » Après-coup, on ne peut que féliciter sa gestion. Et prévenir Mathieu Van der Poel, cinquième hier sur la ligne, qu’il a en Van Aert plus qu’un simple challenger. Le Belge a égalisé son rival au nombre de titres mondiaux chez les Elites, et le devance globalement en terme de palmarès. A 21 ans, la bagarre ne fait donc que commencer. Après avoir assisté au début depuis les premières loges, Sven Nys a sans doute raison de quitter l’arène pour les laisser se déchirer, car la suite promet d’être cinglante.

 

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