Le paradoxe d’une saison. Mathieu Van der Poel a dominé l’hiver comme rarement un champion ne l’avait fait. Mais au moment du dernier grand rendez-vous, le championnat du monde, il n’a rien pu faire face à un Wout Van Aert venu sauver sa saison sur les terres de son rival.

La peau du favori

Sept manches de Coupe du Monde sur neuf, le ratio de victoires de Van der Poel, cette saison, est invraisemblable. Un seul homme avait réussi, dans l’histoire, à marcher autant sur la discipline : la légende Sven Nys, dans ses meilleures années. Alors forcément, on attend du Néerlandais qu’il termine le boulot à Valkenburg, chez lui, avec un titre mondial qui le fuit depuis 2015. Mais son bourreau des dernières années, le plus souvent le seul capable de lui titiller les mollets, a décidé de remettre ça. Le Belge s’est offert une troisième couronne mondiale consécutive. Mais celle-ci a une saveur particulière, parce que le garçon a été dans l’ombre dans son rival tout l’hiver. Tout juste a-t-il réussi à s’octroyer quelques manches par-ci par-là. On est loin des deux saisons dernières, où malgré l’ogre Van der Poel, il avait remporté le général de la Coupe du Monde.

Mais Van Aert, au fil des années, devient un spécialiste pour profiter des faiblesses de Van der Poel. Le Néerlandais gagne beaucoup, déjà quinze manches de Coupe du Monde en carrière, seul Sven Nys fait mieux. Mais il se rate aussi régulièrement, quand le Belge, lui, réussit à presque toujours prendre l’une des deux premières places. « Si je ne deviens pas champion du monde, je pourrais toujours me consoler en pensant à ma remarquable saison », avait souligné Van der Poel ces derniers jours. Ca n’a pas loupé. Van Aert était dans un autre monde. L’an dernier, il avait été avantagé par le crevaison rapide de son rival hollandais. Cette fois, il n’a pas eu besoin de circonstances favorables. A la pédale, il a petit à petit fait l’écart sur tous ses rivaux, pour finalement terminer, en patron, plus de deux minutes devant son premier poursuivant, Michael Vanthourenhout.

Triple couronne

En vérité, Van der Poel peut aussi se consoler en se disant qu’il a déjà connu le maillot arc-en-ciel, il y a trois ans. Contrairement à son père, qui a longtemps couru après ce titre suprême, lui a déjà coché cette case. Van Aert, lui, fait désormais partie des triples champion du monde, loin du record d’Eric de Vlaeminck, sept fois sacré, mais devant Nys, Albert et pas mal d’autres. Dont Van der Poel, qui commence, sur ce terrain-là, à accuser un certain retard. « Je ne peux pas croire que la course se soit déroulée comme ça, déclarait Van Aert à l’arrivée. Je m’attendais une grande bagarre. » Nous aussi, en fait. Elle n’aura duré que quelques tours, et même une chute dans le final n’a pas fait frémir le Belge, pas tout à fait maître du cyclo-cross, mais maître du monde.

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