Il ne pouvait y avoir qu’un duel entre Mathieu Van der Poel et Wout Van Aert pour décider de qui serait sacré champion du monde. Mais ce dimanche à Bieles, il a été avorté par la crevaison du Néerlandais, et le Belge a conservé son titre. Pour le deuxième hiver consécutif, Van Aert réussit donc un exercice quasi parfait. En remportant presque toutes les épreuves majeures du calendrier.
Une crevaison qui change tout
Rien ne présageait d’un tel scénario aux alentours de 15 heures. Van der Poel réussit un départ parfait, vire en tête et s’échappe vers une revanche après la bagarre de l’an passé. Coincé aux alentours de la dixième place, Van Aert voit quant à lui la médaille d’or s’échapper. « Je pensais à ce moment-là que ça allait devenir une course pour la deuxième place », avoua-t-il après être descendu du vélo. La remontée a pourtant eu lieu. Le duel, lui, seulement a moitié. La faute à la malchance du Néerlandais, mais également au talent du Belge. Pas une faute technique, une facilité déconcertante dans les descentes rendues très techniques par la boue, le champion du monde en titre a tenu son rang. Il a laissé s’exprimer pleinement son potentiel et semblait voler sur le circuit luxembourgeois une fois la différence faite. Van Aert vient ainsi ponctuer une nouvelle saison exceptionnelle, où classements généraux, titres nationaux et mondiaux sont venus s’ajouter à son palmarès.
Plus souvent battu par Van der Poel que l’inverse, le natif d’Herentals a profité de la blessure de son meilleur adversaire en début de saison pour s’envoler sur la Coupe du Monde et le DVV Trofee. Jusqu’à maintenant impuissant sur les manches du Superprestige, il n’en demeure pas moins toujours en course pour la victoire finale avant les deux dernières manches. Il a pour cela besoin d’un faux-pas de son rival Van der Poel. Il réaliserait alors une fois de plus un grand chelem historique. Le peuple belge, inquiet après les retraites de Niels Albert et Sven Nys, a trouvé en Van Aert un digne successeur. Prodigieux techniquement, indestructible physiquement, il a cette année trouvé une véritable force mentale. Quelque peu bousculé dans les médias la semaine dernière – après avoir eu le droit de bénéficier d’une AUT pour soigner une blessure, alors que Pauwels et Van der Poel ont fait le choix de publier sur les réseaux sociaux leurs formulaires de contrôle-antidopage -, le garçon de 22 ans a répondu de la meilleure manière possible. Dans les labourés.
Un avenir sur la route ?
Van der Poel a d’ores et déjà annoncé qu’il se tournerait vers la route après les championnats du Monde de Valkenburg, dans un an. Tout le monde se demande donc quelle orientation son grand rival Wout Van Aert va donner à sa carrière. Dominer encore et toujours les hivers en terrain gras ou se risquer à passer sur la route ? Le jeune homme possède déjà quelques références, avec une belle victoire sur le prologue du Tour de Belgique et une neuvième place sur son championnat national. Le tout en ayant comme simple objectif de se préparer en vue de la saison de cyclo-cross : le potentiel est là.
Reste à savoir si le Belge prendra le risque de quitter des épreuves qu’il écrase. Les courses des sous-bois sont plus que populaires dans son pays et il dispose d’une équipe en mesure de lui offrir un contrat à la hauteur de son talent. Mais le défi a de quoi séduire. Un œil sur les derniers champions du monde de cyclo-cross pose le cadre. Depuis 2001, trois vainqueurs du maillot irisé ne sont pas Belges. Lars Boom, Zdenek Stybar et Mathieu Van der Poel. Il est inutile de rappeler le palmarès des deux premiers sur la route, et le troisième a les qualités pour faire au moins aussi bien. En revanche, aucun des cinq flamands ayant ravi l’arc-en-ciel ces seize dernières années n’a osé un passage sur le bitume. Le challenge serait donc de taille et Van Aert a les capacités pour réaliser quelque chose de grand. Il n’a plus qu’à se mettre en danger.
Dans un championnat du Monde digne d’une guerre de tranchée, ce sont le guerrier et la guerrière belges qui ont terrassé leurs voisins hollandais, la chance étant de leur côté, mais aussi la bravoure. Les français ont coulé. Comme ils avaient coulé aux JO et sombré aux mondiaux de Doha. Merci à la chaine Equipe qui nous a permis de suivre tous ces mondiaux mais aussi la Coupe du Monde d’une discipline spectaculaire. Un seul bémol sur les commentateurs qui font miroiter à chaque départ l’accès à des podiums pour des français et françaises alors que les 3/4 du temps ils sont incapables de rentrer dans le top 10. On peut être supporter et patriote mais à la force, ça devient ridicule et agaçant. Seul Venturini s’est montré quelque fois à son avantage mais sur des parcours rapides. Le cyclo-cross français a du chemin à parcourir!
Dans de nombreuses catégories, il y avait de réelles chancres de médailles. Russo avait déjà terminé sur le podium cette année en Coupe du Monde espoirs. Les juniors français avaient même réalisé un doublé devant les belges ou les néerlandais ( en l’absence des britanniques) et Caroline Mani a souffert d’un conflit avec son équipe et d’une préparation tronquée mais elle était tout de même la vice-championne du monde en titre. Donc Venturini est celui qui s’est finalement montré le moins à son avantage sauf quand le parcours s’apparentait à une course en peloton ce qui était loin d’être le cas à Bieles. On peut rajouter que Benoist a terminé deuxième au classement général de la coupe du monde en juniors et que Bonsergent était avec les Britanniques à Bieles avant qu’un problème mécanique ne vienne mettre fin à ses espoirs.
Tout ça pour dire que le cyclo-cross francais a déjà accompli de gros progrès et qu’un mondial raté où certains ont cumulé les problèmes ne doit pas éclipser l’éclosion de certains jeunes et les très bon résultats (contrairement à ce que vous avez l’air de penser) de certains d’entre eux.
Je pensais surtout à l’élite homme et femmes: sur les manches de coupe du monde cette année, combien de places dans les 10 premiers? Chez les hommes seul Venturini joue assez souvent dans la cour des grands. Mourey est dépassé. Chainel est valeureux, comme Boulo mais ils ne font pas partie du premier rang. Chez les féminines, Mani, pour diverses raisons, est passée complètement à côté. Les autres filles sont loin de jouer les premiers rôles. Espérons le retour de Ferrand Prevost…
Super documentaire sur la dernière saison de la Sven Nys. En flamand sous-titré en anglais.
SVEN – The Final Year
Précision : on y voit Nys échouer à contrer Van Aert.