La dure loi des pavés ne sacre jamais les mêmes hommes. L’an dernier, Van Avermaet et Gilbert avaient survolé les flandriennes, mais ils n’ont pas décroché un succès cette saison. Et pour le Flamand, pas invisible mais jamais vraiment au premier plan, c’est une campagne à oublier.

Aussi fort que l’an passé, vraiment ?

« Il me reste une chance, donc revoyons-nous la semaine prochaine », plaisantait-il après Paris-Roubaix avec un journaliste de Cyclingnews qui évoquait avec lui son bilan printanier assez médiocre. Greg Van Avermaet s’alignera en effet au départ de l’Amstel, ce dimanche, avec l’ambition de gagner. Cela sauverait son printemps, mais ne ferait pas oublier que sur les pavés, il n’est pas parvenu à répondre présent. On a pourtant cru, jusqu’au bout, qu’il pouvait relever la tête. Il faut dire qu’il a entretenu l’espoir dans ses déclarations. « J’ai les mêmes sensations que l’an dernier (lorsqu’il avait réalisé le triplé Gand-Wevelgem, GP E3 puis Paris-Roubaix, ndlr), peut-être même que je suis un petit peu mieux », lâchait-il à Cyclingnews, après une nouvelle performance en demi-teinte sur Gand-Wevelgem. Le décalage était réel avec l’image renvoyée par le Flamand en course. Et si un regain sur l’un des deux monuments pavés aurait pu tout venir balayer d’un revers de main, il n’est pas venu.

Van Avermaet n’est pas attentiste de nature, mais il a semblé forcé de l’être, souvent, subissant la course plus qu’il ne la menait. Et quand il a tenté de prendre les choses en main, rattrapé par la folie qui l’avait rendu intouchable il y a un an, il l’a fait à contretemps, soit trop tôt, soit trop tard. Symbole de son échec, sur Paris-Roubaix dimanche dernier, il a placé une attaque quelques secondes avant Peter Sagan, et s’est justement fait piéger sur le contre du Slovaque. « Vous pensez sans doute que je suis déçu de mon printemps, mais ce n’est pas le cas, assurait-il après l’Enfer du Nord, comme un nouveau contre-pied – ou bien un refus de livrer ses réels sentiments. J’ai été présent dans le final de chaque course. J’étais toujours dans le groupe des coureurs qui voulaient faire la course. Je savais que ce serait très difficile de répéter la série de victoires de l’an dernier, ou même de ne gagner qu’une seule classique. »

Le Ronde comme révélateur

Jamais, en réalité, il ne s’est montré déçu. Et rarement, aussi, il a concédé qu’il était moins fort que l’an passé. Comme un paradoxe. S’il était aussi fort, comment peut-il se satisfaire de sa campagne ? La réponse est peut-être à trouver dans sa réaction après le Ronde, la course qui comptait le plus pour lui, mais où il a terminé cinquième et n’a pas fait illusion dès lors que Terpstra s’est isolé à l’avant. « Il y a des années où j’étais très déçu parce que je sentais que je pouvais gagner, avouait-il à Cyclingnews après coup. L’an dernier par exemple, j’avais la sensation de pouvoir l’emporter. […] Cette fois, je pouvais peut-être terminer deuxième ou troisième, mais pas gagner. » Presque sans le vouloir, Van Avermaet reconnaissait que son état de forme n’était pas aussi bon qu’il l’espérait. Sur l’ensemble de la campagne flamande, il n’a décroché qu’un podium, sur le GP E3. Son rêve de Tour des Flandres attendra.

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